La déforestation et les coupes illégales font rage. Pour garantir une gestion durable des forêts et lutter contre la déforestation, lumière sur les labels FSC et PEFC. Quelles sont leurs garanties et en quoi diffèrent-ils ?
Début 2014, près de 253 millions d’hectares étaient certifiés PEFC dans le monde. Cela en fait la certification leader en termes de surfaces certifiées. En février 2014, près de 181,2 millions d’hectares étaient certifiés FSC à travers le monde.
FSC et PEFC : pourquoi ont-ils été créés ?
Le FSC, Forest Stewardship Council, est le « Conseil de Soutien de la Forêt. Il s’agit d’une ONG internationale à but non lucratif créée en 1993, à la suite du Sommet de la Terre de Rio par le WWF. Son rôle est d’apposer l’écolabel FSC. Celui-ci garantit que le bois utilisé pour la production d’un produit à base de bois respecte la gestion durable des forêts.
La certification PEFC, Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes, est le Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières. Il s’agit également d’une ONG à but non lucratif fournissant un écolabel. Le PEFC a été créé par des propriétaires forestiers européens en 1999. Il répondait alors à la volonté de certifier les forêts européennes. Le FSC était jugé inadéquat par les professionnels du métier car inapproprié au morcellement et à la petite taille de la forêt européenne. Dans les années 2000, PEFC a ouvert son système de certification hors de la zone européenne, en l’adaptant aux spécificités des forêts des zones nouvellement couvertes.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
Ces certifications garantissent une gestion durable des forêts : respectueuse de l’environnement, socialement bénéfique et économiquement viable. L’intégralité de la chaîne d’approvisionnement et de distribution doit détenir la certification pour garantir un produit certifié au consommateur final. La certification ne se limite pas à la simple gestion forestière. Elle permet aussi de différencier les produits à base de bois issus de ces mêmes forêts par l’apposition d’un logo. Les deux systèmes sont contrôlés par un organisme indépendant.
Quelle sont les principales différences entre les deux certifications ?
La certification FSC se base sur un engagement et une pratique déjà concrétisés par un plan de gestion forestière. La certification PEFC, quant à elle, est accordée sur la base d’un engagement d’amélioration continue de gestion forestière. Cela signifie que la certification FSC impose un niveau de qualité initial à la forêt. La certification PEFC demande plutôt un engagement d’amélioration continue de la part des exploitants forestiers. Ainsi, le système FSC permet d’arriver à un degré plus important de certitude de qualité.
Dans le cadre de la certification FSC, il existe un standard générique international que chaque pays doit adapter à son cadre national. Dans le système PEFC, c’est le contraire. Chaque pays, ou chaque région d’importance, développe indépendamment son propre système local. Il revient au PEFC international de reconnaître ces systèmes propres. Ainsi, les différents standards FSC apparaissent plus cohérents entre eux et l’équivalence se fait plus simplement qu’entre différents standards PEFC.
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FSC et PEFC : un choix à privilégier
« La meilleure façon de ne pas protéger les forêts est de ne pas leur donner de valeur économique », affirme Jean Bakouma, Directeur du pôle forêt WWF et Président du FSC France. « Plutôt que de mettre des forêts sous cloche, il faut favoriser l’exploitation de la forêt avec un cahier des charges qui permet à la forêt de se régénérer elle-même », précise-t-il.
« Ces chiffres n’auraient pas d’importance si nous ne pouvions pas dire aussi que nous avons un impact positif sur le terrain. Nous avons la chance d’avoir un certain nombre de très bons exemples d’impacts extrêmement positifs » défend Kim Carstensen, directeur général du FSC. Ainsi, « FSC permet de favoriser la protection et la sécurité et la création d’emplois dans les forêts certifiées. Nous créons des meilleures conditions de travail pour les peuples indigènes et nous favorisons le développement de biodiversité et la protection d’habitats extrêmement importants dans le milieu forestier », soutient-il.
Plus propices à l’absorption de CO2, les forêts bien gérées en captent d’importantes quantités. Le carbone est ensuite stocké pendant plusieurs années, dans les produits de l’exploitation et de l’industrie du bois. En achetant des produits portant le label PEFC ou FSC, le consommateur peut donc agir efficacement à la préservation des forêts et à un stockage durable du carbone.
Fin février 2014, 44,1 % des forêts certifiées FSC étaient situées en Europe, 38,1% en Amérique du Nord, 7,8 % en Amérique du Sud, 4,9 % en Asie, 3,7 % en Afrique et 1,4 % en Océanie. En France, seulement 20 000 hectares de forêt environ sont certifiés FSC sur les 15 millions d’hectares de forêt. Fin décembre 2013, 31 % des forêts certifiées PEFC étaient situées en Europe, 61 % en Amérique du Nord, 2 % en Amérique du Sud, 2 % en Asie et 4 % en Océanie.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Oui, très bien, mais il faut bien dire que le label PEFC n’est qu’une déclaration d’intentions. De plus, peut-on réellement faire confiance à un label dont les 2/3 des représentants sont des professionnels ? Quand on sait que les « pros » sont capables de vendre du cheval pour du boeuf pour lequel il existe normalement une vraie traçabilité, que penser de la qualité du label PEFC… qui a le mérite d’exister, il est vrai. SFC est bien plus contraignant pour les professionnels, et c’est bien pour ça qu’il est le seul label valable, et c’est bien pour cette raison qu’on ne trouve plus en grande distribution…
Cher Jeff, vos positions sont très tranchées et semble-t-il cèdent à une certaine facilité. Selon vous, PEFC ne serait pas crédible car dans sa gouvernance les professionnels y auraient une place prépondérante. Et parce que dans la viande de boeuf on a mis du cheval on ne peut pas faire confiance à cette certification forestière.
La réalité est un peu plus nuancée : les parties intéressées (usagers, environnementalistes, collectivités, …) ont toute leur place au sein de la certification PEFC et peuvent y faire entendre leur voix sans censure. Elles y sont pourtant peu présentes ce qui pourrait laisser à penser qu’elles trouvent plus pratique d’émettre des critiques sans les fonder, de l’extérieur, plutôt que de débattre et apporter des arguments au sein de ces instances parfaitement ouvertes. Dire que PEFC est une déclaration d’intention n’est pas fondé. Je vous invite à consulter le schéma français de la certification PEFC : http://www.pefc-france.org/infos-pratiques. Vous y trouverez tous les engagements formels pris par les propriétaires forestiers et les autres professionnels, les modalités des contrôles et le traitement des non conformités. Je vous rappelle par ailleurs que les organismes indépendants qui contrôlent ce label sont les mêmes qui contrôlent FSC.
FSC qui, il faut le reconnaître, est plus contraignant à la base a aussi un défaut dont personne ne parle. L’essentiel des produits vendus sous son label ne comporte qu’une part de matière ligneuse issue de forêts gérées selon ses règles. De petites mentions « FSC mixte » ou FSC « Controlled wood » indiquent que les produits concernés ne contiennent qu’une proportion de bois FSC. Pour apposer la marque, un industriel n’est en effet pas tenu d’intégrer 100% de bois issu de cette certification. Parfois la proportion est minoritaire. Dans le meilleur des cas (hormis pour le label FSC 100%) il n’en comporte que 70%. FSC indique en revanche que le bois non certifié selon ses règles mais vendu sous sa marque provient de sources contrôlées…dans les fait il s’agit fréquemment de bois certifié…PEFC.
Tout cela démontre que cette guéguerre n’a pas de sens, si ce n’est servir des lobbies qui ont tendance à user de la gestion durable des forêts comme d’un prétexte à leurs ambitions politiques.
Pour les professionnels, comme pour les consommateurs, les citoyens et la planète, il y aurait beaucoup à gagner à ce que PEFC et FSC travaillent de concert, à travers une reconnaissance mutuelle. On céderait moins à la politique ou à des positions dogmatiques et on agirait de manière plus concrète et utile.