Une centrale nucléaire présente de nombreux impacts environnementaux. Les catastrophes de Fukushima et Tchernobyl cachent bien d’autres impacts environnementaux non médiatisés : rendement faible, dégagement de chaleur élevée, rejets radioactifs, déchets nucléaires, vapeur d’eau…Il n’y a pas que la question des déchets radioactifs qui pose problème. Une centrale émet aussi beaucoup de chaleur dans son environnement, notamment dans les rivières.
Les impacts environnementaux du nucléaire ne se limitent pas aux catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Le rendement d’une centrale nucléaire est de 34%. Un rendement aussi faible, combiné à une puissance aussi élevé,e font qu’une centrale de 1000 MW rejette environ 2000 MW de chaleur. C’est plus qu’il n’en faut pour chauffer une ville moyenne de 100 000 habitants. Comparativement, pour une même production d’électricité, une centrale à haut rendement de 52% rejette deux fois moins de chaleur.
Un impact environnemental sous-estimé
Les centrales thermiques au charbon et au gaz rejettent aussi de la chaleur dans les rivières ou l’atmosphère. Le chauffage de l’environnement ambiant dépend avant tout de la puissance de la centrale, du rendement du cycle employé et du dispositif de refroidissement choisi. Mais non de l’énergie primaire utilisée. Ces rejets de chaleur engendrent une nuisance directe sur l’environnement de la centrale. En effet, ces installations sont toujours situées près d’une rivière ou de la mer. Une partie de la chaleur dégagée est alors évacuée directement dans les eaux de surface.
Une autre point faible des centrales électronucléaires est qu’elles n’utilisent pas la cogénération. Dans le cas de la cogénération, la chaleur rejetée est réutilisée pour chauffer des logements ou pour des applications industrielles. Il est alors possible d’obtenir des rendements de 80 à 90%. Cependant, comme les centrales nucléaires ont été construites loin des centres urbains, la chaleur ne peut pas être utilisée pour chauffer les villes. Ce n’est pas le cas pour les centrales à gaz ou à charbon.
Pourtant un peu d’ingéniosité devrait permettre de trouver un débouché pour la chaleur « nucléaire ». Etant donné que la chaleur supporte mal le transport sur de longues distances, il convient donc de trouver des applications locales. L’absence de cogénération dans ce cas participe activement au gâchis énergétique de nos sociétés. En effet, la chaleur dégagée aurait pu être valorisée. A la place, ces 2000 MW ne s’ajoutent pas à la production énergétique globale. Ils devront donc être fournis par des centrales au charbon, au gaz ou même par chauffage électrique provenant du nucléaire !
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Un impact bien connu : les rejets radioactifs et les déchets
Toutes les installations nucléaires rejettent de la radioactivité dans l’environnement. Ces pollutions contaminent les fleuves, les océans, les nappes phréatiques et l’air. Les centrales nucléaires françaises produisent environ 200 tonnes de déchets de haute activité par an, c’est-à-dire à peu près le volume de 4 ou 5 voitures. Ces déchets ultimes représentent 4% du volume, mais contiennent 99 % de la radioactivité du combustible usé. Ils seront certainement enterrés à 500 mètres sous terre pour une durée d’un million d’années. Nom de code du projet : Cigéo.
Des convois routiers ou ferroviaires chargés de combustibles et de déchets nucléaires traversent la France et des déchets sont stockés un peu partout dans le pays. Il va falloir stocker ces déchets durant des milliers d’années. On parle de 200 000 ans. Cependant, leur activité décroît au cours du temps et ils ne sont pas aussi dangereux tout au long de leur vie. Ainsi, les 1 000 premières années sont les plus dangereuses. Ensuite, les déchets atteignent un niveau de radioactivité proche de celui qui a été initialement placé dans le réacteur.
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L’eau n’est-elle pas le plus grand gaz à effet de serre ?
Les émissions directes de vapeur d’eau des centrales électriques (pas seulement nucléaires !) et de toutes les autres activités anthropiques ne contribuent pas à augmenter l’effet de serre de manière décelable. La Terre est couverte à plus de 70% d’eau et le temps de séjour de l’eau dans l’atmosphère est d’une seule semaine. Les émissions humaines sont donc marginales dans le cycle global de l’eau. La situation est très différente pour le CO2 qui n’est présent qu’à hauteur de 0,038 % et qui a un temps de séjour dans l’atmosphère de plusieurs dizaines d’années. Cela explique pourquoi la vapeur d’eau n’est pas prise en compte lorsque l’on calcule les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines.
L’électricité d’origine nucléaire permet ainsi d’éviter de nombreuses émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, selon l’AIE, la production électronucléaire permettrait d’éviter l’émission d’environ 1.64 milliard de tonnes de CO2 par an, soit 6% des émissions mondiales du secteur énergétique.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com