La Marche d’Après, c’était ce dimanche 9 mai. Plus de 115 000 personnes ont manifesté en France selon les organisateurs, dont 45 000 à Paris. Dans 163 villes, les citoyens ont dénoncé « le manque d’ambition du gouvernement » face à l’urgence écologique.
Le 28 mars, près de 110.000 personnes marchaient en France pour réclamer une Vraie Loi Climat. Ce 9 mai, selon les organisateurs 115.000 personnes marchaient pour « La Marche d’Après », dont 56.000 à Paris, à l’initiative du collectif « plus jamais ça ». Selon la police, ils étaient plus de 45.000 en France, 8.500 à Paris. 730 organisations s’alliaient à ce collectif pour dénoncer le manque d’ambition du projet de loi Climat et Résilience censé reprendre les 149 propositions de la Convention citoyenne. En plus, les partis de gauche de LFI au PS en passant par EELV signaient ensemble une tribune dans Libération vendredi dernier pour appeler à participer à cette marche climat.
La loi Climat, l’échec du quinquennat
« Il s’agit de continuer à dénoncer le manque d’ambition de la loi climat et, depuis ce matin, l’abandon quasi certain du référendum qui constitue une reculade de plus« , a résumé le réalisateur et militant Cyril Dion, présent dans le cortège parisien derrière une banderole « Loi climat = échec du quinquennat« . « Je ne suis pas là pour sauver la planète et trois tortues, je suis là pour sauver l’humain. Le gouvernement doit avoir le courage d’imposer la transition écologique« , a lancé à Bordeaux Vanessa, artiste plasticienne et membre de l’ONG de protection océanique Surfrider. Elle est venue défiler vêtue d’une robe faite de filets de pêche échoués sur le littoral aquitain.
Le vote en première lecture du projet de loi Climat et Résilience a eu lieu le 4 mai au Parlement. L’examen aura lieu au Sénat à partir de ce lundi. Après l’examen à l’Assemblée nationale, « le texte […] a encore été raboté par les députés », estiment les organisations signataires de l’appel à manifester. « Nous exigeons, dès maintenant, la reconversion des emplois dans tous les secteurs polluants, l’accès aux soins, à un logement décent, à de la nourriture saine, de l’eau potable et de l’air pur pour toutes et tous, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles. Des mesures pour modifier nos moyens de production et de consommation doivent être prises en tenant compte que ce n’est possible qu’en réduisant les inégalités pour construire une société plus juste. Nous sommes profondément convaincus que la justice climatique va de pair avec la justice sociale. »
La Marche d’après pour faire réellement face à l’urgence écologique
Seul le gouvernement voit dans ce texte une avancée suffisante. Toutes les instances et observateurs qui se penchent sur le projet de loi Climat l’affirment : le texte manque d’ambition. Emmanuel Macron avait défini un périmètre ambitieux. L’application des propositions de la Convention citoyenne devait permettre de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 « dans un esprit de justice sociale ». Depuis, l’objectif européen a été renforcé et retient une baisse des émissions de -55% à cet horizon. Un objectif hors d’atteinte avec ce texte en l’état, estiment les ONG. Le tribunal administratif de Paris leur a d’ailleurs donné du grain à moudre. Récemment, il a reconnu l’inaction climatique de l’État français dans le cadre de l’Affaire du Siècle.
Les 150 membres de la Convention citoyenne pour le Climat ont noté la reprise de leurs propositions par le gouvernement. Le Verdict? La copie bénéficie d’une note moyenne de 3,3 sur 10. Après l’examen à l’Assemblée nationale, les ONG du Réseau Action Climat dénoncent un “double échec écologique et démocratique” et un “rendez-vous manqué pour le climat et la justice sociale”. Pour la Fondation Nicolas Hulot, la loi Climat et Résilience, c’est « 4 ans de perdus pour l’écologie ».
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Matthieu Combe