En plus des raisons médicales, les expositions prolongées à des sources de bruits intenses nuisent à la qualité de l’ouïe. En France, 10% de la population souffrirait de déficience auditive. Or, seules 17% des personnes atteintes d’une pathologie liée au fonctionnement de l’oreille sont équipées d’audioprothèses. Une proportion que le ministère de la Santé espère voir augmenter dès le 1er janvier 2021, dans le cadre du 100% santé.
Neuf Français sur dix estiment qu’une bonne audition est nécessaire pour avoir d’une bonne santé. C’est ce qui ressort de l’enquête Ifop « Quel avenir pour les oreilles des Français ? » réalisée pour l’association JNA (Journée nationale de l’audition). Dans le même temps, 10% de la population française souffrirait de perte d’acuité auditive. Cela se matérialise par des difficultés croissantes à entendre, interpréter et comprendre les sons environnants. Pourtant, seuls 17% de ces Français atteints de baisse de l’audition seraient équipés d’un appareil auditif. Pourtant, de plus en plus de professionnels, à l’image de l’audioprothésiste Vivason , proposent des solutions d’appareillage.
Le 15 septembre dernier, Olivier Véran a rappelé les objectifs d’évolution pour l’année 2021. Ainsi, lors d’une réunion du comité de suivi du dispositif 100% santé, le ministre de la Santé a affirmé son souhait de voir le nombre de ventes d’équipements auditifs augmenter. Olivier Véran espère également que les complémentaires santé ne seront pas une entrave à ce déploiement. « S’il faut avancer 500 ou 800 euros pour des lunettes, des prothèses … les conditions de réussite du 100% santé ne sont pas remplies » déplore le cabinet du ministre.
Des écouteurs à trop haut volume
Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’une baisse d’audition. Elle commence dès lors que la perte de sensibilité aux sons est de 20 décibels. Lorsque cette perte légère intervient, il devient difficile pour la personne d’entendre les voix faibles ou lointaines, notamment dans un milieu bruyant. Selon l’association JNA, l’écoute de musique à un volume amplifié pendant une longue durée est le premier élément qui explique la défaillance auditive. Cette problématique concerne une grande partie des utilisateurs d’écouteurs.
En moyenne, 25% d’entre eux déclarent écouter de la musique à un volume élevé. Or, cette part passe à 43% chez les 15-17 ans. Et cela a des conséquences délétères sur la santé des personnes dont les oreilles sont atteintes. Souvent, ces dernières se plaignent de pertes de concentrations, de stress, de fatigue et d’anxiété. De manière plus générale, toutes les sources de pollutions sonores peuvent dégrader l’audition. C’est pourquoi l’association JNA rappelle « l’urgence de prendre en compte les risques anthropiques afin de développer une nouvelle écologie respectueuse des besoins physiologiques de l’oreille ».
Souhait d’un « engagement politique fort »
Jean-Luc Puel, professeur à l’institut des neurosciences de Montpellier et président du conseil d’administration de l’association JNA, souhaite sensibiliser davantage. « Seul un engagement politique fort permettra de dépasser les résistances au changement dont souffre encore l’audition du fait d’une vision politique uniquement curative » déclare-t-il.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la production mondiale d’appareils auditifs est largement insuffisante. Seuls 10% des besoins mondiaux sont couverts, et seulement 3% de ceux des pays en développement. Or, les prothèses auditives, les implants cochléaires et les dispositifs d’aide à l’audition sont les seuls outils offrant une amélioration durable de l’audition. Dans tous les cas, que la déficience auditive soit engendrée par des causes congénitales ou acquises, aucun remède naturel n’a fait ses preuves.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste de Natura Sciences