Le Bonobo est une espèce considérée comme menacée par l’UICN. L’espèce n’a qu’un prédateur, majeur, l’Homme. La population est estimée entre 7 500 et 20 000 individus, une différence considérable due à la difficulté d’un comptage précis dans un environnement difficile et très vaste.
L’Homme est responsable d’une déforestation croissante et très préoccupante en République démocratique du Congo. La déforestation est due soit à des grandes compagnies forestières commerciales, soit aux populations locales qui ont besoin de place pour l’agriculture ou pour établir leurs villages et de bois de chauffage et de construction. Mais les Bonobos sont également victimes des chasseurs puisque leur viande est vendue sur la plupart des marchés de viande de brousse de leur zone d’habitat, mais aussi de nombreuses villes à l’extérieur de leur zone de répartition. Si les chasseurs reconnaissent qu’il leur faut aujourd’hui aller plus loin en forêt pour trouver leurs proies, le nombre de Bonobos chassés reste très inquiétant. Les petits sont aussi vendus comme animaux de compagnie et souvent gardés, avant de mourir du manque de soins et de tristesse, dans des conditions pitoyables par leurs acquéreurs. Il est à noter que pour obtenir un petit, cinq à dix adultes sont généralement tués. À Kinshasa, le sanctuaire « Lola ya bonobo » (le paradis des Bonobos) accueille, soigne et réintègre en groupes sociaux dans d’immenses enclos de forêt, des Bonobos orphelins saisis par les autorités. Plusieurs individus ont également été réintroduits dans leur environnement naturel. Le film Bonobos témoigne de leur travail. La déforestation a également un impact sur le commerce de la viande de brousse puisque les coupes faites en forêt pour le passage des camions permettent d’accéder à des zones de forêt jusque-là inaccessibles. Les forestiers fournissent également les chasseurs avec armes et munitions.
L’institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) mène des actions pour la préservation des espèces et des habitats, mais se retrouve le plus souvent dépourvu des moyens pour les mener à bien. Des organisations non-gouvernementales (ONG) travaillent également dans l’habitat des Bonobos et avec les populations locales. C’est le cas, par exemple, de African Wildlife Foundation, Awely ou encore de l’ONG les amis des Bonobos du Congo.
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Comment reconnaître un bonobo ?
Le Bonobo (Pan paniscus), également appelé Chimpanzé nain ou Chimpanzé pygmée est de taille similaire à son cousin le Chimpanzé commun (Pan troglodytes) mais il est plus mince et plus gracile. Sa taille varie de 70 cm à 1 m, les mâles étant plus grands. Le poids des femelles est d’environ 30 kg, les mâles pesant jusqu’à 45 kg. La tête est également légèrement plus petite. Le Bonobo est l’un des cinq grands singes (avec le Chimpanzé commun, le Gorille, l’Orang-outan et l’Homme). Avec le Chimpanzé commun, le Bonobo est le primate le plus proche de l’espèce humaine avec laquelle il partage plus de 98 % du patrimoine génétique. Le Bonobo est ainsi plus proche de l’Homme que du Gorille. Les récentes études génétiques indiquent que la branche qui rassemblait Bonobos, Chimpanzés et Hommes se serait séparée en deux il y a un peu plus de six millions d’années, laissant l’espèce humaine poursuivre son évolution séparément. Il y a près d’un million d’années, Bonobos et Chimpanzés se séparaient à leur tour.
La face des Bonobos est sombre (celle des Chimpanzés communs est généralement claire), les lèvres sont roses et ils ont de longs poils des deux côtés de la face et une raie au milieu du crâne. Les seins des femelles Bonobos sont plus développés que chez les autres grands singes (Homme non compris). Les pieds disposent d’un pouce préhensile, et peuvent être utilisés comme des mains pour saisir des objets et se maintenir accroché dans les arbres. Les Bonobos sont également après l’Homme les plus bipèdes des grands singes puisqu’ils se déplacent sur leurs pieds dans 20 % à 25 % de leurs mouvements au sol.
Où vivent les bonobos ?
L’aire de répartition des Bonobos est limitée à la République démocratique du Congo, et plus particulièrement à une zone forestière limitée au nord par le fleuve Congo, et par les rivières Kasai et Sankuru. Ces cours d’eau forment les barrières naturelles de leur habitat puisque l’espèce ne sait pas nager (ils apprécient cependant de s’immerger dans l’eau pour se rafraîchir). Cet habitat immense dépasse 200 000 km2, soit presque la moitié de la superficie de la France.
Comment vivent les bonobos ?
Les Bonobos sont principalement frugivores mais se nourrissent également de graines, de pousses, de feuilles, de fleurs, de tiges, de champignons, ainsi que de vers, de larves, d’oeufs et d’insectes. Ils peuvent également chasser de petits mammifères mais le font surtout si l’opportunité se présente.
Les Bonobos ont parfois été observés en train de laver leur nourriture avant de la manger. Ils sont actifs durant la journée et la recherche de nourriture les occupe durant environ 20 % de leur temps. À peu près la même proportion est passée à se nourrir. Ils se déplacent pendant plus de 10 % de la journée et parcourent en moyenne 2 km, mais leur principale activité quotidienne reste le repos (plus de 40 % d’une journée). Le temps restant est occupé par d’autres activités, incluant le jeu. Ils trouvent leur nourriture dans les arbres à une hauteur variant entre 20 et 40 m. À l’aide de branches et de feuilles, ils construisent chaque soir un nid qu’ils ne réutilisent pas.
Les Bonobos sont des individus sociaux et vivent en grands groupes des deux sexes, eux-mêmes divisés en groupes plus petits comprenant entre un animal solitaire et une vingtaine d’individus ou plus et sur des territoires estimés à 15 à 30 km2 environ. Ils peuvent intégrer un groupe ou un autre et y rester plus ou moins longtemps (fission-fusion). À un âge pouvant aller de 7 à 9 ans, les femelles quittent leur groupe d’origine pour rejoindre un autre groupe dans lequel elles passent beaucoup de temps à entretenir et maintenir les relations avec les autres femelles. Elles prennent de l’importance au sein du groupe en vieillissant, mais aussi lorsqu’elles deviennent mères, en particulier si leur progéniture est un mâle. Les mâles qui souhaitent obtenir un rang supérieur dans la hiérarchie doivent s’associer avec la femelle dominante car les femelles sont maîtresses de l’environnement social.
La grande particularité des Bonobos est la sexualité qu’ils utilisent comme un ciment social bien au-delà des accouplements pour la reproduction. Le sexe est ainsi utilisé pour réduire les tensions au sein du groupe, mais aussi pour obtenir de la nourriture ou dans les différentes phases pouvant conduire à l’obtention d’un rang social plus élevé. Ces accouplements, généralement brefs et se limitant le plus souvent à de simples frottements des parties génitales, peuvent se produire avec n’importe quel individu du groupe, même entre mâles ou entre femelles, dans des positions très variées. Les Bonobos peuvent, par exemple, faire l’amour face à face et s’embrassent parfois en utilisant leur langue. Les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur le caractère agressif potentiel de certains Bonobos. Si l’empathie, l’altruisme et la compassion sont des qualités que l’on peut leur prêter grâce notamment aux travaux concernant des individus en captivité, les études menées sur des Bonobos à l’état sauvage sont encore trop récentes pour établir avec certitude qu’une agression mortelle est impossible. Il est avancé par certains que la grande disponibilité de nourriture dans leur habitat est peut-être une autre raison du mode de vie pacifique des Bonobos.
Le premier cycle d’ovulation apparaît chez la femelle à un âge variant de 6 à 11 ans. Il se caractérise par un gonflement très important de la partie génitale. Le premier petit naît alors que la mère a atteint l’âge de 13 à 14 ans et l’intervalle entre deux naissances varie de quatre à six ans. La femelle s’occupe seule de son petit car il est impossible à un mâle de savoir s’il est le père du bébé. Jusqu’à l’âge de six mois, le petit ne s’éloigne jamais de la proximité de sa mère et se déplace avec elle, accroché à son ventre. À trois ans, le jeune Bonobo est capable de se déplacer comme le font les adultes, mais il reste dans un espace de sécurité et ne s’éloigne jamais vraiment de sa mère. Il reste dépendant du lait maternel jusqu’à l’âge de quatre à cinq ans. Si les jeunes femelles prennent de la distance par rapport à leur mère vers sept ans, les jeunes mâles restent en contact avec elle et le rang social qu’ils parviennent à atteindre a une l’influence sur le rang social de leur mère au sein du groupe.
Les Bonobos communiquent par de nombreuses mimiques faciales, mais aussi par des vocalisations généralement plus aiguës (en particulier chez les femelles) que celles des Chimpanzés communs. Des études ont été réalisées en captivité, comme celles de Sue Savage-Rumbaugh au centre de recherche en primatologie de Yerkes aux États-Unis avec le Bonobo Kanzi. Ce dernier a pu apprendre à comprendre le langage humain et à y répondre grâce à un tableau composé de symboles. Les Bonobos, comme les autres grands singes, ne peuvent cependant pas parler, en tout cas au sens où nous l’entendons, de par la barrière physiologique. Enfin, si l’utilisation d’outils n’a pas vraiment été observée dans l’étude de cette espèce, il est à noter que les Bonobos sont capables de s’auto-médicaliser par l’ingestion de certaines feuilles dans le cas de présence de parasites intestinaux. Leur espérance de vie est estimée à une vingtaine d’années en moyenne à l’état sauvage (35 en captivité).
Auteur : Renaud Fulconis, Awely*, des animaux et des hommes pour le Manuel des aires protégées d’Afrique francophone (extrait)
L’ADN le plus proche de l’humain est celui du porc.