Israël a accusé mercredi la République islamique d’Iran, son ennemi juré, d’avoir commis un « attentat environnemental ». En cause : une marée noire qui a affecté 40% du littoral israélien au large de ses côtes en Méditerranée. Israël impute cette marée noire à un bateau venant d’Iran. Greenpeace
« Un bateau pirate battant pavillon libyen qui a quitté l’Iran est responsable de cet attentat environnemental », a affirmé la ministre de l’Environnement israéelienne Gila Gamliel lors d’une conférence de presse. Selon elle, le navire s’est « approché de la zone économique exclusive d’Israël » pour « polluer de manière délibérée ».
« L’Iran mène des activités terroristes pas uniquement (en cherchant à se doter de) l’arme nucléaire et par son implantation près de nos frontières, mais aussi en lançant des attaques environnementales », a encore soutenu la ministre. Elle a ajouté qu’environ 35 navires avaient fait l’objet d’une enquête avant d’aboutir à cette conclusion.
Greenpeace y voit de la « propagande électorale »
Greenpeace a dénoncé vendredi ces accusations, trouvant cela « scandaleux » et sans fondement. « C’est simplement scandaleux et cela ne repose pour l’instant sur aucun fait », a affirmé Jonathan Aikhenbaum, directeur de la branche israélienne de Greenpeace, sur la radio publique Kan. Ces propos « sentent mauvais la propagande électorale », a-t-il estimé, à moins de trois semaines des législatives israéliennes, les quatrièmes en deux ans.
Pour Jonathan Aikhenbaum, les propos de la ministre ébranlent « la crédibilité d’Israël sur la scène internationale et surtout la crédibilité du ministère de l’Environnement ». « La ministre minimise le phénomène bien connu et largement répandu de pollution maritime résultant de déversement de pétrole par des navires », estime l’organisation sur son site internet.
Iran dément tout implication d’attentat environnemental
Malgré ses démentis, Israël accuse l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique. Dimanche, Mme Gamliel a affirmé que son pays ne laisserait pas « impuni ce crime environnemental » et les autorités avaient lavé de tout soupçon un pétrolier grec suspect, ainsi qu’une dizaine d’autres navires. Mi-février, des vents puissants et des vagues inhabituellement hautes avaient secoué les côtes, entraînant le déversement de tonnes de goudron sur les plages, depuis la région de Rosh Hanikra, dans le nord d’Israël, près du Liban, jusqu’à Ashkelon, dans le Sud, à la limite de l’enclave palestinienne de Gaza.
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Selon le ministère de l’Environnement, l’attentat environnemental a déversé des « dizaines à des centaines de tonnes » de bitume. Cela a entraîné l’une des plus importantes marées noires sur le littoral méditerranéen israélien. Des équipes de l’armée, des civils et des membres d’ONG ont parcouru les côtes d’Israël afin de nettoyer les plages. Un rorqual commun, long de près de 17 mètres, s’est échoué sur une plage près d’Ashkelon.
Une des pires marée noire de l’histoire israélienne
Le drame écologique s’est propagé jusqu’au sud du Liban. Le goudron était visible le long du littoral, de la ville frontalière de Naqoura jusqu’à Tyr, un peu plus au nord. Cette zone, l’une des plus préservées du littoral libanais, abrite de nombreuses plages de sable. Et elle constitue un foyer de tortues marines.
Dans le contexte de tensions permanentes entre Israël et la République islamique d’Iran, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé lundi Téhéran d’être à l’origine d’une explosion sur un navire israélien en mer d’Oman fin février. » Il est clair que c’est un acte iranien. Pour ce qui est de ma riposte, vous connaissez ma politique. L’Iran est le plus grand ennemi d’Israël et je suis déterminé à l’arrêter. Nous le frappons partout dans la région », a-t-il déclaré.
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Téhéran a rejeté ces accusations. Si Israël « veut utiliser cette accusation comme base pour créer de nouvelles tensions, nous les surveillerons et les suivrons de près », a prévenu le ministère iranien des Affaires étrangères. « Si quelque chose se passe, nous y répondrons au moment opportun ».
Matthieu Combe avec AFP