La première étape de la grande cause pour l’environnement lancée par Make.org dévoile ses résultats de consultation de la société civile. « Comment agir ensemble dès maintenant pour l’environnement? », voici la question ouverte qui a été posée en ligne aux Français. Lumière.
La consultation menée pré-confinement, du 5 novembre 2019 au 15 février 2020, aura été une réussite. Elle a rassemblé plus de 540.000 participants, récolté 13.600 propositions et 2,3 millions de votes. En fin de compte, elle fait ressortir 13 consensus autour de 7 grands thèmes : les déchets, l’alimentation et l’agriculture, l’énergie et les ressources, la nature et la biodiversité, la sensibilisation, les transports et la politique fiscale.
Les déchets et l’alimentation, sujets phares de la consultation citoyenne
La thématique phare de la consultation concerne les déchets. Un quart des propositions les plus soutenues portent sur la réduction du suremballage et la recherche de solutions alternatives comme la vente en vrac et le système de consignes. Les Français veulent améliorer les filières et les services de tri et de recyclafe, interdire le plastique à usage unique et augmenter la durée de vie des produits.
Une autre tendance de fond se confirme : l’appétence pour des circuits courts, des produits locaux et de saison, avec un soutien affirmé envers les agriculteurs. C’est la transition agro-écologique vers des solutions bio ou la permaculture, accompagnée par la baisse de l’élevage intensif. « Il y a un besoin d’une économie à l’échelle des gens », prévient Axel Dauchez, président de Make.org. Cette tendance s’est encore renforcée durant la crise sanitaire.
Les propositions s’attachent à renforcer la souveraineté et la sécurité alimentaire. Elle souhaitent notamment éviter les ruptures d’approvisionnement grâce à des circuits courts plus résilients. « En réduisant les intermédiaires et la distance parcourue, les circuits courts ont des vertus sanitaires, environnementales et sociales », avance Alice Cotte, directrice de la communication de La Ruche qui dit oui.
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Mieux respecter les ressources naturelles
Anne-Marie Ducroux, présidente de la section environnement du CESE rappelle que l’empreinte carbone des Français s’élevait à 11,2 tonnes en 2018. Pour respecter l’Accord de Paris, l’objectif est d’atteindre 2 tonnes en 2050. Cela nécessitera des ruptures dans le bâtiment et les transports.
Mieux respecter les ressources concerne d’un côté la lutte contre le gaspillage énergétique et le soutien aux solutions alternatives. Par exemple, « il faut subventionner le chauffage bas carbone (biomasse, pompe à chaleur, solaire thermique…) dans les logements neufs et pour la rénovatios », propose par exemple Yoann Gimbert, 27 ans, ingénieur à Belfort. C’est une nécessité pour réduire l’usage du fioul et du gaz dans le secteur résidentiel. D’autres propositions s’interrogent sur l’interdiction des éclairages nocturnes et des publicités lumineuses.
En parallèle, les Français veulent plus de nature en ville. La revégétalisation des villes et la reforestation des territoires est n sujet qui était déjà ressorti lors des élections municipales. Plus largement, les Français souhaitent limiter la déforestation et améliorer les systèmes de récupération et d’utilisation de l’eau. Des sujets encore plus larges visent à améliorer l’éducation de la population dès l’enfance à l’écologie et aux pratiques responsables. Enfin, il s’agit d’adapter la politique fiscale en fonction des pratiques environnementales des entreprises.
Des controverses de société à aborder pour Make.org
Plusieurs controverses demeurent. Faut-il réduire la consommation de viande, contrôler la démographie et la natalité, notamment par la baisse des allocations familiales, interdire la chasse ou encore recourir ou non à l’énergie nucléaire ? Ces sujets divisent clairement les Français.
Les citoyens s’accordent sur le besoin de limiter les transports les plus polluants. En particulier, ils proposent des taxes sur les paquebots, les avions et les poids lourds. Ils proposent de développer des moyens de transport plus écologiques, comme le vélo et le train. Mais la réduction de la place de la voiture individuelle et le développement de la voiture électrique divisent.
Suite à ces résultats, des ateliers se tiendront fin septembre. Ils réuniront les acteurs de la société civile référents sur le sujet (entreprises, associations, startups, institutions, médias…) pour transformer ces idées en plan d’actions concrètes. Il en ressortira 50 pistes d’actions nationales qui seront débattues pour en sélectionner une dizaine maximum. Dévoilées en mars 2021, elles seront ensuite portées sur le terrain.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura Sciences