Dimanche, les candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour ont tous deux tenu leur premier meeting à quelques heures d’intervalle. Le premier a une nouvelle fois formulé des propositions en faveur de la protection de l’environnement. Le second n’a pas pris la peine d’évoquer le sujet.
Les premiers grands meetings ont sonné le début de la campagne présidentielle. Hier, les deux candidats, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, avaient donné rendez-vous à leurs sympathisants. Le candidat de la France Insoumise avait déjà fait plusieurs meetings en ligne, mais il s’agissait du premier rassemblement physique pour cette famille politique. Quelques heures plus tard, c’était au tour d’Éric Zemmour de tenir son premier rassemblement. En une même journée, deux visions de la France se sont opposées. Notamment sur les questions de lutte pour la protection de l’environnement.
Un Parlement de l’Union Populaire teinté de vert
Pour démarrer son meeting, Jean-Luc Mélenchon a laissé la parole aux députés La France Insoumise Éric Coquerel et Manon Aubry. L’occasion pour eux de présenter un nouveau projet baptisé le Parlement de l’Union Populaire. « Ce que propose la France Insoumise, et Jean-Luc Mélenchon avec le Parlement de l’Union Populaire, c’est de faire le lien avec toutes celles et ceux qui mènent des batailles, qui mènent des combats dans les territoires, qui fait le lien entre le tissu syndical associatif et les organisations politiques », a expliqué Thomas Portes, qui a décidé de rejoindre la campagne de Jean-Luc Mélenchon alors qu’il était porte-parole de Sandrine Rousseau durant la primaire Europe Écologie – Les Verts (EELV). L’ancien porte-parole ne soutiendra donc pas la candidature de Yannick Jadot, pourtant candidat EELV. Il lui préfère les idées de la France Insoumise.
Ce Parlement a déjà une présidente : Aurélie Trouvé. Ce choix a toute son importance dans le ton donné à cette structure puisqu’elle était ancienne présidente et porte-parole d’Attac. Cette association milite pour la justice fiscale, sociale et écologique. Parmi ses dernières actions en date, l’organisation s’est notamment positionnée contre le Black Friday. Elle s’est également mobilisée à Glasgow lors de la Cop26 à l’occasion de la journée mondiale d’action pour la justice climatique, et a mené des actions pour dénoncer les « investissements climaticides » de la BNP. « Face à l’explosion des inégalités, face au péril climatique et écologique, les bouleversements politiques à provoquer sont radicaux. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a rien d’insurmontable. De mon point de vue, le programme de la France Insoumise en montre les voies et les moyens », a scandé sur scène Aurélie Trouvé.
La place de l’écologie dans les discours
Dans cette nouvelle campagne, Jean-Luc Mélenchon défend l’idée d’une planification écologique. Il avait entre autres développée cette notion à l’occasion d’une émission de plus de 2h30. Mais pour ce meeting, ses premiers mots n’ont pas été pour l’environnement. Le candidat de la France Insoumise a choisi de démarrer son discours par sa vision des valeurs de la France. Il en a dressé le portrait en opposition à ses adversaires, avant de définir son mouvement comme « les partisans du grand changement à cause du grand épuisement des êtres humains et de la nature, sous la pression du capitalisme financier qui est en train de détruire l’humanité, la biodiversité et la planète ». Le candidat rappelle donc une nouvelle fois sa position selon laquelle le capitalisme est incompatible avec l’écologie.
Cette idée revient à plusieurs reprises au fil du meeting. A l’exemple du message qu’il adresse à Valérie Pécresse, candidate Les Républicains (LR). « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors Madame Pécresse, on saura que l’argent ne se mange pas ». À aucun moment dans le discours, il n’évoque pour autant la notion de décroissance. Pour sa part, Éric Zemmour souhaite que « la France redevienne une grande puissance industrielle mondiale ». Pour autant, il ne précise pas les contours de cette ambition sous le prisme du dérèglement climatique.
Jean-Luc Mélenchon à également déclaré que « la Cop26 est une catastrophe, des paroles, des paroles et encore des paroles ». Ce qui n’est pas sans rappeler le désormais célèbre « bla-bla-bla » de Greta Thunberg. Le candidat LFI en a également profité pour souligner sans action radicale, le dérèglement climatique allait se poursuivre. Une montée des eaux serait alors à prévoir, accompagnée d’un déplacement de populations. Des risques seraient également à prédire pour toutes les infrastructures alentour. De son côté, Éric Zemmour n’a pas eu un mot sur la Cop26 ou le réchauffement climatique.
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Une sortie du nucléaire d’ici 2045
À l’occasion de ce meeting, Jean-Luc Mélenchon a souligné le danger d’une possible montée des eaux sur les centrales nucléaires. À plusieurs reprise, il a rappelé sa position en défaveur de ces installations. Notamment en interpellant Emmanuel Macron et Valérie Pécresse. « Elle propose six EPR, comme Monsieur Macron. Naturellement l’un et l’autre savent comment les faire marcher. Car le seul qu’on a déjà commencé à construire a dix ans de retard, et personne ne sait le faire marcher. Mais eux si! D’ailleurs ils en veulent six autres », raconte le candidat de la France Insoumise à propos de l‘EPR de Flamanville. Les travaux de ce dernier devaient effectivement être terminés en 2012.
Par cette remarque, Jean-Luc Mélenchon a réaffirmé sa position en défaveur du nucléaire. Son programme prévoit d’ailleurs une sortie du nucléaire d’ici 2045. Durant son meeting, Éric Zemmour n’a fait aucun commentaire sur la place du nucléaire en France. Pour autant, le polémiste désormais candidat avait déjà affiché son positionnement en faveur de cette énergie.
Un modèle agricole remis en question par la France Insoumise
Le candidat LFI a également évoqué le thème de la malnutrition. Selon lui, il est reliée à notre modèle agricole actuel.« Il s’agit de passer d’un monde, où au sommet de la hiérarchie des normes. Il y a aujourd’hui la concurrence libre et non faussée. C’est-à-dire le saccage autorisé et encouragé de la nature, l’épuisement des être humains, leur anéantissement progressif dans des maladies sur lesquelles on ferme les yeux comme le diabète, comme l’obésité, comme les maladies cardiovasculaires, qui toutes résultent de la malbouffe. Elle-même est le produit d’une agriculture sauvage », affirme-t-il. À l’occasion de ce meeting, Jean-Luc Mélenchon a réaffirmé sa volonté d’instaurer le bio dans toutes les cantines de France. Il a ajouté que, pour lui, la politique agricole commune, qui vient d’être votée, « est une calamité pour le modèle agricole que nous voulons ». Éric Zemmour, de son côté, n’a formulé aucune proposition sur l’agriculture.
Au sujet de notre modèle agricole, Jean-Luc Mélenchon a également critiqué les élevages de masse. « S’il y a un virus, c’est parce qu’il est venu des animaux sauvages, et qu’il est passé aux animaux domestiques ultra-concentrés dans des élevages de masse. Pas un n’a été supprimé dans le monde. Ce qui veut dire qu’après cette pandémie, vous en aurez d’autres derrière », reproche-t-il. Il a donc rappelé qu’il souhaitait faire fermer ces élevages tout de suite, aussi bien pour les risques de maladies qu’ils représentent, que pour des questions de bien-être animal. Pour Jean-Luc Mélenchon, « la cause des animaux, ne peut se distinguer du bien-être humain ». Rien à ce sujet du côté d’Éric Zemmour.
Ouns Hamdi