L’association Générations futures a fait analyser les cheveux de sept personnalités connues pour leur engagement environnemental. Jadot, Hulot, Bové, Batho, tous sont contaminés !
Les perturbateurs endocriniens (PE) inquiètent de plus en plus. Alors que les positions divergent au sein de l’Europe, Générations futures s’est lancée dans une nouvelle étude. Ont été passées au crible une mèche de cheveux de sept personnalités françaises du monde de l’environnement. Yannick Jadot, Delphine Batho, Isabelle Autissier, Nicolas Hulot, Marie-Monique Robin, Yann Arthus-Bertrand et José Bové ont joué le jeu. Les conclusions des analyses présentées par François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures sont édifiantes.
Des écolos peu étonnés !
Le but de l’association était de détecter et, quantifier lorsque possible, les substances présumées nocives dans les cheveux des témoins-cobayes. Sur les 200 perturbateurs endocriniens recherchés (PCB, plastifiants et pesticides), il a été avéré que chaque personnalité en avait sur la tête entre 36 et 68. Celle qui s’en sort le mieux est Delphine Batho, ancienne ministre de l’Écologie. « Je pense que j’en ai moins que les autres parce que mes parents ont surveillé mon environnement dès ma petite enfance » explique-t-elle.
A l’inverse, la navigatrice et présidente de WWF France Isabelle Autissier est la plus infestée, avec 50 PE quantifiés. « J’ai passé 15 ans de ma vie sur des chantiers navals, cela doit expliquer ce résultat » analyse la skippeuse. On retrouve aussi 51 perturbateurs endocriniens dans les cheveux de Nicolas Hulot dont 23 quantifiés. Il y en a 50 dans ceux de Yann Arthus-Bertrand dont 22 quantifiés. Le même nombre a été détecté sur Marie-Monique Robin, et 29 quantifiés. José Bové, lui, en a »seulement » 48 dont 15 quantifiés. Avec son léger 19 détectés dont 9 quantifiés, Yannick Jadot est en réalité faussement plus sain. En effet, chez lui les polychlorobiphényles (PCB) n’ont pas été mesurés, du fait d’un échantillon trop faible.
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Veiller sur les enfants et les femmes enceintes
« C’est un scandale sanitaire qui concerne tout le monde, en particulier les femmes et les enfants » assène Delphine Batho. L’ire de l’actuelle députée des Deux-Sèvres est due à la mauvaise réputation des perturbateurs endocriniens. On les accuse d’interférer sur le système hormonal de manière négative. On les suspecte notamment de troubler les fonctions de reproduction et d’être à l’origine de malformations. Aujourd’hui il est encore difficile d’établir un lien direct entre cause et conséquence, les pourfendeurs des PE prônent donc le principe de précaution.
Les substances incriminées sont partout autour de nous. Literie, ameublement, produits ménagers, et surtout nourriture et cosmétiques, tous contiennent des PE. « J’ai 50 PE dans mon organisme ! Et je mange bio à 80%, s’étonne la documentariste Marie-Monique Robin, je suis choquée ». Isabelle Autissier aussi déclare manger bio. Cependant, elle n’est pas épargnée par les PE. Ceci montre la difficulté de se prémunir contre ce « problème sanitaire public » comme l’appelle Delphine Batho.
La plus grande inquiétude concerne les femmes enceintes. Les scientifiques soupçonnent que les perturbateurs endocriniens aient des effets très néfastes sur les fœtus, même à petite dose. Une fois passées dans le sang, les molécules peuvent rester dans le corps des mois voire de longues années. « J’ai une pensée indignée pour toutes les femmes enceintes qui ne savent pas que c’est très dangereux pour leur bébé » s’insurge Marie-Monique Robin. Les combattants des PE conseillent alors de réduire les sources de risques. Manger bio, se laver au savon noir et faire son ménage au vinaigre blanc seraient déjà un bon début.
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Sornettes et balivernes pour les industriels
Le fait est que sur cette question, les avis divergent. En témoignent les difficultés éprouvées par la Commission européenne. Depuis fin 2013, cette dernière tente, sans succès, d’aboutir à une définition claire de ce qu’est un perturbateur endocrinien. Mardi prochain, Bruxelles tentera une nouvelle fois d’y parvenir. Cependant, la tâche s’avère ardue car la France et la Suède prévoient de se positionner contre la proposition.
Selon les deux pays, l’UE ne prendrait pas assez en compte le principe de précaution et les conséquences sanitaires. Le Sénat français s’est récemment positionné et souhaite protéger la population des éventuels risques liés aux perturbateurs endocriniens. Une ritournelle qui a le don d’agacer les industriels et une bonne partie des agriculteurs. Ces derniers, souvent les leaders du marché, dénoncent ceux qui les accusent de les faire passer pour les moutons noirs. Ils se défendent en disant que la science n’est pas encore parvenue à des conclusions probantes.
Le think tank Oui à l’innovation explique par exemple que des produits naturels influent quotidiennement sur notre métabolisme. De son côté, le collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France va encore plus loin. Les producteurs « travaillant en agriculture biologique et raisonnée » qu’ils sont accusent Générations futures de « prendre en otage l’opinion ». Ainsi, les divergences entre pro et anti perturbateurs endocriniens ont encore de beaux jours devant elles.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du webzine Natura-sciences.com