Le chef de l’ONU Antonio Guterres a dit quitter Rome avec « des espoirs déçus » tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson, reconnaissant tout de même des progrès, a estimé que ce n’est « pas assez ».
Ce week-end, les pays du G20 se réunissaient à Rome. Leur déclaration finale, la déclaration de Rome va très légèrement au-delà de l’accord de Paris en mettant en ligne de mire l’objectif de limitation du réchauffement climatique à +1,5°C plutôt que 2°C. Les pays du G20 s’engagent aussi à ne plus subventionner les centrales au charbon à l’étranger. Mais ils n’ont retenu aucune date claire pour sortir complètement du charbon ou des énergies fossiles, ni pour arriver à la neutralité carbone. Le G20 retient « le milieu du siècle » comme horizon. La Chine et la Russie, par exemple, se sont donné jusqu’à 2060 pour y parvenir, alors que l’Italie et les Etats-Unis, entre autres, plaidaient pour 2050 ou plus tôt.
Des progrès insuffisants et « des espoirs déçus«
Mais cela n’a convaincu ni les ONG, ni l’ONU, ni le Premier ministre britannique. « Je quitte Rome avec des espoirs déçus – même s’ils ne sont pas enterrés« , a lancé dimanche le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. « Nous avons fait des progrès au G20 (…), mais ce n’est pas assez« , a renchéri Boris Johnson avant de mettre en garde: « Si Glasgow échoue, c’est tout qui échoue« .
Xi Jinping a de nouveau plaidé pour « le principe de responsabilités communes mais différenciées » dans le réchauffement climatique. « Nous avons fait des progrès significatifs et nous devons faire encore plus« , a reconnu Joe Biden. Mais « il nous faudra continuer à regarder ce que la Chine ne fait pas, ce que la Russie ne fait pas et ce que l’Arabie saoudite ne fait pas« , a-t-il insisté.
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Emmanuel Macron veut rester optimiste
« Nous n’avons pas tout ce qu’il faut » pour tenir l’objectif de 1,5°C, a reconnu Emmanuel Macron, « mais nous partions d’une copie où cet objectif ne figurait plus comme un élément d’accord entre les États membres« . « Tous ceux qui voulaient oublier cet objectif et sombrer dans la fatalité des deux degrés n’ont pas eu raison de nos débats« , a-t-il plaidé.
« Si nous voulons tenir cet objectif, oui, il faut tout ce que nous allions vers la neutralité carbone 2050« , a-t-il néanmoins nuancé. « Maintenant tout le travail va être de continuer à obtenir des efforts supplémentaires de la Chine, d’autres (pays) émergents et de la Russie, en particulier, pour pouvoir tenir cet agenda« . Il a aussi cité comme succès du G20 les accords pour une coordination « à très court terme sur l’énergie » pour éviter une tension sur les prix ainsi que pour taxer à 15% minimum les grandes multinationales et les grandes plateformes numérique, « une attente forte de nos concitoyens« .
Plus de 120 dirigeants du monde se retrouvent lundi à Glasgow, pressés de toutes part de faire plus et plus vite pour éviter le pire à l’humanité. « L’humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une et nous devons agir maintenant« , devrait leur dire le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte de cette cruciale COP26, selon des extraits de son discours diffusés par ses services. Si les présidents chinois et russe ne sont pas attendus à Glasgow, des dizaines d’autres doivent défiler à la tribune pendant deux jours, de l’Américain Joe Biden à l’Australien Scott Morrison, en passant par tous les dirigeants de l’UE, et le prince Charles qui remplace la reine Elisabeth II mise au repos.
Matthieu Combe avec AFP