La COP26 s’est achevée le 13 novembre. Elle devait être l’un des événements climatiques les plus importants depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015. A l’arrivée, retour à la case départ. La COP26 a accouché d’un accord en demi- teinte, voire dérisoire.
Le pacte adopté par les 195 États et l’Union européenne promet un réchauffement planétaire d’au moins 2,7°C à la fin du siècle. Une prévision tragique, éloignée, très éloignée de l’objectif de 1,5°C espéré en 2015 après l’Accord de Paris. Cette COP26, poussée au coup d’envoi par des discours inspirants sur la bataille climatique à mener, s’est dissoute dans un marasme accablant. L’erreur n’était-elle donc pas d’y croire ? Méthane, déforestation, charbon, après de nombreuses annonces et atermoiements, que retenir de cette COP26 que Natura Sciences a vécue de l’intérieur?
Un pacte décevant
Après la COP21, les pays s’étaient donnés jusqu’à la COP26, six ans plus tard, pour rehausser leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre. Il n’en est rien. Les pays se sont tout au plus mis d’accord pour réviser leurs contributions plus fréquemment que tous les cinq ans, comme ce qui avait été décidé à Paris en 2015. Une « avancée » poussive qui n’est pas à la hauteur du problème.
Pour la première fois dans l’histoire des COP, ce sommet a laissé envisager, toute la quinzaine, la fin du charbon. Sur ce sujet, dans les couloirs du Scottish Event Campus, boyaux de ce monstre qui a accouché d’une désillusion, nous avions bon espoir. A la dernière minute l’Inde et la Chine ont joué les fossoyeurs d’un accord ambitieux. Ces deux pays ont obtenu un affaiblissement notable du pacte. Au lieu d’une « disparition progressive » du charbon, il ne s’agit plus que d’ »intensifier les efforts vers sa diminution progressive« .
Les pays riches, émetteurs principaux de CO2, responsables du réchauffement climatique, devaient accorder des compensations aux pays du Sud. Une façon de réparer une injustice climatique. Sur les 100 milliards de dollars par an espérés, ils n’en percevront que 83 milliards. Pour ce qui est du méthane, 105 pays ont annoncé leur réduction d’émissions de 30 % d’ici à 2030 par rapport à 2020. Malheureusement plusieurs pays n’ont pas rallié cette coalition (comme le Canada, l’Argentine ou la Nouvelle Zélande). Autre point majeur de cette COP26, qui devrait cette fois tendre vers le mieux, plus de 100 dirigeants mondiaux ont promis de « stopper et inverser la déforestation » d’ici 2030. C’est-à-dire en moins de dix ans. Une nouvelle promesse.
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Des manifestations et avertissements incessants pendant toute la COP26
En parallèle du sommet, de nombreuses manifestations ont été organisées pendant deux semaines. A Glasgow, à Paris et dans le monde entier. Le samedi 6 novembre, on décomptait même plus de 200 événements militants en simultané selon les organisateurs. En marge de la COP26, ces manifestants ont réclamé la « justice climatique« . Ce slogan, hurlé à s’en abîmer les cordes vocales par les manifestants, a résonné quinze jours dans la ville écossaise aux briques rouges. La manifestation majeure pour le climat de ce mois de novembre à Glasgow a rassemblé plus de 100.000 personnes alors que la police n’en attendait pas plus de 50.000.
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A l’entrée de la COP26, tous les matins, qu’il pleuve ou qu’il vente, des militants affichaient des panneaux avertissant : « We are watching you« (Nous vous surveillons). Le soir, en quittant le site du sommet, il fallait éviter de glisser sur du faux sang répandu pour protester contre la crise climatique et contre ce « massacre à grande échelle« .
A l’intérieur, dans les couloirs, des ONG protestaient également presque tous les jours, mégaphone à la main, pour rappeler aux négociateurs les engagements de l’Accord de Paris. Contre le greenwashing et pour la justice climatique, pendant deux semaines les militants n’ont cessé de partager leur défiance et leur colère.
Un sommet noyé dans les larmes de son président
La COP26 s’achève dans les larmes. Le 13 novembre, avant de clôturer la conférence, Alok Sharma, président britannique du sommet, n’a pas cherché à faire semblant. Ému aux larmes, il a avoué être « profondément désolé« .
« Permettez-moi de dire à tous les délégués que je m’excuse pour la façon dont ce processus s’est déroulé et que je suis profondément désolé. Je comprends également la profonde déception mais je pense, comme vous l’avez noté, qu’il est vital que nous protégions cet accord« , a-t-il déclaré.
Du discours poignant de David Attenborough, écrivain et rédacteur scientifique britannique, (voir vidéo) à la déception d’Alok Sharma, cette COP26 s’est achevée avec autant d’inquiétudes que lorsqu’elle a débuté dans le froid écossais.
Léo Sanmarty