Emmanuel Macron s’était engagé à respecter la baisse de la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production d’électricité d’ici 2025. Mais ce matin, Nicolas Hulot a estimé qu’il fallait revoir ce calendrier. Car respecter cet engagement dans le calendrier prévu augmentera incontestablement les émissions de gaz à effet de serre du pays.

Nicolas Hulot veut revoir le calendrier de la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique français. PHOTO//MOSSOT (Travail personnel), [GFDL] ou CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
Nicolas Hulot veut un nouveau calendrier
Exit l’horizon de 2025. Nicolas Hulot veut désormais fixer une « date réaliste ». Car si cet objectif est respecté comme prévu, il faudra « relancer la production d’électricité à base d’énergies fossiles ». Ce qui entraînerait une hausse des émissions de gaz à effet de serre et la mise à mal des engagements climatiques. Au micro de Public-Sénat, il a précisé travailler sur une échéance repoussée à 2030 ou 2035.
« Si l’on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50%, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques, a souligné Nicolas Hulot. Et ça se fera au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement que si l’on voulait s’acharner sur cette date, il faudrait même rouvrir d’autres centrales thermiques. »Le ministre promet toutefois que l’objectif de 50% ne passera pas à la trappe. Il se donne quelques mois pour définir une « date réaliste », sur la base des travaux de RTE.
Lire aussi : Hulot fustigé par les écologistes sur le nucléaire!
Equilibre offre-demande : charbon ou nucléaire, il faudra choisir!
Le rapport en question RTE a établi cinq scénarios pour assurer l’équilibre offre-demande d’électricité pour les hivers de 2017 à 2035. Jusqu’en 2020, RTE pourrait être contraint de procéder à quelques coupures d’électricité en cas de froid intense. En cause : l’arrêt définitif des moyens de production au fioul en 2017 et 2018. À partir de 2020, les marges hivernales augmenteront grâce aux économies d’énergie et aux nouveaux parcs éoliens offshore. Mais aussi grâce à trois nouvelles interconnexions avec l’Angleterre et l’Italie. Entre 2020 et 2022, « Ces marges permettent d’envisager la fermeture des centrales à charbon ou de quatre réacteurs nucléaires atteignant 40 ans de fonctionnement », fait savoir RTE. En revanche, « ces deux mesures ne peuvent être engagées conjointement », met en garde l’entreprise.
Et à l’horizon 2025, il faudrait fermer « de l’ordre de vingt-quatre » réacteurs nucléaire pour respecter la loi de 2015. Cela nécessiterait le maintien des centrales à charbon et une forte accélération du développement des énergies renouvelables. Mais aussi la construction de plus de 11.000 MW de nouvelles centrales au gaz. Problème : dans son Plan climat annoncé en juillet, le gouvernement a prévu la fin de la production électrique à partir de charbon d’ici à 2022. Le mix électrique présenterait ainsi une part de 16% de thermique contre 9% en 2016. Et les émissions de CO2 passeraient de 22 millions de tonnes (Mt) à 42 Mt en 2025.
Lire aussi : Quelle transition énergétique programmée pour la France?
Comment baisser la part du nucléaire et les émissions de CO2?
RTE a donc dressé plusieurs scénarios permettant de diminuer la part du nucléaire en canalisant les émissions. Un scénario permet d’atteindre l’objectif en 2030 en fermant 16 réacteurs et l’ensemble des centrales à charbon. Les émissions de CO2 seraient alors de 12 Mt en 2035, sans nouveaux moyens de production au gaz, mais avec beaucoup plus d’éoliennes. Un autre scénario envisage de réduire les émissions à 9 Mt en 2035. Si la part du nucléaire reste dans ce cas à 56% en 2035, l’objectif de 40% d’énergies renouvelables dans le mix électrique serait en revanche respecté.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com