Maud Caillaux, 27 ans, cofondatrice de la banque « Green-Got », spécialisée dans le financement de la transition écologique, entend transformer le secteur. Avec cette banque nouvelle génération, lancée ce mercredi après une phase de tests, il n’y a pas que les billets qui sont verts.

En 2020, Maud Caillaux, alors qu’elle étudie à Grenoble, décide de lancer le projet Green-Got. Avec Andréa Ganovelli, Vincent Evesque et puis Fabien Huet, la fine équipe s’attaque alors au secteur de la banque. Maud Caillaux compte parmi le prestigieux classement des « 30 under 30 » du magazine Forbes en 2021. Une première pour une femme dans le milieu de la banque. Après une longue phase de tests, la banque Green-Got ouvre enfin ce mercredi.
Être acteur de la transition écologique
« J’ai eu un déclic. Je pense être de cette génération qui a conscience du fait que nous sommes les derniers à pouvoir faire quelque chose pour l’environnement », explique-t-elle. Aujourd’hui Green-Got compte près de 26.000 pré-inscrits. « Green-Got est un compte de paiement et un compte épargne en ligne. Pour payer partout dans le monde avec une carte faite en plastique recyclé ou en bois« , explique Maud Caillaux. Selon elle, si toutes les cartes bancaires françaises étaient en bois, cela entraînerait une réduction de 291 tonnes de plastiques.
Green-Got entend donner la possibilité à ses clients de calculer l’impact de leur consommation et de contribuer directement au financement d’énergies renouvelables. La banque propose ainsi un compte épargne pour placer de l’argent à plus long terme.
Un compte courant pour payer et être payé avec une empreinte écologique réduite, et un compte épargne pour financer la transition écologique, voici ce que propose la formule Green-Got. « Lors d’un paiement, les commissions payés par les commerçants lors de la transaction, sont reversés à des ONG et à des projets verts. Nous voulons participer à l’objectif du maintient du réchauffement climatique de 1,5 °C . Avec ça nous sommes acteurs de la transition écologique« , s’enthousiasme-t-elle. Les parts des commissions reversées aux ONG et projets verts s’élèvent entre 0,2 et 0,5% des montants payés.
Des projets choisis par la communauté
L’idée c’est de « choisir vers quoi l’argent de ton compte courant va être dirigé », explique Maud Caillaux. Elle précise : « notre communauté choisit les projets verts et les ONG. Nous vérifions ensuite le sérieux de ces mêmes projets ».
« Ma réponse à des gens qui douteraient sur notre transparence et sur le greenwashing ? Allez sur le site internet, regardez l’impact des banques traditionnelles. Nous sommes transparents avec notre communauté. Nous excluons tous projets qui financent les fossiles », assure-t-elle. « Depuis le lancement du projet nous avons refusé l’aide des grosses banques ou des fonds, assurant ainsi notre indépendance », dit-elle.
« Notre équipe travaille avec Wing of the Ocean qui veut nettoyer les océans et réduire les tonnes de plastique qui y sont rejetés. Green-Got veut financer des fonds, des projets et des entreprises qui ont un impact positif sur l’environnement » , explique Maud Caillaux. « Green-Got collabore également avec ClimatePartner qui aide les entreprises à développer des stratégies de protection du climat », ajoute-t-elle. Dans les prochains mois, la banque espère travailler avec des organismes sociaux, pour les enfants.
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Verdir le monde de la finance
L’écologie est plus que jamais au centre des préoccupations des Français et Françaises et, pourtant, le secteur de la banque reste à la traîne dans la vague verte. « Nous partons d’un constat simple. Celui que nos banques traditionnelles financent encore trop les énergies fossiles », regrette la cofondatrice. « Les 60 plus grandes banques mondiales ont accordé 3.393 milliards d’euros de financement aux entreprises du secteur des énergies fossiles entre 2016 et 2020 », alarme-t-elle.
« On ne peut pas faire tous ces gestes au quotidien pour protéger la planète et laisser en même temps son argent financer des industries qui la détruisent et annulent tous nos efforts« , insiste Maud Caillaux. Le monde de la finance, « très régulé et pénible » doit revoir son impact, estime-t-elle.
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Une communication rodée pour plus de légèreté
L’objectif de Green-Got et de cette équipe grenobloise est aussi de changer la façon dont les Français perçoivent l’argent et la crise climatique. Il est possible de gérer sa finance et de participer au développement d’un monde vert. L’idée: humaniser la banque.
We are so excited! What an amazing news, thank you @elonmusk ! We are honored. We know that to tackle #climatechange you are ready to flight 🚀 but also to #fight with us ! Frenchies thank you 🇫🇷https://t.co/DCN0NEGotO
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Maud Caillaux et son équipe entendent parler à leur communauté de façon différente, avec plus de proximité et de légèreté. Sur Instagram et sur Twitter, l’idée est de mieux communiquer sur ces sujets lourds que sont le monde de la finance et le dérèglement climatique.