Sur tous les continents et depuis plusieurs décennies, les activités des hommes épuisent la nature. Cette nouvelle ère, appelée Anthropocène, se caractérise par le fait que ces activités humaines entraînent un emballement du dérèglement climatique. « Anthropocène, l’époque humaine » est un film qui met en lumière comment l’homme surexploite les matières premières, engendrant des dommages irréversibles. Un film à voir sans hésiter.
« Anthropocène, l’époque humaine » est à mettre sous les yeux de quiconque douterait encore de l’épuisement des ressources naturelles. En cause : les activités humaines, et rien d’autre. Dans un documentaire édifiant, Jennifer Baichwal, Edward Burtynsky et Nicholas De Pencier montrent comment se matérialise cette ère de l’homme au quatre coins du monde. L’actrice canadienne Charlotte Le Bon met sa voix au service de cette narration poignante. Le film est sorti en salles ce mercredi 20 novembre. Il met en scène des activités industrielles qui confinent au déraisonnable, à la folie même parfois.
Face à cela, une biodiversité fragile, qui peine à se maintenir. En témoignent les monticules de défenses d’éléphants, symboliques du braconnage. Éléphants, tigres, axolotls, antilopes, rhinocéros sont les victimes de cette course humaine à l’industrialisation. C’est également le cas du récif corallien, dans une eau très poissonneuse, menacé par le réchauffement et l’acidification des océans.
L’Anthropocène, une ère aux airs de fin du monde
Ce qui frappe dans ce film, c’est la démesure. Chaque image, chaque scène renvoie à quelque chose de beaucoup trop grand. À une échelle que l’œil humain ne peut pas embrasser d’un coup. Par cette mise en scène, les réalisateurs semblent avoir voulu montrer comme l’homme est lui-même dépassé par ses créations. En Russie, la ville de Norilsk célèbre la fête de la métallurgie. Mais derrière les scènes de joie se cache en réalité la ville la plus polluée du pays. Dans ce dédale d’exploitations minières, la nature ne semble pratiquement plus avoir sa place. « On voit le romantisme dans une fleur qui sort du béton » déclare même une employée du site.
Le décor de la décharge à ciel ouvert de Dandora est tout aussi édifiant. Ces gigantesques monticules de déchets se dressent dans la capitale kényane, Nairobi. Dans ce spectacle de désolation, seuls les marabouts, oiseaux charognards, aux têtes dégarnies semblent trouver leur compte au dessus des déchets. Là, la vie ne s’exprime pas, et le temps est arrêté. Ailleurs dans une usine de transformation du bois, hommes, femmes et enfants travaillent sans protection, parfois même pieds nus.
« Anthropocène, l’époque humaine » pousse le spectateur à s’interroger sur la place de l’homme sur Terre. Surtout, il rappelle que toutes les ressources exploitées ne lui sont pas dues. La course à l’extraction du marbre de Carrare représente bien cette idée. Les coups de pioches qui brisent la roche sonnent comme le glas de l’irréversible. Dans toutes ces scènes, le documentaire met en images ces destructions qui ne laisseront pas l’Humanité indemne.
Visionner la bande-annonce de Anthropocène, l’époque humaine
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura-sciences.com