L’industrie agroalimentaire a connu plusieurs crises qui ont marqué nos esprits : crise de la vache folle, l’affaire des poulets aux dioxines en Belgique, contamination de steaks hachés par la bactérie E. Coli, le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes de plusieurs marques… Outre ces scandales médiatisés, plusieurs interrogations demeurent… Et si nous passions aux circuits courts?
Lorsque nous achetons de la viande de volaille, il est peut-être indiqué «Nourri sans OGM». Mais pour les autres viandes, il n’est que trop rarement indiqué si l’alimentation exclut les OGM, notamment les tourteaux de soja OGM importés d’Amérique latine. Il n’est pas non plus indiqué le mode d’élevage, alors que de plus en plus de critiques se font entendre contre l’élevage industriel, notamment sur le manque de bien-être animal, les résidus d’antibiotiques dans la viande, les bactéries, etc.
Quid des pesticides et des procédés de transformation?
La question des pesticides fait souvent le titre des journaux. Y a-t-il trop de résidus de pesticides dans notre alimentation ? La course aux bas prix n’entraîne-t-elle pas une baisse de la qualité et une standardisation des produits? Les ONG fustigent, l’industrie agroalimentaire s’en défend.
L’industrie agroalimentaire n’ouvre que trop rarement ses portes et lorsqu’elle le fait, c’est généralement à son insu en caméra cachée. A moins que vous ne soyez abonné au magazine spécialisé de l’industrie agroalimentaire Agro Média, qui s’intéresse aux actualités des plus grosses entreprises de Food Processing. Mais là encore, les pratiques douteuses restent à l’écart.
Comment ont été produits mes aliments? Quelles ont été les pratiques agricoles? Quels ont été les process industriels? Ces interrogations restent souvent sans réponse. Au supermarché, nous pouvons connaître l’origine des fruits et légumes, mais il est très rare que l’origine des ingrédients des plats transformés ou des produits surgelés soit indiquée sur les emballages. Différentes mentions « cuisiné en france », « élaboré en France », « recette française » existent, mais elle n’indiquent pas l’origine des matières premières agricoles. De plus, n’y-a-til pas trop d’additifs et certains ne sont-ils pas néfastes ?
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L’industrie agroalimentaire transforme nos campagnes
Le développpement de l’industrie agroalimentaire s’est accompagné d’une transformation de notre modèle agricole. Depuis le début des années 1950, le nombre des exploitations agricoles a été divisé par cinq. Il restait encore plus de deux millions de fermes en 1955. En 2010, on ne comptait plus que 490 000 exploitations en France métropolitaine et 24 800 dans les départements d’outre-mer dont quelque 326 000 exploitations professionnelles occupant au moins l’équivalent d’une personne à trois quarts de temps. Cela ne représente plus qu’un million d’exploitants agricoles, alors qu’ils étaient 10 millions en 1945.
Les exploitations, moins nombreuses, s’agrandissent en reprenant les terres libérées par celles qui disparaissent. 60 % des exploitations françaises de moins de 20 hectares (ha) ont disparu entre 1967 et 1997, tandis que le nombre de celles de plus de 50 ha a quasiment doublé. Entre le recensement agricole de 2000 et 2010, la taille moyenne des exploitations est passée de 42 ha à 55 ha en moyenne. Une exploitation sur dix dépasse 143 hectares.
Les circuits courts pour contrer ces dérives
Pour contrer toutes les interrogations posées par les process de l’industrie agroallimentaire et pour garder des fermes de petite et moyenne taille dans nos campagnes, les circuits courts doivent se développer.
Entendons-nous donc sur la définition des circuits courts. Selon la définition officielle du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la forêt, « Les circuits courts sont des modes de commercialisation qui s’exercent soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire ».
En revanche, cette définition ne spécifie pas le mode de production et la distance d’acheminement. Par exemple, la ferme des 1000 vaches pourrait très bien vendre des produits en direct et serait alors un circuit court, pas sûr que cela aille dans le sens des dérives que nous cherchons à éviter. Dans ce cas, comment s’assurer de bonnes pratiques environnementales ? En privilégiant les circuits courts en agriculture biologique ! Plus les pratiques sont proche de l’agriculture biologique, plus le circuit est bénéfique pour la biodiversité, moins polluant et moins énergivore.En bio, les cultures impactent aussi moins les paysages et créent plus d’emplois : fin 2013, pour l’ensemble des productions, la bio représentait : 3,93% de la surface agricole utile, 5,4 % du nombre de fermes, mais plus de 7 % de l’emploi agricole selon l’Agence bio.
On s’intéressera donc aux Associations pour le Maintient d’une Agriculture Paysanne (AMAP), à la Ruche qui dit oui, aux systèmes de paniers, aux marchés de producteurs, aux ventes directes à la ferme, au drive-fermiers ou à la vente par correspondance.
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Circuits courts : connaître son assiette
Les circuits courts permettent de développer un lien de confiance entre producteurs et consommateurs. Ils fournissent des produits arrivés à maturité et permettent une information globale sur les pratiques agricoles.
Sur le plan économique et social, les circuits courts favorisent la vie de quartier et la circulation de l’argent dans la communauté. Ils permettent de recréer un contact disparu entre agriculteurs et habitants des zones urbaines et périurbaines et de soutenir les producteurs locaux.
Le bio favorise-t-il les circuits courts? Heureusement, c’est bien le cas. Selon la mission d’information Circuits courts et relocalisation des filières agricoles et alimentaires, rapportée par Brigitte Allain, députée Europe écologie les verts, 21% des exploitants vendraient une partie au moins de leur production en circuits courts. Mais plus d’un producteur bio sur deux vend en direct au consommateur au moins une partie de sa production et un producteur bio sur 4 transforme au moins une partie de sa production à la ferme. En bio, ces ventes représentent 12 % des courses alimentaires en France, selon l’Agence bio, contre 6 à 7 %, tous secteurs confondus, à croire les résultats de la mission d’information. Près d’un producteur bio sur dix y trouve la totalité de ses revenus, mais la plupart vend aussi à d’autres circuits de distribution: grandes et moyennes surfaces, magasins spécialisés. Profitons donc de l’été, pour remettre de l’ordre dans nos assiettes et nos campagnes !
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Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Bravo pour cet article qui fait un joli tour d’horizon des circuits alimentaires traditionnels et alternatifs. Si vous voulez savoir s’il existe un ou plusieurs drive-fermiers près de chez vous, il existe depuis peu un site http://www.drive-fermiers.fr qui géolocalise les 140 drive fermiers en France.
il y a également http://www.locavor.fr qui est sur le même principe que les Ruches 🙂