Plutôt que de laisser le béton des toitures-terrasses à nu, pourquoi ne pas le recouvrir d’une toiture végétalisée ? Tout en réintroduisant la faune et la flore en ville, la végétalisation apporte une large palette d’avantages au bâtiment aux niveaux acoustique, thermique et environnemental.
Avec l’installation annuelle de plus d’un million de mètres carrés entre 2011 et 2013, le marché des toitures végétales se maintient en France. Les travaux neufs représentent environ 90 % des surfaces installées, contre seulement 10 % pour le marché de la rénovation. L’offre est désormais disponible pour tous les bâtiments : secteur tertiaire, industriel, bâtiments publics, habitats collectifs ou individuels, sur bois, acier ou béton, mais les commandes restent encore majoritairement publiques pour les bâtiments HQUE (Haute Qualité Environnementale).
« Aujourd’hui, les toitures végétalisées sont intégrées aux règles de calculs Th-Bât via le coefficient solaire », se félicite Anne-Marie Gandon, Responsable Marketing de la marque Sopranature de la société Soprema. Cela permettra dorénavant aux calculs des bureaux d’études thermiques de prendre en compte les végétalisations dans le cadre de la Réglementation Thermique (RT) 2012.
En 2014, Paris compte 5,6 hectares de toitures végétalisées. L’objectif de la ville est de développer la végétalisation sur les toits et sur les murs pour obtenir 100 hectares d’ici 2020.
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Trois concepts de végétalisation
En France, 3 concepts de végétalisation de toitures coexistent: extensive, semi-intensive et intensive. Avec un système intensif, c’est un véritable jardin que vous développez sur votre terrasse. La surcharge moyenne est supérieure à 600 kg par mètre carré ; cette solution ne se fait donc que sur du béton. Si elle permet un choix de végétation important, l’entretien est également important et le coût est élevé. L’entretien sera au minimum équivalent à celui d’un jardin au sol, contraintes liées à l’emplacement en supplément.
Avec les systèmes semi-intensifs, la surcharge se situe entre 180 et 350 kg/m2 et le choix de végétation reste large (green et lande pour Sopranature, par exemple). Pour un coût moyen, l’entretien devient limité ! Avec le système extensif, la surcharge n’est plus que de 80 à 200 kg/m2. Il s’agit alors plus d’un tapis végétal que d’un véritable jardin. Comme la végétation est plus sobre (toundra, garrigue, pampa), l’entretien est faible : il est le plus souvent limité à 1 ou 3 passages annuels. Il s’agit donc de la solution idéale pour ceux qui veulent de la verdure pour un moindre prix, un moindre entretien et des contraintes minimales. Ce n’est pas pour rien que la toundra représente 85 % des ventes de toitures végétalisées de la marque Sopranature : ces plantes grasses sont très résistantes et adaptées à une large gamme de bâtiments et de climat.
Notons tout de même que les systèmes green et lande nécessitent un arrosage automatique quelles que soient les conditions d’implantation. Pour les autres systèmes, un point d’eau est à prévoir au minimum. Un système d’irrigation au goutte à goutte peut être à prévoir suivant le climat.
Ces complexes végétaux sont composés de matériaux de culture et de végétaux, combinés à un complexe d’étanchéité léger et résistant à la pénétration des racines. Une isolation thermique est généralement placée sous le revêtement d’étanchéité.
À quoi sert une toiture végétalisée ?
À l’échelle du bâtiment, la toiture est l’une des sources de déperdition d’énergie les plus importantes. La végétalisation permet d’améliorer l’inertie thermique du bâtiment en complétant naturellement l’isolation. Elle favorise le confort thermique d’été et tend à diminuer les besoins en climatisation. Les toitures végétalisées permettent aussi de restituer en toiture les espaces naturels pris au sol par l’ouvrage. Elles créent une « trame verte » en offrant des haltes momentanées aux insectes et oiseaux, créant des liens avec des espaces verts plus vastes (parcs, jardins, etc.).
La végétation améliore ainsi le cadre de vie et rafraîchit l’air ambiant. Par le phénomène d’évapo-transpiration, la végétalisation restitue en effet une partie des eaux de pluies à l’atmosphère, luttant ainsi contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain renforcé par l’air sec pollué. Le système permet également de réguler l’évacuation des eaux de pluie, dans un milieu urbain devenu totalement imperméabilisé. Selon l’association des toitures végétales (Adivet), la demande reste toutefois encore majoritairement d’ordre esthétique (paysagère) qu’écologique.
Il est possible d’associer végétalisation et production énergétique. Ainsi, Solardis, filiale de Soprema vient a lancé en 2013 une offre associant toiture végétalisée et panneaux phovoltaïques, sous le nom de Sopra Solar Tilt Green. « Aujourd’hui, il faut associer production d’énergie et environnement végétal pour répondre aux problématiques de l’îlot urbain, territoire à énergie positive vers lequel on se dirige dans le cadre de la RT 2200 », prévient Jean Damian, Directeur d’exploitation de Solardis. Si vous souhaitez végétaliser votre toiture, l’Adivet peut vous aider à trouver un prestataire made in « votre région » !
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Les toits végétalisés souffrent en France de plusieurs contraintes :
– des municipalités qui ne les souhaitent pas / un PLU trop rigide par rapport à ces nouveaux toits
– des incitations / contraintes fiscales pas assez importantes pour généraliser leur usage
– une méconaissance du public avec des craintes quant à l’étanchéité notamment
– peu de prestataires au niveau local.
En partenariat avec le CNRS et Météo France, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France a récemment publié une Note rapide sur les stratégies de végétalisation pour aider les villes à faire face aux canicules.