La France est le premier pays producteur de bioéthanol en Europe. Sur les 45.5 millions d’hectolitres (MhL) produits en 2013 en Europe, 12,5 MhL ont été produits sur le territoire français. Le bioéthanol y a été produit à 51 % à partir de betterave, 47 % à partir de céréales, et 2 % à partir d’éthanol vinique. La betterave tient donc une place privilégiée en France par rapport au reste de l’Europe où elle ne représente que 24 % de la production de bioéthanol.
La récolte 2014 de betteraves s’élève à 37,6 millions de tonnes (Mt) en France. 20,4 Mt seront écoulées via le système de quotas pour le sucre alimentaire. Ainsi, hors quota, 8,5 Mt serviront pour l’alcool et le bioéthanol et 3,3 Mt pour l’industrie chimique. Restent 5,4 Mt excédentaires : 3,9 Mt seront exportées sur le marché mondial et 1,5 Mt seront reportées sur la campagne 2015-2016 pour le sucre alimentaire de l’Union Européenne.En 2011, 7 Mt excédentaires avaient dû être écoulées via la maximisation des exportations à hauteur de 4,1 Mt, la transformation sous quota DOM à hauteur de 1,9 Mt et la reclassification pour le marché alimentaire de l’UE de 1 Mt. « Il reste donc beaucoup de marge de maœuvre pour le développement du bioéthanol à base de betterave », affirme Alain Jeanroy directeur général de la Confédération Générale des Planteurs de Betteraves (CGB).
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Un système régi par des quotas, mais plus pour longtemps
En Europe, la culture de la betterave est encadrée par des quotas pour la transformation en sucre alimentaire. Cela signifie que les quotas de production à usage alimentaire doivent être atteints pour mettre en œuvre toute autre production (hors quota).
Le sucre hors quota doit être exporté ou servir au non alimentaire, sauf autorisation de la Commission Européenne. En Europe et en France, il n’existe donc pas directement de conflit entre la production de cultures à usage alimentaire et celles destinées au développement du bioéthanol pour la betterave. Elle reste un débouché complémentaire pour l’agriculture.
Néanmoins, en 2017, ce système de quotas disparaîtra. Selon la CGB, cette suppression devrait entraîner une augmentation de la production de sucre et d’isoglucose, une diminution des prix et une hausse des exportations sur le marché mondial. La betterave devra alors être compétitive face à la canne à sucre, tant pour la production de sucre que d’éthanol. A l’heure actuelle, les coûts de production français sont encore supérieurs à ceux du Brésil, principal producteur mondial de sucre de canne, d’environ 30%.« Nous nous préparons activement tant d’un point de vue agronomique qu’économique pour faire gagner notre filière en compétitivité et les deux années à venir sont décisives pour atteindre nos objectifs » affirme Eric Lainé, Président de la CGB.
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Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
« marge de main d’œuvre » ? 😉
Il existe exactement le même type de conflit entre culture alimentaire et culture industrielle que pour toutes les autres cultures concernées : la surface consacrée aux betteraves à sucre pour l’éthanol ne peut du coup pas servir à l’alimentation humaine directe ou indirecte (alimentation animale). Je ne dis pas que c’est un mal, il y a également des avantages à produire du carburant renouvelable, juste que le conflit est toujours présent et qu’il vaut mieux trouver un argument réel.
Merci, c’est corrigé 🙂 Vous avez entièrement raison. C’est ce que je qualifie de conflit « indirect » entre différentes cultures et non pas de conflit « direct » entre deux productions issues d’une même culture (le sucre et l’éthanol, par exemple, pour la betterave).