D’après la nouvelle enquête EXPPERT 4 de l’association Générations Futures, les femmes urbaines et périurbaines d’île-de-France en âge de procréer sont contaminées par un large cocktail de perturbateurs endocriniens. L’association appelle à une vraie réaction des pouvoirs publics.
Dans cette nouvelle enquête, Générations futures a analysé les mèches de cheveux de 28 franciliennes âgées entre 18 et 44 ans. L’étude a recherché 64 molécules suspectées d’être perturbateurs endocriniens : 58 pesticides perturbateurs endocriniens ou leurs métabolites (24 organochlorés et métabolites, 10 métabolites d’organochlorés, 11 pyrétrhinoïdes et leurs métabolites, 5 fongicides, 4 autres pesticides), 4 PCB et 6 retardateurs de flamme PBDE.
Quelle est l’étendue de la contamination par les perturbateurs endocriniens?
43 molécules sur les 64 recherchées ont été retrouvées au moins une fois et 7 substances ont été retrouvées dans tous les échantillons. « Ce que l’on a trouvé dans les 3cm de cheveux, ce sont les substances toxiques qui sont passées dans le sang durant les 3 derniers mois », précise François Veillerette, porte-parole de Générations futures.
Au total, 598 résidus de molécules suspectées d’être perturbateurs endocriniens ont été trouvés, ce qui fait une moyenne de 21,35 résidus par femme (les chiffres variant de 21 à 32 résidus par femme). La femme chez laquelle l’étude a trouvé le maximum de résidus se trouvait être enceinte au moment du prélèvement. Pourtant, elle mange bio chez elle, utilise peu cosmétiques, même bio. Elle s’interroge sur la présence de 2 résidus de retardateurs de flamme dans son corps : sont-ils dus aux émanations de son nouveau canapé ?
Côté concentration, l’étude a mensuré une moyenne de 109,39 picogrammes/mg de cheveux par femme (soit 109,39 µg/kg de cheveux). « Les résultats vont de 24,14 pg/mg à plus de 387,27 pg/mg, il y a un rapport de 1 à 16 pour des femmes de la même tranche d’âge qui vivent dans la même région», note François Veillerette. « Ce qui veut dire que le style de vie, l’alimentation et l’environnement personnel joue un rôle considérable : il y a donc un levier pour l’action », prévient-il .
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Ces niveaux peuvent-ils avoir des impacts sur les foetus de ces femmes?
« Ces niveaux, c’est ce que l’on trouve comme niveau de résidus dans pas mal de fruits et légumes, ce qui veut dire qu’il y a eu une exposition », relève François Veillerette. Ces molécules ont des impacts à faibles doses, mais ceux-ci sont encore mal évalués en fonction des niveaux d’exposition.
La question de la charge chimique est importante, mais elle est moins pertinente sur les perturbateurs endocriniens. « Ce n’est pas tant la dose qui va faire l’effet poison que la période d’exposition », affirme François Veillerette. « On ne tire pas la sonnette sur la quantité globale, mais sur le fait que si les femmes sont exposées pendant leur grossesse, le foetus à un moment donné a pu être exposé à ces molécules là, sans que l’on sache vraiment à quel moment », ajoute-t-il. « Il ne faut pas faire dire à l’étude ce qu’elle ne peut pas dire, mais il me semble qu’elle dit assez pour tirer sur la sonnette d’alarme à la fois sur la période d’exposition et sur l’effet cocktail », prévient-il.
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« Nous avons pris bonne note des avancées obtenues lors de la présentation de la Stratégie Nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) qui prend en compte notamment la nécessité de réduire l’exposition des populations aux perturbateurs endocriniens. Il faut maintenant que la Commission européenne publie enfin une définition protectrice des perturbateurs endocriniens qui devront être exclus notamment dans le cadre du Règlement 1107/ 2009 sur les pesticides » conclut-il.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com