À l’occasion du Congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui se tient à Marseille, les deux associations Notre Affaire à tous et Pollinis ont lancé ce jeudi un recours contre l’État français. Elles l’accusent de manquement dans la protection de la biodiversité, en lien avec l’utilisation « immodérée » des pesticides en partie responsable du déclin des pollinisateurs.
Après l’Affaire du siècle, un recours préalable pour « carence fautive« , porté par Notre Affaire à tous et Pollinis vient d’être déposé. Ce recours baptisé « Justice pour le vivant » vise à faire reconnaître le « manquement » de la France à ses engagements de protection de la nature. Les associations dénoncent des « défaillances » du processus d’autorisation des pesticides de synthèse qui participent à la destruction de la biodiversité. Les associations entendent faire reconnaître la faute de l’État dans la sixième extinction de masse.
« Par son ampleur et sa visée, ce recours constitue une première mondiale, avance Cécilia Rinaudo, coordinatrice de Notre Affaire à Tous. Les récentes actions pour le climat ayant abouti à de nombreux succès, nous avons décidé cette fois-ci de saisir les tribunaux pour lancer la première action en justice citoyenne dans le monde pour la biodiversité. Il est temps que l’État français soit tenu responsable de l’effondrement du vivant et respecte ses engagements ».
Demander justice pour le vivant
« Malgré tous les discours, et au mépris des lois et des conventions nationales, européennes et internationales, l’Etat français a failli à mettre en place un système d’homologation des pesticides réellement protecteur des pollinisateurs et de la faune en général« , a souligné dans un communiqué Nicolas Laarman, délégué général de Pollinis, ONG qui se bat pour la protection des abeilles.
En cas de réponse non satisfaisante de l’État dans les deux mois, les requérants prévoient de se tourner vers la justice administrative. Une procédure identique à celle lancée fin 2018 sur le climat par Notre Affaire à tous et trois autres ONG (Greenpeace, Oxfam, Fondation Nicolas Hulot) dans « l’Affaire du siècle ».
Depuis le Grenelle de l’environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50% de l’usage des pesticides de synthèse en dix ans, les plans successifs ont échoué. La « sortie du glyphosate » promise par Emmanuel Macron ne s’est pas non plus concrétisée et le gouvernement a permis la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes, qualifiés de « tueurs d’abeilles », pour la culture de la betterave.
Matthieu Combe avec AFP