Ce jeudi 16 octobre est la journée nationale consacrée à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Chaque année, les Français jettent dix millions de tonnes de nourriture à la poubelle. Achats en trop grandes quantités ou encore mauvaise planification des repas, plusieurs facteurs sont à l’origine de ce gaspillage. Pourtant, selon un sondage YouGov pour Too Good To Go, les Français sont 92% à considérer que le gaspillage alimentaire est inacceptable.
Du lait tourné avant d’être bu, des tomates pourries avant d’être farcies, et ces aliments terminent inexorablement à la poubelle. Ce geste est bien connu des Français car chaque année, 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées. Ce chiffre édifiant ne concerne que ce qui jeté au sein du foyer, sans compter la restauration hors domicile. C’est pourquoi la France consacre la journée du 16 octobre à la sensibilisation à la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe), cela représente 18% de la production alimentaire annuelle. Et l’agence continue en ajoutant que chaque Français jette 30 kilos de nourriture par an, dont 7 kilos toujours emballés. « 33% du gaspillage alimentaire est le fait du consommateur », explique Lucie Basch, fondatrice de l’application de lutte contre le gaspillage alimentaire Too Good To Go. Notons aussi que ces chiffres n’intègrent pas les pertes alimentaires, autrement dit les denrées qui sont perdues indépendamment du consommateur.
Les Français peuvent limiter le gaspillage alimentaire
Bien que le gaspillage alimentaire soit colossal, les Français semblent indignés par autant de mauvaise gestion des denrées alimentaires. Selon un sondage YouGov réalisé pour l’application anti-gaspillage alimentaire Too Good To Go, 92% des Français considèrent que ce dernier est « inacceptable ». Pour Lucie Basch, « ces chiffres sur la perception des Français sont une bonne nouvelle mais surprennent au regard des 10 millions de tonnes de nourriture jetées chaque année ». Selon elle, ce paradoxe s’explique par le fait que « souvent, les citoyens ne savent pas comment agir ».
Mais malgré ce que dit Lucie Basch, les Français ont tout de même des idées pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Selon ce sondage, 30% des Français estiment que de cuisiner les restes est un bon moyen pour éviter de jeter. Cette initiative est la plus plébiscitée par le panel. La planification des repas et la congélation sont également des solutions envisageables pour 26% et 24% des personnes interrogées. Des efforts restent cependant à faire au niveau de la lecture des dates de péremption. Elles sont souvent mal lues, et sont à l’origine de 20% du gaspillage alimentaire à la maison. Or, seuls 10% des Français estiment la vérification de ces dates comme un bon moyen de lutter contre le gaspillage.
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Le gaspillage alimentaire, un problème qui coûte très cher
Hormis le fait de gâcher des denrées comestibles, ce gaspillage alimentaire a un coût non négligeable. Pour les ménages français, le montant de ces déperditions s’élève à 16 millions d’euros par an. Cela représente plus de 100 euros par an et par personne, ou l’équivalent d’un repas par semaine. Et certains ménages gaspillent beaucoup plus, car cette somme peut monter jusqu’à 1.500 euros par an et par foyer.
Il faut tout de même noter que les consommateurs ne sont pas les seuls responsables du gaspillage alimentaire. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 14% des denrées comestibles sont perdues avant d’arriver au magasin. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces pertes. Les délais de récolte, la manutention et les procédés d’acheminement sont responsables de la majeure partie des déperditions. Les racines et les cultures oléagineuses représentent plus d’un quart des aliments perdus, puis suivent de très près les fruits et légumes. Plus d’un sur cinq est écarté du circuit avant même d’avoir été proposé au consommateur. Le montant des pertes alimentaires s’élèverait environ à 60€ par Français et par an.
Les applications anti-gaspi
Too Good to go, Optimiam, Karma ou encore GEEV… ces applications anti-gaspillage alimentaire aident les Français et les restaurateurs à réduire le gaspillage. Parmi elles, Too Good To Go et Optimiam mènent la danse. Elles proposent des paniers surprises à bas prix : il n’est pas possible de choisir les produits. Avec 7 millions de téléchargements et 17 millions de repas sauvés, l’application Too Good to go travaille avec plus de 14 000 cafés, restaurants, supermarchés, boulangers et hôtels.
À Paris, Karma propose aux restaurants, supermarchés et commerces de proximité de vendre leurs invendus à moins 50%. Avec cette solution le consommateur peut choisir les produits qu’il va récupérer. Enfin, la plate-forme et application GEEV de dons d’objets entre particuliers propose une catégorie « nourriture ». À l’intérieur, on y retrouve des produits frais emballés, des fruits et légumes, des produits surgelés/congelés et des aliments secs.
En parallèle, Framheim, est la startup qui aide les restaurateurs contre le gaspillage alimentaire. L’entreprise établit des diagnostics permettant aux restaurateurs d’analyser la composition de leurs déchets pour, si possible les valoriser. Notre rôle est de gérer le problème à la source » explique Anne Poirot, consultante en alimentation durable chez Framheim. Elle conclut :« c’est ce qui nous différencie des plateformes qui gèrent les invendus. Elles sont certes essentielles, mais dans un monde idéal elles n’existeraient même pas ».
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura-sciences.com