L’exposition professionnelle aux pesticides serait liée à six maladies graves, dont certains cancers et des troubles du cerveau. C’est ce qu’affirme une vaste expertise française menée par l’Inserm.
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié le 30 juin un rapport sur les effets des pesticides sur la santé. Selon ses conclusions, il existe une « présomption forte » de lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et six maladies graves. Parmi ces pathologies, trois types de cancer : prostate, lymphomes non hodgkiniens et myélomes multiples. L’exposition aux pesticides est aussi liée à la maladie de Parkinson, comme les troubles cognitifs. Une maladie respiratoire évolutive, la BPCO, y serait aussi liée.
Pour ces trois cancers et la maladie de Parkinson, la « présomption forte » de lien avait déjà été mise en évidence en 2013. C’était à l’occasion d’une précédente expertise de l’Inserm. Cette liste passe désormais à six pathologies avec cette mise à jour du rapport de l’organisme. Pour le réaliser, l’Inserm a analysé l’ensemble de la littérature scientifique existante sur le sujet. Soit quelque 5300 résultats d’études.
Des dangers pour la grossesse et la petite enfance
L’Inserm confirme que « la grossesse et la petite enfance sont d’une plus grande vulnérabilité face à la présence d’un événement ou agent toxique« . Chez l’enfant, l’Inserm évoque une « présomption forte » de lien entre les « leucémies aiguës » et l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse. Pour les tumeurs du cerveau et de la moelle épinière, l’expertise conclut à une « présomption forte d’un lien » avec l’exposition professionnelle des parents avant la naissance.
Même niveau de présomption pour le lien entre l’exposition de la mère pendant la grossesse et « les troubles du développement neuropsychologiques et moteur de l’enfant« . Des liens aussi établis avec « des troubles du comportement tels que l’anxiété« .
Le glyphosate et le chlordécone pointés du doigt
L’expertise se penche sur plusieurs substances particulièrement médiatiques. D’abord le glyphosate, pour lequel l’Inserm conclue « à l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien« . Ensuite le chlordécone, longtemps utilisé aux Antilles et aujourd’hui interdit. L’expertise confirme une « présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate.«
Sur 17 pesticides analysés dans l’expertise, 11 sont associés à au moins deux effets toxicologiques parmi les trois étudiés. Les effets étudiés sont le stress oxydant, la mitotoxicité et l’action sur le système immunitaire. La mitotoxicité désigne la toxicité pour les mitochondries, ces structures qui permettent la respiration des cellules.
« La grande majorité des substances pour lesquelles il y a des liens qui ont été trouvés ne sont plus autorisés en France, pour des usages agricoles en tout cas« , a réagi Eugénia Pommaret. Elle est directrice de l’Union des industries de la Protection des Plantes, qui regroupe des producteurs de pesticides. De son côté, l’ONG Générations Futures appelle à l’action. « Il est plus que temps pour le gouvernement d’agir vraiment pour une réduction forte de l’usage des pesticides« , lit-on dans un communiqué de l’ONG.
Natura Sciences avec AFP