L’éolien est l’énergie principale, aux côtés de la biomasse et du solaire, sur laquelle compte l’Hexagone pour atteindre ses objectifs en matière d’énergies vertes. Mais surtout pour remplacer ses capacités nucléaires, conformément à la loi de transition énergétique pour la croissance verte. La France compte donc sur les innovations des grands énergéticiens, EDF et Engie notamment, pour atteindre son objectif de 26 gigawatts de capacités éoliennes d’ici 2023.
L’éolien européen a le vent en poupe. D’après WindEurope, association basée à Bruxelles qui promeut l’utilisation de l’énergie éolienne au sein de l’Union européenne (UE), 6,1 gigawatts (GW) de capacités éoliennes supplémentaires ont été installées en Europe durant le premier semestre 2017. Ce qui laisse présager, selon l’association, une année excellente en termes de nouvelles installations.
L’Allemagne et le Royaume-Uni en tête des installations éoliennes!
Dans le détail, un total de 4,8 GW de capacités éoliennes terrestres a été raccordé au réseau entre janvier et juillet derniers. Un chiffre à mettre surtout au crédit de l’Allemagne (2,2 GW), du Royaume-Uni (1,2 GW) et, dans une moindre mesure, de la France (492 mégawatts). WindEurope note également la bonne santé de l’éolien offshore (en mer), avec pas moins de 18 projets. Et ce, dans quatre pays membres : l’Allemagne et le Royaume-Uni, toujours, avec la Belgique et la Finlande, pour 1,3 GW de puissance installée au premier semestre.
Du côté des investissements, quelque 8,3 milliards d’euros on été engagés dans l’éolien en Europe au début de l’année. Avec 5,4 milliards pour les installations onshore et 2,9 milliards pour les installations offshore. Là aussi, il y a une importante concentration sur le seul territoire allemand. 53 % des investissements globaux y ont été réalisés. En revanche, du côté du Royaume-Uni, aucun projet n’a été lancé dans l’éolien offshore. Ce qui est, selon l’association, annonciateur d’une nouvelle tendance.
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« Resserrement du marché au profit de l’Allemagne, de l’Espagne et de la France »
« Nous sommes sur la voie d’une très bonne année pour les nouvelles installations éoliennes, mais cette croissance se concentre sur une poignée de marchés. Au moins dix pays de l’UE n’ont encore rien installé jusqu’à présent », explique Pierre Tardieu, le responsable politique de WindEurope. « Dans l’éolien onshore, la fin des « obligations renouvelables » au Royaume-Uni conduira automatiquement au resserrement du marché au profit de l’Allemagne, l’Espagne et la France. Dans l’éolien offshore, le niveau de l’activité financière est préoccupant [et] l’industrie a besoin de clarté sur ses volumes pour la période post-2020, afin de maintenir la tendance baissière actuelle des coûts. ».
Une seule solution, dès lors, pour Pierre Tardieu : « Les Etats membres doivent mettre en place rapidement leurs plans nationaux « énergie et climat pour 2030 » […] qui donneront à la chaîne d’approvisionnement éolienne la visibilité dont elle a besoin. » Pour mémoire, Bruxelles s’est fixé un objectif de 30 % de renouvelables dans la consommation énergétique finale d’ici 2030. Avec une première étape à 20 % en 2020. Un sous-objectif en passe d’être réalisé, selon la Commission européenne, qui estime cependant que « la trajectoire devient progressivement plus raide dans les années à venir et il faudra intensifier les efforts pour atteindre l’objectif européen ».
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EDF renforce son ingénierie dans la « maintenance prédictive »
La France a pour sa part fixé la barre à 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale d’ici 2020. Et si l’Hexagone est encore loin d’avoir atteint ce chiffre, l’éolien peut y participer grandement. La programmation pluriannuelle prévoit de porter les capacités terrestres françaises de 12 GW actuellement à 21,8 GW, voire 26 GW. Et l’éolien en mer de 0 GW à 6 GW, alors que le bilan tricolore en la matière est jusqu’à présent en demi-teinte – malgré une bonne année 2016.
L’une des raisons ? Les multiples recours des associations « anti-éoliennes », qui empêchent les industriels d’installer leurs parcs, terrestres ou offshore. Comme, par exemple, celui du Mont-des-Quatre-Faux, situé entre Charleville-Mézières et Epernay dans les Ardennes, qui a enfin été validé par le préfet du département fin juin 2017. Porté par EDF Energies Nouvelles en association avec le développeur belge WindVision, il comprendra à terme 63 éoliennes de 3,5 à 5 MW de puissance chacune.
Le groupe français a fait de l’énergie éolienne – au même titre que l’hydraulique ou le solaire – l’une des clés de ses nouveaux schémas de production énergétique. Outre l’installation de pales sur le territoire, EDF s’est même lancé il y a quelques années dans l’exploitation-maintenance. Ceci afin d’optimiser les coûts et la production de ses parcs éoliens. EDF EN a ainsi inauguré début juillet 2017 à Colombiers (Hérault) un vaste centre de supervision de ses installations. Il lui permettra de renforcer son ingénierie dans la « maintenance prédictive ». « Cela nous permet d’anticiper les pannes et d’intervenir avant que le composant casse : la réparation est plus facile, l’éolienne est arrêtée moins longtemps », indique Thierry Muller, président d’EDF EN Services, la société chargée de l’exploitation et la maintenance du groupe.
Engie veut aussi économiser sur la maintenance des éoliennes
Un pari également fait par l’autre géant de l’énergie français, Engie. Celui-ci a lancé fin 2016 une plateforme numérique, « Darwin », censée lui permettre de gagner, en cinq ans, quelque 24 millions d’euros sur les coûts d’exploitation et de maintenance de ses parcs éoliens et solaires. « L’idée est de connecter à Darwin toutes nos machines […] après les avoir dotées de multiples caméras et de capteurs », explique Gwenaëlle Huet, responsable de l’activité renouvelable d’Engie en France. « Nous développons des algorithmes capables d’exploiter les données collectées, qui nous permettront d’effectuer de la maintenance prédictive, par exemple. » Et les gains attendus ne sont pas seulement financiers. « Nous espérons ainsi non seulement réduire les coûts, mais aussi gagner un point de taux de disponibilité de nos éoliennes en cinq ans », note-t-elle.
Autre innovation majeure : la première éolienne en mer française, appelée « Floatgen », devrait produire ses premiers kilowatts d’électricité d’ici 2018. Son système d’ancrage en nylon vient d’être mis à l’eau, au large du Croisic (Loire-Atlantique), sur le site d’essai technologique de Centrale Nantes. Une première étape qui entraînera par la suite la mise en place d’un flotteur en béton armé de 36 mètres de côté sur 10 de hauteur, puis l’installation du mât et des pales. De quoi rattraper le retard qu’accuse la France en matière d’éolien offshore par rapport à ses voisins européens. Le Royaume-Uni dispose aujourd’hui de 5 GW dans la Manche et la mer du Nord, quand l’Allemagne possède 4 GW dans la Baltique. Et le Danemark 1,3 GW autour de la presqu’île du Jutland.
Auteur : Célia Morin, contribution bénévole
Avertissement: cet article est une contribution bénévole et ne reflète pas forcément la position de la rédaction.
pourquoi privilégier l’éolien et ne rien faire sur l’hydrolien ? alors que l’hydrolien peut fonctionner 24H sur 24, contrairement à l’éolien dont le facteur de charge est de 20% !