Le réseau de réserves du récif de la barrière du Belize, en Amérique centrale, est inscrit sur la liste du Patrimoine en péril de l’UNESCO depuis 2009. Pour le WWF, la découverte d’une nouvelle espèce de requin à l’intérieur de ses eaux appelle à redoubler d’efforts pour protéger la zone et sa biodiversité.
Selon les chercheurs de l’Université de Floride et le Département de Pêche du Belize, le requin découvert ferait partie de la famille des requins bonnet. Ses caractéristiques et son mode de vie n’ont pas encore été détaillés. Néanmoins, le WWF l’affirme : « ses besoins en termes d’habitat se trouvent précisément dans une zone riche en mangroves telles que les eaux du Belize, propices à la reproduction et qu’il est essentiel de protéger ».
Nadia Bood, spécialiste des récifs au WWF-Belize explique que cette espèce de requin ne migre jamais loin. Selon elle, « il est certain que les eaux transparentes du Belize sont un facteur positif pour cette espèce ». Et d’ajouter que cette découverte prouve qu’il s’agit d’ « une aire marine idéale pour accueillir les écosystèmes des plus divers et riches au monde ».
Le récif de la barrière du Belize en proie à de nombreuses menaces
Le réseau de réserves du récif de la barrière du Belize compte sept zones protégées. Il appartient à la plus longue barrière de corail du continent américain. Lors de son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996, l’organisme y voyait « l’un des écosystèmes récifaux les mieux préservés du continent américain ». Mais en 2009, il l’ajoutait à la Liste du patrimoine mondial en péril.
Un rapport du WWF rappelle que plus de 20% des sites naturels du Patrimoine mondial sont menacés de pollution. Les scientifiques estiment que 40% du récif est impacté par la surpêche et les pratiques d’aménagement côtier non soutenables. L’absence de véritable réglementation des activités de construction sur le littoral et au sein du site classé s’est traduite par une généralisation du défrichement des mangroves et du dragage marin. Notamment à cause de la construction de stations balnéaires et de logements. Ces dernières années, la couverture corallienne du récif a régressé d’une superficie équivalente à plus de 6500 terrains de football. Une situation dangereuse pour le Belize puisque les récifs protègent près des deux tiers du littoral. Et les mangroves couvrent environ la moitié de la côte continentale du pays. Aujourd’hui, le changement climatique vient s’ajouter à la pression exercée par les activités industrielles.
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Un récif menacé par les forages pétroliers ?
Selon la Belize Coalition to Save our Natural Heritage, le récif corallien est également menacé par le forage pétrolier sous-marin. Le Gouvernement bélizien a annoncé son intention d’interdire l’exploration pétrolière dans les eaux du site classé au Patrimoine mondial en décembre 2015. Mais la menace plane toujours. Le territoire préservé concernerait 14% de l’environnement marin du Belize. Mais tout forage pratiqué autour de ces eaux pourrait endomager le récif. En effet, la dispersion des sept aires protégées explique que leur santé dépende de la qualité des eaux les environnant.
La coalition a remporté une première victoire en octobre 2016 : le gouvernement du Belize a supprimé plusieurs permis de forage. Mais cette lutte n’est pas terminée : la menace pétrolière fait rage. Le WWF a lancé une pétition adressée à Dean Barrow, Premier ministre du Belize, pour demander une « protection à long terme de ce patrimoine naturel unique ». Celle-ci a déjà récolté plus de 266.000 signatures.
Une biodiversité rare
Les eaux du Belize accueillent 1.400 espèces d’animaux et de plantes, dont 500 espèces de poissons, plus de 400 de plantes, 250 de mollusques et 100 de coraux. Les récifs du Belize assurent la survie de la plus grande population mondiale de lamantins des Caraïbes (espèce classée vulnérable). Mais aussi d’espèces en voie d’extinction : tortue imbriquée, caouanne et tortue verte. Les eaux hébergent 6 espèces menacées de requins, dont le grand requin-marteau, le requin-marteau halicorne et le requin-baleine. Au total, 17 espèces y sont menacées d’extinction selon le WWF.
Les services écosystémiques rendus par la biodiversité sont importants pour l’économie du pays. Ils représentent entre 270 et 390 millions de dollars par an. Plus de la moitié de la population du Belize vit grâce aux revenus du tourisme et de la pêche. Soit 190.000 personnes. Deux secteurs qui dépendent directement du récif corallien.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com