Valérie Pécresse, qui se qualifie de « barycentre de la droite », est officiellement la candidate Les Républicains à l’élection présidentielle 2022. Retour sur les réactions politiques et sur le programme de la candidate en matière environnementale.
Le scrutin du Congrès s’est achevé samedi. Avec 60,95% des voix contre 39,05% pour Éric Ciotti, Valérie Pécresse devient la candidate Les Républicains à l’élection présidentielle 2022. Détaillant son programme sur tous les volets, y compris environnemental, Valérie Pécresse est armée pour faire campagne jusqu’en avril. Soutenue par Les Républicains, fustigée par d’autres partis, l’élection de la candidate LR a suscité de nombreuses réactions politiques.
D’une courte tête, Éric Ciotti était gagnant du premier tour avec 25,5% des voix contre 25% pour Valérie Pécresse. Mais après l’annonce des résultats jeudi, les trois candidats perdants du premier tour (Michel Barnier, Xavier Bertrand et Philippe Juvin) ont apporté leur soutien à Valérie Pécresse. Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, a défendu une ligne droitière assumée sur la sécurité et l’immigration. Son adversaire Valérie Pécresse a préféré jouer la carte de la compétence et de l’ordre. La présidente de la région Île-de-France s’est même dit capable de “rassembler toutes les sensibilités de droite”.
Diplômée d’HEC et de l’ENA, Valérie Pécresse était notamment ministre de l’Enseignement supérieur, du Budget et porte-parole du gouvernement sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Présidente de l’Île-de-France depuis 2015, l’ancienne députée des Yvelines vise désormais l’Élysée. Qualifiant son projet de “franche rupture”, elle ambitionne de “redresser les finances de la France”. Un projet qui permettrait selon elle d’économiser 76 milliards d’euros par an à l’horizon 2027. En annonçant son fil rouge “autorité, liberté, dignité”, la candidate LR affirme que la droite républicaine est de retour.
En matière environnementale, un programme déjà précis
Au programme environnemental de Valérie Pécresse : atteindre la neutralité carbone en France d’ici 2050. Pour cela, la candidate LR veut créer une taxe carbone aux frontières de l’UE. Mais Valérie Pécresse soutient surtout l’importance du nucléaire pour atteindre la neutralité carbone. “Nous n’arriverons pas à se passer du nucléaire pour atteindre cet objectif”, affirme-t-elle. Cette dernière entend réinvestir dans le nucléaire en rénovant le parc nucléaire déjà existant.
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Fermer des réacteurs nucléaires “n’est pas responsable” selon Valérie Pécresse. Qui plus est, la candidate propose la construction de six EPR supplémentaires pour produire une électricité propre. Par ailleurs, Valérie Pécresse soutient le déploiement des éoliennes terrestres et marines “avec l’accord des populations, et uniquement avec cet accord”.
Face à l’augmentation du prix de l’énergie, Valérie Pécresse entend appliquer des réformes structurelles. D’abord, simplifier la taxation de l’électricité, “en supprimant l’absurdité de la TVA qui s’applique sur d’autres taxes sur l’électricité”, annonce-t-elle dans son programme. Mais aussi mettre sous contrôle RTE, le réseau de transport de l’électricité. Car ce dernier “n’est pas transparent sur ses coûts qui explosent, alors que RTE est une entreprise publique”, estime la candidate LR.
Soutien massif à une femme “moderne”
Éric Ciotti a tout de suite exprimé ses “félicitations les plus chaleureuses” à son adversaire. “Elle a désormais l’immense responsabilité d’amener notre famille politique vers la victoire”, a déclaré le perdant de la primaire. Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau a lui aussi exprimé son soutien à la candidate, qu’il a qualifiée de “femme moderne” et “d’atout” pour la présidentielle 2022. “Je connais bien Valérie Pécresse. Elle a l’énergie, le sérieux et la hauteur de vue nécessaires pour réformer la France et redonner, comme elle s’y est engagée, leur fierté aux Français”, a-t-il confié.
Toujours à droite, Valérie Pécresse peut également compter sur le soutien de Xavier Bertrand, Michel Barnier, Laurent Wauquiez, François Fillon, Rachida Dati ou encore Jean-François Copé. Face au soutien homogène de la droite, Ségolène Royal a même salué la reconnaissance des hommes LR accordée à Valérie Pécresse. Une reconnaissance que l’ancienne candidate du Parti Socialiste n’a “jamais eu. Les ténors socialistes à l’époque ont tous boudé, sauf quelques-uns”, a-t-elle déploré.
Valérie Pécresse face à ses détracteurs
Chez les verts, Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle, a qualifié Valérie Pécresse de “candidate homophobe et anti-immigrés”, notamment suite à son soutien au mouvement de La Manif pour tous.
Le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a quant à lui félicité celle qu’il surnomme Ma Dalton, mère des Dalton et vieille femme de caractère. Un surnom que Valérie Pécresse aurait voulu “plus flatteur”, comparant alors le candidat au général Alcazar, dictateur dans la BD Tintin.
Éric Zemmour a, de son côté, invité les électeurs d’Éric Ciotti à rejoindre ses troupes. “Nous sommes si proches et avons tant en commun. Soyez certains de mon désir de nous voir, prochainement, monter à l’assaut de la fatalité, et hisser de nouveau très haut le drapeau de notre patrie”, a-t-il déclaré. Même son de cloche pour Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, qui a appelé les électeurs LR “déçus” à la rejoindre. La candidate d’extrême droite a également reproché à Valérie Pécresse d’être “la plus macroniste”.
Ce lundi, Valérie Pécresse et Éric Ciotti étaient ensemble dans les Alpes-Maritimes, dans le village du député, à Saint-Martin-Vésubie. Consciente de devoir rassembler un parti hétéroclite, Valérie Pécresse a annoncé qu’Éric Ciotti “tiendra une place particulière” dans sa campagne. Mais pour l’heure, le parti LR n’est pas favori dans les sondages. Valérie Pécresse est créditée de 10 à 11%, derrière Emmanuel Macron et l’extrême droite.
Jeanne Guarato