Six jeunes militants pour le climat ont déposé une plainte devant un tribunal de l’État de São Paulo contre le gouvernement brésilien. Le motif invoqué ? Le Brésil est le seul pays au monde à avoir présenté un nouvel engagement moins ambitieux dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat.
Après le club des 7 de la loi Climat, voici que 6 jeunes attaquent l’État brésilien en justice. Ils souhaitent faire annuler le nouvel engagement mis à jour du Brésil au titre de l’Accord de Paris. Selon eux, le document émis par le gouvernement viole le traité climatique. L’initiative de ces jeunes Brésiliens s’inspire fortement d’autres actions en justice récentes liées au climat. Citons par exemple l’Affaire du Siècle en France et de l’Affaire Climat en Belgique.
Les jeunes sont membres d’Engajamundo et de Fridays For Future Brasil, la version brésilienne du mouvement lancé par Greta Thunberg. L’action en justice est soutenue par huit anciens ministres de l’environnement. Ils veulent que le ministre de l’environnement, Ricardo Salles, et le gouvernement Bolsonaro soient tenus responsables de ce qu’ils qualifient d’« embrouille au carbone ».
Un nouvel engagement moins ambitieux que le premier
L’engagement brésilien de 2015 visait à réduire ses émissions de 37% en 2025 par rapport aux niveaux de 2005. Pour 2030, le Brésil a proposé un objectif indicatif de réduction de 43%. Selon le document, ces niveaux de réduction étaient « cohérents » avec des émissions nettes de 1,3 milliard de tonnes équivalent dioxyde de carbone (CO2 e) en 2025 et 1,2 milliard de tonnes en 2030.
Le 9 décembre 2020, le gouvernement brésilien a mis à jour et remplacé le NDC. Le nouvel engagement confirme l’objectif indicatif pour 2030. Cependant, il présente un nouveau calcul des émissions pour l’année de référence. Désormais, il porte les émissions nettes à 1,76 milliard de tonnes en 2025 et 1,6 milliard en 2030. Avec ce nouvel engagement, le pays pourra donc émettre 400 millions de tonnes de CO2 en 2030, par rapport aux estimations précédentes.
Une nouvelle action pour la justice climatique
« Le Brésil a réussi l’exploit d’avoir un objectif moins ambitieux que le précédent. Il s’agit d’une violation flagrante de l’Accord de Paris, qui n’admet qu’une augmentation du niveau d’ambition des CDN et jamais une réduction », estime Txai Bandeira Suruí, représentant d’Engajamundo.
« Aller en justice est le seul moyen de contrer des politiques publiques comme celle-ci, qui mettent en péril notre avenir et nous éloignent de plus en plus des objectifs de l’Accord de Paris, qui sont déjà insuffisants, ajoute Marcelo Rocha, de Fridays for Future Brasil. Le tour de passe-passe de la comptabilité carbone réalisé par ce gouvernement est une menace non seulement pour la jeunesse brésilienne, mais aussi pour la planète entière. »
Matthieu Combe