L’Union des aéroports français (UAF) a annoncé ce mardi une année 2020 « catastrophe ». Alors que le projet de loi climat est actuellement à l’étude en commission à l’Assemblée nationale, elle s’alarme d’un encadrement plus stricte de l’aviation dans ce contexte.
La fréquentation des aéroports français a chuté de 67,3%. Sur l’année, ils n’ont accueilli « que » 70 millions de voyageurs contre 214 millions en 2019, fait savoir l’Union des aéroports français lors d’une visioconférence. « C’est une situation complètement inédite pour notre secteur », a affirmé le délégué général de l’UAF, Nicolas Paulissen, pour qui ces chiffres traduisent « l’ampleur de la catastrophe ».
Le volet «aérien» du projet de loi climat fortement critiqué
Thomas Juin, président de l’UAF, a profité de l’occasion pour rappeler l’opposition de son organisation au volet aérien du projet de loi « climat et résilience ». Les députés se sont pour l’instant mis d’accord pour la fin des vols intérieurs lorsqu’une alternative en train existe en moins de 2h30. Le projet vise aussi à encadrer l’extension des aéroports. En plus, la taxe carbone sur l’aérien pourrait augmenter lorsque le trafic retrouvera son niveau d’activité de 2019 en nombre de passagers.
L’UAF dit partager « à 100% » le but d’une baisse des émissions de l’aérien. Mais « la logique pour y parvenir (…) basée sur la décroissance, ne mènera à rien sauf à la destruction d’emplois et de richesses uniquement en France », plaide Thomas Juin. Le secteur aérien mise plutôt sur les biocarburants et l’avion à hydrogène.
Un secteur qui souffre face à la crise sanitaire
La baisse d’activité est plus ou moins intense selon les aéroports. L’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, principale porte d’entrée des voyageurs en provenance de l’étranger, connait par exemple une chute de 70,8% de son trafic. Les aéroports corses s’en sortent le moins mal avec les mesures en faveur de la continuité territoriale. Les deux principaux aéroports de l’île de Beauté ont vu leur fréquentation baisser de 36% et 48%. Pour les mêmes raisons, le trafic de passagers a baissé de 50,5% pour l’Outre-mer.
« Les pertes de chiffres d’affaires se chiffrent en milliards d’euros », alerte Thomas Juin. Selon lui, les charges fixes représentent 80% du total des coûts aéroportuaires. Le gouvernement a annoncé en juin dernier un plan de soutien d’aide de 15 milliards d’euros pour l’industrie aéronautique. Bénéficiant d’avances de 300 millions d’euros en 2020 et 250 millions en 2021 afin de prendre en charge leurs dépenses liées à la sécurité et à la sûreté, les aéroports ont aussi pu compter sur les mesures d’activité partielle, mais la crise s’est déjà traduite par une suppression de 10% de leurs effectifs, selon Nicolas Paulissen. L’UAF espère un début de reprise à l’été avec l’arrivée prochaine d’un passeport sanitaire européen, qui pourra permettre de lever des mesures de quarantaine.
Matthieu Combe