Le réchauffement climatique est plus rapide que prévu. Dan Lert et Célia Blauel, adjoints à la Mairie de Paris, ont présenté les nouveaux résultats de l’étude « Paris face aux changements climatiques » ce mercredi 22 septembre. La municipalité met en place un plan d’action qui consiste à réaménager la capitale. Le but : anticiper les possibles dérèglements à venir.
« Le cap symbolique des 2°C de réchauffement a été franchi » annonce Dan Lert, adjoint à la Mairie de Paris en charge de la transition écologique, du Plan climat, de l’eau et l’énergie. Ce mercredi 22 septembre, l’élu dresse les constats du diagnostic de robustesse et vulnérabilité de Paris face aux changements climatiques. Il est accompagné de sa collègue Célia Blauel, adjointe en charge de la Seine, de la prospective Paris 2030 et de la résilience. Lorsqu’ils exposent la capitale du futur, les descriptions sont alarmistes. Canicule, inondation, disparition de la biodiversité, les défis semblent immenses.
L’étude rappelle les avertissements du rapport du GIEC, publié en août dernier. Comme lui, elle mentionne des périodes caniculaires plus fréquentes et intenses. « Les vagues de chaleur et les nuits tropicales seront multipliées par trois d’ici 2030 et par sept d’ici la fin du siècle ». Et comme si cela ne suffisait pas, l’adjoint évoque également des « pluies torrentielles avec des risques d’inondation plus graves ». La Mairie de Paris a alors instauré un plan d’action face aux changements climatiques. Natura Sciences vous résume les principales mesures programmées.
Anticiper des pics de chaleur extrême
La protection des usagers face aux prochains épisodes caniculaires extrêmes reste la grande priorité du Plan climat. À court terme, l’aménagement du territoire demeure le projet phare de Paris. Afin de protéger les plus vulnérables, les immeubles parisiens seront soumis à une installation de volets. Un moyen de rafraichir les habitations, notamment les « logements mal adaptés » des quartiers populaires. « On manque de récupération la nuit si on ne supporte pas la canicule », développe l’adjoint. D’autres installations s’inscrivent comme des solutions techniques, telles que de nouvelles ombrières dès l’été 2022. Il s’agit pour la municipalité de renforcer ce qui a déjà été mis en place, suite à l’épisode caniculaire de 2003.
Sur le long terme, des mesures d’adaptation sont à l’étude. « Nous avons proposé à l’État de réaliser ensemble un exercice de crise pour tester notre réponse collective face à un pic de chaleur à 50 degrés à Paris » détaille l’adjoint en charge de la transition écologique. Cet exercice consiste à tester « un Paris à 50°C » afin de connaître les conséquences sur l’humain et sur les infrastructures locales. À ce jour, cette initiative est encore soumise à la rédaction d’un cahier des charges par la mairie de Paris.
Rafraichir la ville grâce au plan ParisPluie
Sur les catastrophes naturelles, le diagnostic rassure. « Comparativement à d’autres grandes capitales du bord de la mer ou de fleuve plus dynamique, Paris est plutôt robuste par sa géolocalisation ». Toutefois, les élus insistent. Les inondations aux pluies torrentielles sont de plus en plus fortes et exigent une vigilance accrue. Selon l’étude présentée, les phénomènes d’inondation et de canicule peuvent « paralyser le fonctionnement de la ville » et impacter directement les capacités d’hospitalisation.
Afin d’anticiper ces risques, la capitale compte sur le renforcement de son plan ParisPluie. Cette stratégie, déployée en 2018 pour la lutte contre le réchauffement climatique, consiste à limiter la saturation des égouts et rendre les averses « 100% utiles » pour le fonctionnement du territoire. En réutilisant la pluie grâce aux aménagements mis en place, l’eau servira de rafraîchissement urbain. En plus de cela, la ville de Paris compte ouvrir cinq nouveaux lieux de baignades d’ici 2025 via les canaux et installer de nouveaux îlots de fraicheur, fontaines ludiques et brumisateurs pour les familles.
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Végétaliser les espaces dès 2026
« J’ai l’impression qu’on regarde la biodiversité comme on regardait le climat il y a dix ans » s’inquiète Célia Blauel. Un an en arrière, lorsque la capitale était plongée dans un confinement exceptionnel, « les Parisiens se réjouissaient d’entendre les oiseaux chanter ». Or, l’étude confirme que la biodiversité parisienne est fragile. Le récent Congrès mondial pour la Nature (UICN) alerte sur une sixième extinction massive à l’échelle mondiale. Paris n’échapperait pas à cet état des lieux.
Pour renforcer l’abondance de la biodiversité, Dan Lert, Célia Blauel et leurs équipes ont fixé des actions de « renaturation ». L’écosystème témoigne de toute son importance, puisqu’elle garantit, elle aussi, l’adaptation du territoire au changement climatique. « La nature n’est pas un décor, nous faisons partie de cet écosystème » insiste l’adjointe. Cette « renaturation » comprend la création de mares et de noues paysagères ainsi qu’une végétalisation du territoire dès 2026. Au total, 170 000 arbres devraient être plantés. « Il n’y a pas de meilleur moyen que la nature pour rafraîchir la ville » justifie Dan Lert.
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Impliquer les parisiens dans la transformation de la ville
Selon l’étude, il faut toutefois redoubler de vigilance sur l’accessibilité de l’eau. Cette ressource menacée par le réchauffement climatique pourrait provoquer « de nouvelles tensions à partir de 2050 ». C’est pourquoi, l’infiltration des eaux pluviales engendrée par les mesures du ParisPluie permettra de limiter les besoins d’arrosage, notamment si la végétation tend à s’amplifier sur le territoire d’ici cinq ans. « Le réseau d’eau non potable à Paris doit être maintenu pour limiter la pression sur l’eau potable » indique un résumé du diagnostic.
Pour garantir ces objectifs, Célia Blauel attend beaucoup de la population parisienne. « Il est de notre ressort d’encercler les questions climat. Mais il devient nécessaire d’embarquer avec nous la plupart des Parisiens ». L’élue espère des « dynamiques micro-locales » dans la transformation écologique du territoire, alors que la capitale attire chaque année « de plus en plus de monde ». Des attentes ambitieuses qui demandent une accélération de l’adaptation de Paris au réchauffement climatique. « Beaucoup a été fait mais beaucoup reste à faire, prévient Dan Lert. Nous payerons demain le prix que n’avons pas payé aujourd’hui ».
Sophie Cayuela