Selon une étude d’UFC-Que Choisir, les masques chirurgicaux à usage unique sont lavables et réutilisables dix fois. Lavés à 60°C, puis passés au sèche-linge, et repassés, ils conservent leur capacité de filtration. Mais l’association n’a ainsi testé trois masques et les autorités prônent plutôt la réutilisation de masques en tissu. Explications.
Dans une étude parue le 10 novembre, UFC-Que Choisir a validé la réutilisation dix fois de trois masques chirurgicaux vendus en grandes surfaces et d’un vendu en parapharmacie. Mais cela est insuffisant pour généraliser la possibilité de laver et réutiliser les masques à usage unique. Il faudrait que ces tests « soient faits sur l’ensemble des masques et que les fabricants s’engagent à garantir une intégrité et les mêmes résultats que cette étude pour l’ensemble des masques« , explique Bruno Grandbastien, médecin hygiéniste, président de la Société française d’Hygiène Hospitalière à France Info. Les fabricants ne garantissent la protection de leurs masques que pour un usage unique de moins de 4 heures.
Les autorités sanitaires ne valident d’ailleurs pas encore la réutilisation des masques chirurgicaux. Le Haut Conseil de la santé publique encourage toujours l’utilisation des masques grand public réutilisables. Il travaille sur les risques liés à la réutilisation des masques à usage unique ou à la prolongation de leur port dans le champ de la santé ou dans d’autres secteurs industriels. « À ce jour, aucun procédé complet de stérilisation n’est disponible« , estime-t-il.
Et les microplastiques dans tout ça?
Un masque chirurgical à usage unique pèse 4 grammes. Il est principalement composé de polypropylène – un plastique -, de polymère pour les élastiques, de métal ou polypropylène pour la barrette nasale. Or, il a été montré par ailleurs qu’un seul cycle de lavage produit en moyenne 730 000 microfibres de plastiques.
La question se pose donc de savoir quel pourrait être l’impact potentiel de laver en machine ces milliers de masques. Aucune étude scientifique n’a encore évalué la production de microplastiques par le lavage des masques jetables en machine, et leur séchage. « J’imagine que le lavage doit rejeter un peu de microplastiques, mais comparativement aux nombres de lavages que l’on fait par ailleurs, cela reste faible…« , estime pour sa part Stéphane Bruzaud, enseignant-chercheur à l’Université de Bretagne-Sud.
Zero Waste France estime qu’en France, une consommation quotidienne de deux masques jetables par personne produit chaque jour environ 400 tonnes de déchets plastiques. Tout comme le Haut Conseil de la santé publique, l’association recommande donc l’utilisation de masques grand public réutilisables.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences