Le requin-baleine, mola mola, a peu d’ennemis naturels, bien que les orques et les requins prédateurs s’attaquent à ses jeunes. En revanche, sa chair, ses ailerons et d’autres morceaux se trouvent de plus en plus souvent sur les marchés asiatiques, un aileron pouvant valoir près de 10 000 €.
La pêche du requin-baleine à Taiwan remonte aux années 1970. Cet animal, surnommé requin-tofu, est devenu là-bas l’un des plats les plus recherchés et 50 000 tonnes sa viande sont produites chaque année sur l’île. Malgré sa protection par la convention de Bonn (CITES 2002), Taïwan en autorise encore la pêche. Une partie considérable de la viande de requin-baleine consommée à Taipei est également importée illégalement de Chine, des Philippines, d’Indonésie et d’Inde. Depuis une dizaine d’années, les spécimens pêchés sont de plus en plus jeunes et de tailles de plus en plus petites. Les autorités taïwanaises tentent, aujourd’hui, de réglementer cette activité en imposant un quota de pêche : 80 requins-baleine par an. Mais malgré ces efforts, la pêche est tolérée officieusement, et dépasse en réalité ces limitations.
La population décroît mais sa disparité en terme géographique et sa mobilité font qu’il est très difficile de recenser le nombre d’individus. Récemment, un chercheur australien, Brad Norman, a démontré qu’il était possible d’identifier les requins-baleine grâce au positionnement exact de leurs tâches blanches, celles-ci étant uniques et constituant en quelque sorte leur “empreinte digitale”.
Le requin baleine fréquente les eaux tropicales du monde entier (Océan Atlantique, Indien et Pacifique), aussi bien au bord des côtes qu’au large, et est observé occasionnellement dans les eaux tempérées. Il est régulièrement rencontré par des plongeurs en surface. Généralement solitaire, il peut former des groupes de plus de cent individus.
Identification et biologie du requin baleine
Le requin-baleine mesure entre 4 et 14 mètres et pèse autour de 10 tonnes. Sa peau est épaisse d’environ 15 centimètres. Sa tête est très large et présente une gueule d’environ deux mètres de large, ce qui lui permet de filtrer 2 000 tonnes d’eau par heure. Il possède environ 3 000 minuscules dents, est lent (5 km/h), mais il parcourt tout de même des milliers de kilomètres. Sa durée de vie est estimée à cent ans ou plus.
Inoffensif pour l’Homme, il ne consomme que du plancton ou des petits poissons de dix centimètres au maximum (sardines, anchois). En revanche, il doit en avaler en grande quantité. Pour cela, il lui suffit d’ouvrir la gueule en nageant un peu plus vite et il peut ainsi engloutir un banc de sardines tout entier. Il constitue donc une exception dans la famille des requins.
Les requins-baleine sont ovovivipares : les jeunes éclosent à partir des œufs fécondés à l’intérieur du corps de la femelle, puis sont libérés dans l’eau. Le nouveau-né mesure entre 40 et 60 centimètres ; il atteint sa maturité sexuelle entre 20 et 30 ans.
Les origines du requin-baleine remontent à 400 millions d’années. L’espèce a été nommée Rhincodon typus. La première observation remonte à 1828.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com