En Floride, un réservoir d’eaux usées menace de rompre au sud de Tampa. Plus d’1 million de m3 d’eaux usées provenant d’une ancienne mine de phosphate pourraient se déverser. Le gouverneur de la Floride a décrété samedi l’état d’urgence et a fait évacuer 300 maisons.

En Floride, un réservoir d’eaux usées, contenant plus d’un million de mètres cubes d’eaux usées, menace de rompre. Les autorités craignent une rupture soudaine et incontrôlée de la retenue d’eau. Une fuite a été signalée le 26 mars. Elle pourrait entraîner une immense inondation et un possible désastre environnemental dans la fragile baie de Tampa. « Ce que nous essayons maintenant d’empêcher (…) est une inondation catastrophique », a déclaré Ron DeSantis, gouverneur de la Florid lors d’une conférence de presse dimanche.
Les inquiétudes se concentrent par ailleurs autour de stocks de phosphogypse sur les lieux. Ce sous-produit issu de la fabrication d’engrais est faiblement radioactif. Ces grands tas de phosphogypse menacent d’être entraînés en cas d’inondation, et donc de contaminer l’écosystème environnant.
Éviter la rupture brutale du réservoir
Samedi, plus de 300 maisons ont reçu l’ordre d’évacuer dans cette zone, au sud de la grande ville de Tampa. L’état d’urgence a été déclaré pour affronter cette potentielle crise sur le site industriel de Piney Point, une ancienne usine de phosphate. « Si nous devions voir une rupture complète, en quelques minutes, environ 340 millions de gallons (plus d’un million de mètres cubes d’eau, ndlr) pourraient se répandre », a déclaré Scott Hopes, un responsable du comté de Manatee. Selon lui, les modélisations montrent qu’une telle rupture entraînerait un « mur d’eau » de 6 mètres de haut.
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Les autorités ont tenté sans succès de colmater la fuite. Depuis la semaine dernière, des experts pompent de l’eau hors du réservoir. Le travail continuait ce lundi afin d’y réduire la pression, au rythme de plus de 130.000 mètres cubes par jour. Cette eau contaminée est déversée dans la baie de Tampa pour éviter que la région soit inondée. Cette solution menace toutefois un écosystème fragile dont dépendent la vie marine mais aussi le tourisme.
Un « désastre environnemental » à éviter
Cette eau « n’est pas radioactive », a rassuré le gouverneur. Il a réclamé à l’entreprise gestionnaire du site, HHK Holdings, de rendre des comptes. Il a assuré que les tests réalisés montrent qu’il s’agit d’eau principalement composée « d’eau saline ». Elle « répond aux standards de qualité pour l’eau marine, à l’exception du phosphore et de l’azote », et des nutriments, a-t-il précisé.
Mais certains ont émis la crainte que ces nutriments n’aident au développement d’une « marée rouge ». Ce phénomène connu dans cette partie du golfe du Mexique engendre la prolifération d’algues donnant à l’eau une apparence rouge. Il menace d’asphyxier la vie marine.
La menace des déchets radioactifs
« Ce désastre environnemental est encore pire du fait qu’il était totalement prévisible », a dénoncé Jaclyn Lopez, responsable pour la Floride de l’organisation environnementale Center for biological diversity. « Les responsables fédéraux doivent nettoyer ces déchets que l’industrie des engrais a jeté sur les communautés de Floride, et immédiatement stopper la production de phosphogypse », a-t-elle déclaré dans un communiqué, en appelant l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) à intervenir.
La responsable en charge de l’agriculture en Floride, Nicole Fried, a adressé un courrier au gouverneur, affirmant que la crise en cours n’était que la dernière affectant le site. « Depuis plus de 50 ans, cette exploitation minière du centre de la Floride a provoqué de nombreux désastres et incidents environnementaux et de santé publique », a-t-elle écrit, ajoutant que le revêtement du réservoir avait déjà cédé à plusieurs reprise par le passé.
Natura Sciences avec AFP