Le Forest Stewarship Council (FSC) est considéré comme le système de certification de gestion forestière le plus crédible par les grandes ONG environnementales. En septembre 2013, 19 460 hectares de forêts étaient certifiés en France et 182,8 millions d’hectares au mondial. La certification FSC valorise la multifonctionnalité sociale, économique et environnementale de la forêt. Mais au final, quelle est la différence avec une autre forêt ?
Dans une forêt FSC, le gestionnaire et le propriétaire doivent accepter le dialogue avec les autres parties prenantes de la société pour qui la forêt est importante. Que cela soit d’un point de vue environnemental, récréatif, culturel, paysager ou économique, les intérêts des associations, promeneurs, chasseurs, naturalistes, collectivités, professionnels en tous genres, etc. doivent être pris en compte. « L’expérience de certification FSC en France a démontré l’importance de cette démarche et les bénéfices qu’en retirent toutes les parties. » affirme Guillaume Dahringer, Responsable Forêt de FSC France.
La biodiversité est à l’honneur dans une forêt certifiée FSC
Dans les forêts FSC, une attention particulière est accordée à l’impact de la gestion forestière sur la biodiversité, les sols, l’eau, les paysages et les activités humaines. La démarche FSC oblige les propriétaires et gestionnaires à évaluer la biodiversité de leur forêt. « Cela conduit à la conservation ou restauration d’éléments de naturalité, comme par exemple des arbres morts, des arbres « bio » (porteurs de micro-habitats), d’une diversité d’essences, de la végétation naturelle près des cours d’eau mais aussi par exemple la création d’îlots de vieillissement ou de sénescence, ou bien la conservation des paysages pour le bien-être des usagers de la forêt et de ses riverains. » rappelle Guillaume Dahringer.
À l’échelle de la forêt, la gestion de la forêt selon les critères FSC permet d’aller plus loin que les cadres réglementaires existant en France. Ces critères imposent, par exemple, le maintien ou l’amélioration de la biodiversité des Forêts à Haute Valeur de Conservation, même si elles ne sont pas situées dans des zones Natura 2000. « FSC impose l’identification et la conservation à l’échelle de la forêt des zones considérées comme essentielles pour fournir différents services écosystémiques ou culturels : habitats d’espèces protégées, forêts anciennes, zones de protection contre les avalanches, zone de captage d’eau, zones récréatives, petit patrimoine bâtit, et). » précise l’expert forestier de FSC.
Le cahier des charges FSC impose également un document de gestion, quelle que soit la taille de la propriété, au-delà des exigences réglementaires françaises. Le suivi des coupes est obligatoire et permet de connaître les volumes réellement coupés. Les chiffres sont rendus publics pour plus de transparence. Il existe d’autres avantages concernant la sécurité des travailleurs, le suivi des accidents et l’impact de l’exploitation sur les sols et les cours d’eau.
Un gestionnaire de forêt certifiée FSC témoigne
Evrard de Turkheim est le gérant de la forêt de Métendal et le représentant du groupe Dambach de 12 forêts certifiées FSC s’étendant sur 11 000 hectares (ha) en Alsace. « Il n’y a pas une bonne économie, sans une bonne écologie », rappelle-t-il. Pour que la forêt puisse être protégée, il faut qu’elle soit rentable. Et elle sera d’autant plus rentable que son écologie est respectée, selon lui. Pour ce faire, « nous accompagnons la dynamique forestière pour qu’elle produise le plus possible de bois de la meilleur qualité », explique-t-il. Ainsi, la forêt se doit d’être hétérogène en essences, espèces et hauteurs ! Chênes, hêtres, sapins, frênes des Vosges… peuplent les forêts !
Le résultat est là : au niveau économique, la certification FSC est un avantage sur le marché du bois, puisqu’elle permet la commercialisation de produits à un meilleur prix sur certaines gammes. Ces plus-values rentabilisent le coût de la certification et permettent d’augmenter les gains des propriétaires engagés.
« Pour avoir du joli beau bois, il faut un joli gros arbre », s’amuse à dire Evrard de Turkheim. Pour cela, les 195 hectares de la forêt de Métendal sont délimités en plusieurs parcelles. Chaque parcelle est coupée tous les 7/8 ans, ce qui fait une surface annuelle de travail comprise entre 15 et 20 ha. « Nous avons coupé sur les 10 dernières années une moyenne de 640 m3/an, ce qui fait 3,3 m3/ha au niveau de la forêt, soit nettement moins de l’accroissement » affirme-t-il. Cette faible production est importante puisque cette forêt a été très touchée par la tempête Lothar de 1999 et est en pleine reconstitution.
Au niveau pratique, la certification FSC est obtenue après un audit initial qui montre que la forêt répond aux performances demandées. Ensuite, chaque année, un audit vérifie ces performances. Au final, la certification est renouvelée tous les cinq ans tant que les performances sont au rendez-vous. « C’est une formalisation officielle des démarches d’amélioration que l’on mène », se félicite Evrard de Turkheim.
Et ailleurs dans le monde ?
La certification impose de respecter les droits des populations vivant dans la forêt. Ainsi, en Suède, les intérêts du peuple Sami sont pris en compte. Ce peuple vit de l’élevage des rennes qui se nourrissent de lichens. L’accès à la forêt doit donc leur y être assuré. Au Népal, des revenus additionnels ont aussi été créés grâce à la récolte de produits non ligneux. La commercialisation d’huiles essentielles ou de papier fait main a permis de créer 4975 emplois dans les communautés reculées.
La sécurité accrue est également très importante. Au Guatemala, par exemple, depuis l’obtention de la certification FSC, le taux de feux dans les concessions FSC est passé de 6,5 % à 0,1 %.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com