La publicité sur le lieu de vente (PLV) est souvent perçue, à raison, comme une activité fortement génératrice de déchets. Mais Fieldflex, leader de l’installation des meubles et supports publicitaires pour les lieux de ventes de luxe, veut entrer dans l’ère de l’économie circulaire. Entretien avec son PDG.
Sous le terme de « PLV », on trouve une large gamme de meubles et présentoirs en magasins, qu’ils soient fixes ou éphémères. « L’éphémère, ce sont les présentoirs, visuels et modules, en carton ou plastique qui restent pour des campagnes publicitaires d’un ou deux mois, explique Philippe Gounel, PDG de Fieldflex. Le fixe, ce sont les mobiliers en divers matériaux et l’électronique qui sont changés tous les trois à quatre ans. » Fieldflex installe près de 20.000 meubles et présentoirs par an en France pour ses clients de la cosmétique, de l’électronique, de la mode, de la lunetterie et de la bagagerie. « Dans les grands magasins de cosmétiques, il peut y avoir plus d’une cinquantaine de ces éléments », précise le PDG. D’où l’importance de se pencher sur leur devenir en fin de vie.
Fieldflex Green veut démocratiser le recyclage
L’entreprise est présente en France et dans tous les pays européens. Depuis cinq ans, elle a développé une solution pour recycler les meubles fixes en fin de vie. Mais il fallait aller plus loin. Philippe Gounel vient donc de lancer la solution Fieldflex Green, un service de maintenance préventive et de recyclage des PLV. Objectif : récupérer les modules et les visuels éphémères qui sont remplacés régulièrement. Concrètement, pour 99 € la première heure, un technicien vient dans le magasin en vue d’entretenir, collecter et recycler l’ensemble des éléments usagés, éphémères et fixes.
Pour optimiser la logistique, Fieldflex Green a mis en place dix bases logistiques en France. Elles peuvent couvrir de 400 à 600 points de vente chacune. Il s’agit de micro-systèmes logistiques régionaux : chaque centre logistique pour les installateurs est proche d’un ESAT partenaire pour démanteler les PLV usagées immédiatement. « Nous récupérons tous les mobiliers et l’ESAT les démantèle pour séparer chaque matière qui partent ensuite dans différentes filières de recyclage », précise Philippe Gounel. En prime, les techniciens se déplacent en camionnette électrique ou hybride, sur une distance maximale de 250 km.
Des centaines de tonnes de plastiques à recycler
« Le marché des modules plastiques représente environ 400 tonnes de plastique par an en France et près de 1000 tonnes en Europe », annonce Philippe Gounel. Pour le moment, la majorité de ces modules partent à la poubelle ou en incinération. Dans le cadre de la concertation sur l’économie circulaire qui vise à recycler 100 % des plastiques en 2025, les entreprises commencent à comprendre l’intérêt du recyclage. « Le plastique utilisé est du verre acrylique (PMMA) : il est recyclable à l’infini comme le verre, avec seulement une faible perte dans le procédé, assure Philippe Gounel. En recyclant les 400 tonnes de modules plastiques utilisées en France, nous pourrions ainsi récupérer environ 380 tonnes de plastique et les réutiliser pour fabriquer de nouveaux modules. »
L’entreprise recyclerait déjà le mobilier fixe d’environ 40% de ses clients, mais espère profiter de sa nouvelle offre pour convaincre les autres. « Avec Fieldflex Green, notre objectif est de recycler au plus vite au moins 300 tonnes de plastique sur les 400 tonnes utilisées dans les modules en France et 600 tonnes sur les 1000 tonnes utilisées en Europe », projette le PDG.
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Des emplois à la clé
14 personnes travaillent à temps plein dans les ESAT pour cette activité de recyclage. « L’activité va décoller : tous les grands distributeurs vont bientôt nous rejoindre, prévient Philippe Gounel. D’ici deux ans, nous estimons que nous allons donner du travail à temps plein à près de 300 travailleurs en situation de handicap en Europe. » Par ailleurs, 345 techniciens Fieldflex vont être formés sur le territoire pour plus de polyvalence.
Fieldflex n’est pas le seul acteur à s’intéresser au recyclage des PLV. La société Happy Blue Fish a développé pour Chanel l’application CYCLEApp destinée au recyclage des PLV en parfumeries. Sur demande des vendeurs, cette application permet d’organiser la collecte des meubles fixes PLV.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com