La candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo a proposé ce mercredi sur TF1 l’organisation d’une primaire de la gauche. Face à la division de la gauche, la maire de Paris tente le tout pour le tout. Yannick Jadot n’a pas tardé à lui répondre.

« Organisons une primaire de la gauche. Que viennent participer à cette primaire les candidats qui veulent gouverner ensemble« , a déclaré la maire de Paris. A la peine dans les sondages, elle a précisé qu’elle maintiendrait sa candidature si son appel n’était pas entendu.
Une gauche divisée
« Cette gauche fracturée, qui désespère nos concitoyens, doit se retrouver, se rassembler pour gouverner« , a estimé la candidate. Elle n’était pourtant pas du tout favorable à une primaire au sein du PS il y a quelques mois. L’ensemble de la gauche plafonne à moins de 25% des intentions de vote. Anne Hidalgo a estimé que de « très nombreux citoyens » voudraient y participer, « parce qu’ils souhaitent retrouver l’espoir ». Elle ajoute : « j’ai pris acte de cette situation. Je sais que si nous ne faisons pas ce rassemblement il n’y aura pas de possibilité pour cette gauche de continuer à exister dans notre pays », a-t-elle poursuivi. Elle souhaite porter « la vision d’une femme de gauche, social-démocrate, écologiste et qui a l’expérience de la gestion et du rassemblement ». A l’issue de cette primaire, « il faudra faire campagne pour celui ou celle qui sera désignée. je me conformerai à cette règle-là », a-t-elle expliqué.
La candidate n’avait pas souhaité ces dernières semaines, tout comme Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, participer à la Primaire Populaire. Arnaud Montebourg, qui plafonne à 2% d’intentions de vote dans les sondages, a lui aussi fait un appel au rassemblement.
À gauche, sept candidats s’avancent pour l’heure sur la ligne de départ. Si l’on retient seulement ceux qui ont une chance de rassembler les 500 parrainages : l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel. Mais aussi le chantre de la réindustrialisation Arnaud Montebourg, et les anticapitalistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud. Dans la plupart des sondages, aucun ne dépasse les 10% d’intentions de vote.
La Primaire populaire félicite l’initiative
La Primaire Populaire, portée par un collectif citoyen depuis plus de six mois, a salué les prises de positions décisives d’Anne Hidalgo et d’Arnaud Montebourg. Elle n’a pas tardé a inviter Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon à rejoindre cette dynamique. Leur objectif : qu’un Front Populaire Écologique remporte la présidentielle de 2022.
« Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg ont entendu la volonté de 70% de l’électorat des gauches et de l’écologie, qui attendent le rassemblement pour que l’écologie et la justice sociale gagnent en 2022« , a déclaré Mathilde Imer, porte-parole de la Primaire Populaire. Elle ajoute : « Plus de 240.000 personnes se sont engagées à participer au vote de la Primaire Populaire. C’est d’ores et déjà bien plus que la primaire des Républicains alors que la dynamique ne fait que commencer. Nous serons des centaines de milliers à participer au vote final, qui se tiendra entre le 27 et le 30 janvier.”
“Vos différences, certes réelles, ne sont rien par rapport au poids de l’histoire et face aux menaces qui nous guettent : changement climatique, néofascisme et crise sociale ”, selon Samuel Grzybowski, également porte-parole de la Primaire Populaire. “Le Parti Socialiste a confirmé qu’Anne Hidalgo s’inscrit dans la dynamique de la Primaire Populaire. Nous la remercions pour sa clairvoyance, nous attendons maintenant que Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon entendent le sens de l’histoire”, conclut-il.
Jadot répond à Hidalgo et à la Primaire Populaire
La réponse du candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, ne s’est pas faite attendre. « Non, je ne participerai pas à une primaire de la gauche« , a-t-il répondu à sa concurrente socialiste Anne Hidalgo. Cette tentative est « un tour de passe-passe » selon lui. Nouveau coup dur à gauche.
Chez la maire de Paris, créditée d’entre 3 et 7% des intentions de vote dans les sondages, « il y a la volonté de sortir de l’impasse par une idée surprise« , a raillé Yannick Jadot sur Europe 1. Annoncé dans une fourchette de 6 à 9% des intentions de vote, il a souligné avoir « déjà fait une primaire » en septembre. « Quand les écologistes ont retiré leur candidature en 2017 (lui-même au profit de Benoît Hamon, NDLR), ils n’ont pas essayé de trouver un tour de passe-passe« , a-t-il dénoncé.
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« Une nouvelle primaire, portée notamment par le mouvement citoyen Primaire Populaire, ce n’est pas le choix des écologistes, qui est de rassembler très largement autour d’idées fortes » résumées dans « l’écologie », a déclaré l’eurodéputé.
Renonce-t-il donc à l’idée de rassemblement ? « Pas du tout« , a rétorqué Yannick Jadot. « Je m’adresse aux électeurs socialistes, aux progressistes et aux humanistes. La dynamique qui peut gagner cette élection présidentielle, qui reprend les idées progressistes en ajoutant les enjeux essentiels de l’écologie, c’est le programme que nous portons ».
Léo Sanmarty avec AFP