L’association AtmoSud a tenu ce mardi une conférence de presse sur la relation entre le changement climatique et la pollution de l’air dans les régions transalpines franco-italiennes. L’association propose plusieurs actions locales pour diminuer ces impacts à l’horizon 2030-2050.
L’association de surveillance de la qualité de l’air AtmoSud a modélisé plusieurs scénarios climatiques à l’horizon 2030 dans les régions transalpines franco-italiennes. Objectif : planifier des actions locales pour diminuer les rejets de CO2 et les émissions d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère. AtmoSud a présenté les résultats de ces travaux durant une conférence de presse ce mardi 13 octobre.
Ces modélisations sont réalisées dans le cadre du projet Climaera, régi par l’Union Européenne. Ces travaux, auxquels collabore AtmoSud, ont pour but de préconiser des actions locales pour lutter simultanément contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air.
Les scénarios sont des modélisations obtenues après le croisement de trois données : l’évolution météorologique via un modèle climatique régional, les émissions de gaz à effet de serre et les émissions de particules fines et de polluants en 2030. Le scénario d’émissions de gaz à effet de serre est le scénario médian du GIEC (RCP 4.5). Il prévoit une stabilisation des émissions de gaz à effet de serres à la moitié des niveaux actuels à l’horizon 2080.
Un résultat alarmant pour l’association
Le résultat est sans appel. Une hausse des températures de 2°C en moyenne s’effectuera à l’horizon 2030 dans les deux régions françaises et trois italiennes étudiées. L’Auvergne Rhône-Alpes, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Ligurie, le Piémont et la Vallée d’Aoste connaîtront ainsi une augmentation de 3°C dans les régions de montagne. La hausse des températures atteindra même trois degrés en montagne dans ces régions. Mais quel impact de manière concrète sur les territoires ? Les jours de gel se réduiront d’une vingtaine de jours en moyenne. Aussi, avec l’évolution des températures, les stations de moyenne montagne pourraient disparaître dans 15 à 20 ans.
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Cette évolution du climat aura un impact sur la qualité de l’air. Le projet a ainsi étudié deux scénarios. Le premier prévoit une constante de la météorologie. On observe alors une diminution des particules fines PM10 grâce à la législation mise en place d’ici 2030. Elle prévoit des réductions de polluants atmosphériques de 20%.
Mais dans le second scénario, dès lors que l’on prend en compte le réchauffement climatique, les particules fines repartent à la hausse. Autrement dit, le changement climatique annule les efforts de réduction d’émissions de particules fines. L’augmentation est particulièrement significative dans la région lyonnaise et le Piémont notamment. Alexandre Armengaud, responsable de la coopération scientifique chez AtmoSud, insiste sur « la nécessité d’agir, dès aujourd’hui sachant que notre planète est en danger ».
Climarea : des actions locales pour enrayer la pollution atmosphérique
Sur les bases de ces deux modélisations, le projet Climarea propose 7 actions locales sur les territoires transalpins. L’une d’entre elles, prônée dans le rapport d’AtmoSud, consiste à améliorer le transport maritime dans les régions littorales étudiées. Concrètement, les quais seraient électrifiés dans les ports de Marseille, Lyon et Toulon.
Une autre action consiste à faire évoluer la norme Euro VII pour les véhicules. D’autres mesures concerneraient le chauffage domestique. Dominique Robin, directeur d’AtmoSud, rappelle les actions sur les réductions des combustibles fossiles. Il déclare : « Il faut mieux maîtriser les rejets du bois-énergie. Cette énergie pourvoie des particules très cancérogènes malgré son caractère renouvelable ». Avec ces mesures locales, l’association espère une baisse jusqu’à 10 % des concentrations de PM10.
L’association AtmoSud a sondé près de 1500 personnes vivant dans cette zone transalpine. Et elles sont 82% à vouloir changer leurs habitudes. Cependant, d’après les résultats du sondage, elles demeurent mal informées. La population sondée demande également une responsabilisation des citoyens, des industriels et des pouvoirs publics.
Auteur : Manu Lassabe, journaliste de Natura Sciences