Les treize candidats EELV aux élections régionales se sont donnés rendez-vous à Paris pour présenter leur programme. En plus des sujets classiques du parti écologiste, les candidats ont fait part de leurs idées destinées au maintien et à la redynamisation de l’emploi. En ligne de mire, les plus grands bassins d’emplois des régions françaises.
Dans le camp d’Europe écologie les verts (EELV), l’heure est à l’espoir. EELV, qui à deux exceptions près n’a pas conclu d’alliance avec le Parti socialiste (PS), espère pouvoir tenir la dragée haute à ses adversaires, pourtant donnés favoris. En effet, selon un sondage Opinonway en date du 28 mai 2021, les listes Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR) obtiennent chacune 26% des intentions de vote au premier tour. Dans le même temps, EELV n’en aurait que 12%. La République en marche (LREM) et le PS attireraient respectivement 13% et 11% des suffrages.
À moins de deux semaines du premier tour des élections régionales, les candidats écologistes se mettent en ordre de marche pour la dernière ligne droite de leur campagne. Ce mardi 8 juin, lors d’une conférence de presse organisée dans le 19ème arrondissement de Paris, les treize candidats écologistes ont présenté leurs ambitions pour les régions qu’ils briguent. Près d’un an et demi après le début de la crise sanitaire, les candidats écologistes mettent l’emploi au cœur de leur projet. « Il y a urgence, c’est la décennie critique », alerte Julien Bayou, secrétaire national d’EELV et candidat en Île-de-France.
Créer et sauvegarder l’emploi
Première mission : redonner de la vigueur à un marché de l’emploi en berne. Au cours des derniers mois, la crise sanitaire a engendré des fermetures de postes et des manques à gagner conséquents. « En Auvergne-Rhône-Alpes, il y a un réel enjeu de maintien des emplois, notamment dans le secteur touristique, alerte Fabienne Grebert, conseillère régionale et candidate dans la région. En Haute-Savoie par exemple, le chômage s’élève à 24% depuis la crise ». L’élue à la ville d’Annecy évoque également le sort des employés de FerroPem, entreprise spécialisée dans la fabrication de silicium, menacée par 350 suppressions de postes. « L’écologie crée des emplois, il faut juste accepter que ce ne sont pas forcément les mêmes », juge Fabienne Grebert. La conseillère régionale déclare qu’il reviendra aux élus d’accompagner les différents secteurs d’activité dans leur transition écologique.
Lire aussi : Loi climat : “On a 115 mois pour réduire de 55% les émissions de CO2”, prévient le sénateur Gontard
De son côté, Antoine Maurice, candidat EELV en Occitanie, évoque le secteur de l’aéronautique, fragilisé ces derniers mois. Selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), la filière a perdu entre 6.000 et 8.000 emplois directs. « La liste écologiste est celle qui défend le plus l’aéronautique et ses salariés », promet-il. Afin de renforcer la filière et la préparer à la transition écologique, le candidat propose que les entreprises occitanes se spécialisent dans le recyclage d’avions. « Cela permettrait de créer des milliers d’emplois. » Stéphanie Modde, candidate EELV en Bourgogne-Franche-Comté porte la même envie de réinventer le secteur automobile. Pour cela, elle propose de dynamiser la conversion des véhicules thermiques. « Grâce au rétrofit, nous pourrions créer 45.000 emplois. Nous sommes dans une logique de moins de profits et plus d’emplois », assure-t-elle.
Faire autrement à la façon des écolos
Plusieurs candidats ont fait part de la nécessité d’adapter les pratiques touristiques aux impératifs liés à la transition écologique. Dans les Alpes, le réchauffement climatique menace les stations d’une pénurie de neige. « Bientôt, les forfaits de ski seront inaccessibles. Les familles n’auront plus les moyens de s’offrir des vacances à la montagne », déplore Fabienne Grebert. Dans le même temps, l’élue rapporte que les stations de moyenne montagne, voyant leur enneigement diminuer, s’inquiètent pour leur avenir. Contre ce phénomène, Fabienne Grebert propose de les accompagner dans la création d’une nouvelle offre touristique estivale. « Il faut occuper les lits froids et créer des emplois toute l’année », explique la candidate. En Occitanie, Antoine Maurice veut voir l’émergence d’un tourisme relocalisé. « Nous voulons faire le pari d’un nouveau tourisme local. Notamment grâce au vélo », déclare-t-il.
Dans la région PACA, le candidat écologiste Jean-Laurent Félizia veut utiliser le fort ensoleillement méditerranéen pour favoriser le développement du photovoltaïque. « Nous avons 2.700 heures de soleil par an. Pourtant, nous sommes à la traîne sur l’énergie solaire« , constate-t-il. Et au-delà des motivations énergétiques, le conseiller municipal du Lavandou estime que cette transition serait créatrice d’emplois. « Nous voulons créer au travers des filières de formation près de 100.000 postes. » Une prévision qui ne surprend pas Julien Bayou qui affirme que « les activités les plus favorables au climat sont celles qui sont les plus créatrices d’emplois ». L’exemple de plusieurs PME bretonnes permet à Claire Desmares-Poirrier de partager ce constat. « Nous avons beaucoup de jeunes entreprises de la transition qui se créent sur notre territoire », rapporte non sans optimisme la candidate et entrepreneuse de 37 ans.
Chaymaa Deb