Le serval est inscrit en annexe 2 de la CITES, et parmi les carnivores les plus menacés d’Afrique selon le WCS. L’espèce dans sa globalité figure sur la Liste rouge de l’UICN dans la catégorie de « préoccupation mineure », mais les populations d’Afrique du Nord sont considérées comme « en danger critique d’extinction » (moins de 250 individus matures, répartis en petites populations isolées), et celles du Sahel causent aussi beaucoup d’inquiétudes.

Le serval est chassé notamment pour sa peau qui ressemble à celle du léopard. © Roland & Sonja sur Flickr
La perte d’habitat constitue une menace importante pour les servals. Les terres inondables, les marécages et les habitats riverains qui abritent de fortes densités de rongeurs et d’oiseaux, constituent leur biotope préféré. Or, dans presque tous les pays d’Afrique, ils souffrent d’une pression extrême de la part de l’Homme. Les pâturages brûlés artificiellement contribuent aussi à réduire les densités de petits mammifères dont ils se nourrissent. Ces pertes d’habitat et de proies sont partiellement compensées par sa bonne adaptation aux espaces agricoles où ils bénéficient de densités de rongeurs accrues.
Beaucoup de servals sont tués par les véhicules automobiles. Ils semblent être attirés par le bord des routes et ont tendance à s’immobiliser dans la lumière des phares au lieu de fuir.
Des peaux vendues un peu partout
Si le serval s’en prend très rarement aux animaux domestiques, il est fréquemment tué par les fermiers qui procèdent à des destructions aveugles par pièges à mâchoires et poison. Les peaux de servals provenant de ces opérations sont très communes chez les taxidermistes ruraux, notamment en Afrique du Sud. On pratique également la chasse « sportive » au serval avec des chiens, notamment en Afrique du Sud.
Dans le nord-est de l’Afrique et les pays du Sahel occidental, les peaux de serval sont très appréciées par les marchands de fourrures locaux qui les utilisent pour la vente aux touristes, les cérémonies traditionnelles locales, certains rites de sorcellerie, etc. Certains pays sont aussi de gros importateurs de peaux dont ils font monter les prix en les faisant passer pour des peaux de guépards ou de léopards : Sénégal, Gambie, Bénin, Mali, Nigeria, Soudan.
On retrouve les servals dans une grande partie de l’Afrique au sud du Sahara, sauf l’extrême sud, le sud-ouest et la forêt équatoriale. Il habite dans les savanes découvertes ou parsemées de buissons, l’orée des forêts et les landes de hautes montagnes, jusqu’à 3 800 m d’altitude. On le rencontre surtout près des lieux marécageux ou des cours d’eau.
Une biologie singulière
Le serval est sédentaire et essentiellement, mais pas exclusivement, crépusculaire et nocturne. Il est terrestre, bien qu’à l’aise pour grimper dans les arbres. Spécialisé dans la chasse parmi les hautes herbes, il est capable d’effectuer des bonds en hauteur spectaculaires pour terrasser sa proie. Son ouïe et sa vue sont excellentes, mais son odorat est médiocre.
Sa nourriture consiste en lièvres, rongeurs, pintades, oiseaux des marais, céphalophes, ourébis, lézards, grenouilles et poissons. Il ajoute parfois à son menu des insectes, un peu d’herbe fraîche et des fruits. En dehors de la période d’accouplements durant laquelle mâle et femelle chassent ensemble, le serval est solitaire. Le système social est basé sur un territoire exclusif entouré de zones de chasse partagées avec d’autres individus.
Après 65 à 77 jours de gestation la femelle met au monde un à cinq petits dans une fourmilière abandonnée, un terrier de Porc-épic ou une anfractuosité rocheuse. Les jeunes pèsent 250 g à la naissance, sont sevrés à six semaines et atteignent leur maturité sexuelle peu après l’âge de deux ans. La longévité peut atteindre jusqu’à 15 ans en captivité.
Auteur : Michel Louis, pour le Manuel des aires protégées d’Afrique francophone (extrait)