Jeremy Rifkin, fondateur et président de la fondation pour les tendances économiques veut rapidement mettre en route la troisième révolution industrielle. Celle-ci verra émerger des bâtiments à énergie positive partout dans le monde qui pourront s’échanger leur surplus d’énergie grâce à un « internet de l’énergie ».
Pour Jeremy Rifkin, nous sommes à l’aube de la troisième révolution industrielle et « au milieu d’une crise économique mondiale sans précédent ». Véritable « crise de l’espèce humaine », elle marque la fin de la deuxième révolution industrielle. « Cette révolution a créé le changement climatique », dérèglement qui modifie tout le cycle de l’eau, insiste-t-il. La chimie de l’eau est modifiée rapidement, les écosystèmes n’arrivent pas à s’adapter à ces changements trop rapides.
Selon Jeremy Rifkin, les Etats-Unis et le Canada restent dans la logique de la deuxième révolution industrielle. Ces deux pays s’intéressent au pétroles et gaz de schistes. « Ils seront des pays de deuxième plan dans cette troisième révolution industrielle », estime le célèbre moustachu. Selon lui, « il faut être débarrassé du carbone d’ici 30 ans ».
Les nouvelles technologies et la troisième révolution industrielle
« 45 minutes de soleil peuvent faire tourner l’économie mondiale pendant un an », alors même que « le soleil sur le toit de votre usine est gratuit, tout comme les fichiers que vous vous envoyez par internet », rappelle Jeremy Rifkin.
La troisième révolution industrielle est rendue possible grâce à toutes les formes d’énergies renouvelables : solaire, éolien, énergie marémotrice, biomasse, méthanisation, géothermie, etc. Comment collecter ces énergies distribuées mondialement que l’on retrouve partout ? On a pensé à concentrer la récupération du soleil en Italie, le vent au Danemark, mais pour Jeremy Rifkin, ce n’est pas la meilleure solution. Ces idées sont basées sur des réflexions du passé.
« Tout doit être connecté, les nouvelles technologies nous permettent ce changement », estime Jeremy Rifkin. Pour lui, il faut convertir tous les bâtiments en de véritables centrales personnelles qui fonctionnent grâce à la géothermie, au vent, au soleil et grâce à la transformation des déchets. Cette conversion constituerait 40 ans d’emploi pour deux générations. « On attend, c’est cela qui est triste, il ne faut pas attendre ! », se désole-t-il.
Bouygues Construction a construit la première maison à énergie positive dans la banlieue parisienne. En Allemagne, plus d’un million de bâtiments sont des centrales partielles et cela a créé 300 000 emplois. « D’ici 10 ans, des millions de bâtiments devront créer eux-mêmes une partie de leur énergie, d’ici 20 ans, des centaines de millions », prévoit-il.
L’hydrogène sera capital pour Jeremy Rifkin
Le problème majeur des énergies renouvelables est que ce sont des énergies intermittentes. Il faut donc trouver une façon de stocker l’énergie en minimisant les pertes. En Europe, on pense que l’hydrogène est l’avenir du stockage de l’énergie. L’hydrogène stocké dans une pile à combustible pourrait permettre, par exemple, de produire de l’électricité quand le soleil ne brille pas ou que le vent ne souffle pas.
En parallèle, quand des millions de bâtiments ont des surplus, ils les stockeront sous forme d’hydrogène. Un système de programmation permettrait de revendre en partie ce surplus dans les zones qui n’ont pas d’électricité à un moment particulier en raison des intermittences de production. En ce sens, la technologie internet doit être utilisée pour créer un « internet de l’énergie ».
Dans le secteur des transports, les véhicules à base d’hydrogène arriveront sur le marché en 2015. La nouvelle infrastructure de rechargement de ces véhicules devra être reliée à cet « internet de l’énergie ». Cela demande des infrastructures considérables pour permettre les échanges d’énergie.
« Dans les pays émergents, tout est à faire, il n’y a pas d’infrastructure donc cela sera beaucoup plus rapide », précise Jeremy Rifkin. La mise en oeuvre de la troisième révolution industrielle y sera plus rapide, car il n’y aura moins de tensions géopolitiques avec le Moyen-Orient. En revanche, dans les pays industrialisés, on peut imager quelques tensions à cause de l’influence des pays producteurs de pétrole.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com