Le réchauffement climatique s’intensifie dans les zones arides et désertiques et met en péril les animaux. Dans les territoires urbanisés, les populations suffoquent. Selon plusieurs études à travers le monde, les victimes du réchauffement climatique pourraient se multiplier d’ici 2050.

Les effets du dérèglement climatique se font déjà sentir aux quatre coins du globe. Si l’Accord de Paris sur le climat fixe des échéances à 2050, les répercussions du réchauffement sont déjà visibles. De la Vallée de la Mort à la Sibérie en passant par l’Euphrate, le réchauffement climatique impacte d’ores et déjà le quotidien de milliers personnes à travers le monde. Sans baisse des émissions de gaz à effet de serre, ces événements climatiques dangereux risquent de se multiplier, avec toujours plus de victimes.
« La Vallée de la Mort est l’endroit le plus chaud sur Terre. La température moyenne en été y est bien plus chaude ces 20 dernières années », constate Abby Wines, responsable de la communication du parc national de la Vallée de la Mort, en Californie. Dans ce désert parsemé d’arbustes, le thermomètre a atteint les 54,4°C en 2020 et en 2021. Une température qui n’avait jamais encore été mesurée par les instruments modernes.
Une chaleur « insupportable »
Autre mesure de température notable : le mois de juillet 2021 a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète selon l’Organisation météorologique mondiale. Une habitante du Sri Ganganagar, au Rajasthan, dans le nord-ouest de l’Inde a fait part de cette situation à l’AFP. Selon elle, « cette chaleur insupportable nous affecte beaucoup, et nous, les pauvres, sommes les plus durement touchés ».
À l’autre bout de la planète, le « dôme de chaleur » a frappé le Canada cet été. Pour Rosa, une habitante de Vancouver, « c’est juste insupportable ». Elle explique qu’elle « ne peut pas sortir avec cette chaleur ». Selon un projet de rapport de l’ONU obtenu par l’AFP avant la Cop 26, nombreux seront confronté à des situations similaires. Si le réchauffement planétaire dépasse les 2°C, un quart de la population mondiale vivra des canicules au moins une fois tous les cinq ans.
Des phénomènes habituels, et des milliers de victimes du réchauffement climatique
La hausse des températures liée à l’effet de serre entraîne une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses. Cela induit une hausse du nombre des feux de forêts, des tempêtes ou encore des inondations. Sans baisse de ces émissions, ces phénomènes seront « plus habituels », atteste Zeke Hausfather, climatologue au Breakthrough Institute.
D’autres conséquences sont à prévoir. La multiplication des canicules néfastes pour l’agriculture et mortelles pour les humains devraient se développer. « Une inondation, c’est quelques morts, peut-être quelques dizaines. Chaque grande vague de chaleur extrême entraîne en revanche des milliers de morts. Et on sait que ces vagues de chaleur se multiplient », alerte Robert Vautard, climatologue et directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace.
Les villes désertiques, loin d’être épargnées
Certaines populations à travers la planète ont plus ou moins l’habitude de vivre sous la chaleur. Parmi eux, les bédouins. « Il doit faire environ 43 degrés et il est seulement 8h30-9h. Donc à 14 heures, la température peut atteindre les 48 à 49 degrés, et parfois même 50. Mais c’est normal pour nous, on s’y est habitués, nous ne sommes ni surpris ni inquiets », confie Nayef al-Shammari, éleveur de chameaux dans le désert d’Al Nufud Al Kabir, en Arabie saoudite.
Malgré cette habitude apparente, le quotidien des populations vivant dans des régions chaudes sera également impacté par les conséquences du réchauffement climatique. « Même les animaux de la région qui tolèrent la chaleur, comme certains chameaux ou chèvres, vont être touchés, tout comme l’agriculture: cette chaleur extrême va donc avoir un impact sur la production alimentaire », souligne George Zittis, chercheur au Cyprus Institute. Il en va de même pour les marais de l’ancienne Mésopotamie. En Irak, entre le Tigre et l’Euphrate, la biodiversité est également en péril. « Les températures élevées, supérieures à 50 degrés, ont des conséquences pour les poissons, les animaux, les habitants et le tourisme », témoigne Razak Jabbar, propriétaire d’une barque dans la région.
Des phénomènes qui forcent à l’exil
Dans cette situation, avec des conditions de vie insoutenables et des ressources qui s’amoindrissent, certains font le choix de partir. Ce départ forcé, bien souvent des zones rurales vers les villes, posent des défis supplémentaires. « Dans cette partie du monde, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous prévoyons que, d’ici la fin du siècle, environ 90% de la population vivra en ville », selon George Zittis. Des endroits où les températures sont déjà plus élevées qu’à la campagne. Cela s’explique notamment par la bétonisation des sols et le manque de végétation.
Face à ces chiffres, et à l’urgence qu’ils induisent, les appels à agir se multiplient. En septembre dernier, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a notamment tiré la sonnette d’alarme à ce sujet. « Sans une diminution immédiate, rapide et à grande échelle des émissions de gaz à effet de serre, nous ne pourrons pas limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, et les conséquences seront catastrophiques ».
Ouns Hamdi avec AFP