Un outil innovant, créé par la start-up française Origins.earth, permet aux ville de faire leur « météo du climat ». Le concept ? À l’aide de capteurs d’une grande précision, les municipalités peuvent suivre la teneur en CO2 de l’atmosphère. Paris est la première ville de France à tester ce dispositif. Le fondateur, Fouzi Benkhelifa, travaille ardemment afin que d’autres villes emboîtent le pas de la capitale.
C’est avec beaucoup de fierté et d’ambition que le patron Fouzi Benkhelifa présente la start-up française Origins.earth. En trois ans, l’entreprise a mis au point un dispositif permettant aux villes d’évaluer le taux de CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, elles pourraient cartographier les émissions de CO2 sur leur territoire. C’est ce que Origins.earth appelle « la météo du CO2 ». Le but à terme ? Aider les municipalités à atteindre les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Paris est la première ville de France à tester ce dispositif. La capitale est même un pionnier mondial, car les pourparlers en cours ailleurs dans le monde, notamment avec Athènes, n’ont pas encore abouti.
Pour cartographier la « météo du CO2 » de la capitale et sa couronne, plusieurs capteurs ont été disséminés sur le toits de plusieurs immeubles. Actuellement, une dizaine sont opérationnels, et sept de plus devraient être installés prochainement. L’atout majeur de ces outils est leur grande fiabilité qui permet d’aboutir à des données très précises. « Ces outils sont les mêmes que ceux de Météo France, et ils permettent d’obtenir des cartes raffinées. Les résultats sont d’une fiabilité absolue à trois ans » déclare Thomas Lauvaux, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE). Le scientifique ajoute également que ces capteurs permettent de corriger les estimations des émissions de CO2 des territoires équipés.
Un outil précis pour une politique efficace
Origins.earth a collaboré avec le LSCE pour mettre au point ces capteurs. Chacun enregistre le niveau de CO2 à un endroit précis et à un moment donné. Ensuite, les informations collectées permettent de suivre les dynamiques de la pollution. En clair, à l’aide de ces outils, les villes pourront repérer plus efficacement les foyers d’émissions de CO2. « Les villes pourront par exemple voir quels sont les immeubles à rénover en priorité en termes de rénovation énergétique » explique Fouzi Benkhelifa.
De plus, ce dernier affirme que le dispositif est également capable de tracer les nuages de pollution qui font suite à des accidents industriels. Ainsi, municipalités et entreprises seraient capables d’évaluer de façon plus précise les répercussions d’un épisode de pollution sur un territoire. En somme, les villes pourront « suivre les vagues de CO2 et leur budget carbone » précise le fondateur d’Origins.earth.
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Un système séduisant, mais encore très coûteux
Pour les villes, s’équiper d’un tel dispositif est une façon d’évaluer en permanence l’efficacité, ou non, d’une politique énergétique. C’est justement ce qui a séduit Paris. « Les villes sont les plus à mêmes de lutter contre le dérèglement climatique » déclare Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris (EELV) chargée du climat. C’est pourquoi l’outil de mesure de Origins.earth plaît. « On cherche une innovation qui ait un impact » ajoute Laurène Lebelt, Innovation Manager France chez Climate-KIC. Seule actuelle ombre au tableau : le prix. La dimension financière reste un enjeu capital pour le développement de la start-up. Selon Fouzi Benkhelifa, Origins.earth a réussi à nettement diminuer le prix du capteur par rapport à son prix de départ de 80 000 €. Il reste toutefois des efforts à faire, notamment lorsque l’on intègre au prix du capteur celui que doivent payer les villes pour le service associé.
Certaines grandes entreprises de l’énergie semblent également favorables au système d’Origins.earth. « Nous souhaitons faire éviter 60 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre à nos clients. Pour cela, il faut des mesures robustes, et savoir agir au plus près des émetteurs de CO2 » explique Hélène Valade, directrice du développement durable chez Suez. Et ces objectifs sont loin d’être anecdotiques en termes de lutte contre le réchauffement climatique. Selon les recommandations du GIEC, les émissions de GES devront être réduites de 45% en 2030. C’est une condition sine qua non pour espérer limiter le réchauffement climatique à +1,5°C en 2100.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura-sciences.com