Mercredi 16 décembre, la justice britannique a reconnu que la pollution atmosphérique avait contribué à provoquer la mort d’une fillette de 9 ans. Ella Kissi Debrah devient la première personne au Royaume-Uni pour laquelle la pollution de l’air figure parmi les causes de décès.
Elle s’appelait Ella Kissi Debrah. Elle est décédée à l’âge de 9 ans d’une grave crise d’asthme le 15 février 2013. Sa mort tragique a fait suite à trois ans de problèmes respiratoires. Mercredi 16 décembre, le coroner, officier de police chargé d’établir les causes des morts violentes, a rendu son jugement à Londres. Il a finalement reconnu que la pollution atmosphérique avait contribué à provoquer la mort de la fillette.
« Aujourd’hui est un jour historique : un combat de 7 ans a permis de faire reconnaître la pollution de l’air sur le certificat de décès d’Ella, relate Rosamund Adoo-Kissi-Debrah, la mère d’Ella. Nous espérons que cela permettra de sauver la vie de nombreux autres enfants. »
Une contribution significative de la pollution de l’air
Le coroner a rendu son jugement. Il estime finalement que l’insuffisance respiratoire aiguë due à un asthme sévère, n’est pas la seule cause de la mort de la fillette. Contrairement à ce que la justice avait conclu la justice en 2014. Son décès est bien aussi le résultat d’une exposition chronique à des niveaux de pollution élevés, liés au trafic routier. En plus de l’insuffisance respiratoire aiguë et de l’asthme sévère, le certificat de décès d’Ella indiquera désormais qu’elle est décédée d’une exposition à la pollution de l’air.
Ella vivait avec sa mère près du South Circular, une voie très fréquentée du sud de Londres. Lors de son enquête, le coroner a constaté que les niveaux de pollution de l’air à proximité du domicile d’Ella dépassaient les limites légales de l’Union européenne fixées par les directives de l’OMS. Et ce, au cours des trois années précédant son décès.
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Un combat contre les effets de la pollution de l’air
Rosamund Adoo-Kissi-Debrah a créé la Fondation de la famille Ella Roberta. Cette dernière vise à améliorer la vie des enfants souffrant d’asthme. Désormais, elle est défenseur de la santé et de la qualité de l’air à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’OMS estime que la pollution de l’air provoque 4,2 millions de décès par an dans le monde. En plus, l’exposition des ménages à des cuisinières et des combustibles sales provoque le décès de 3,8 millions de personnes. Et 91 % de la population mondiale connait des taux de pollution de l’air qui dépassent les directives de l’OMS.
« La décision du Coroner confirme ce qui est déjà inscrit dans le droit international : les gouvernements sont tenus de protéger nos droits à la vie, à la santé et à un environnement sain, en particulier pour les plus jeunes et les plus vulnérables d’entre nous, comme Ella, conclut David R. Boyd, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme et l’environnement. Pourtant, neuf enfants sur dix dans le monde respirent encore de l’air toxique à l’intérieur et à l’extérieur, et 600 000 meurent chaque année, parce que leurs gouvernements n’ont pas respecté un droit humain fondamental : l’air pur. »
Par Matthieu Combe