En France, plus de sept millions de logements sont des passoires thermiques. Face à la hausse des températures, rénover et isoler son logement devient incontournable pour assurer un bon confort thermique. Mais pour cela, encore faut-il trouver le bon professionnel, et appliquer les techniques de rénovation adéquates.

Les Français en ont conscience : pour s’adapter au changement climatique, il faudra rénover et isoler son logement. Remplacement de fenêtres, réfection de toitures, isolation des combles, ou encore pose d’une pompe à chaleur sont désormais des gestes courants. Ainsi en 2019, le marché de la rénovation de logements a atteint 30,4 milliards d’euros, selon d’Ademe. Cette manne profite particulièrement aux artisans experts du BTP.
Selon Prix Pose, plateforme qui met en relation particuliers et professionnels du secteur du bâtiment, la visibilité numérique est essentielle. Désormais, la majeure partie des clients effectue des recherches en ligne pour trouver l’artisan idéal afin de réaliser leurs travaux. Mais d’une région à l’autre, il n’est pas toujours aussi simple de dénicher la perle rare. En Île-de-France et en PACA, seules 20% des demandes passées sur la plateforme restent sans réponse. Mais en Bretagne ou en Bourgogne-Franche-Comté, cette proportion explose et s’élève à 53%.
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Cette disparité de disponibilité d’artisans qualifiés selon les régions s’explique par des raisons démographiques. Les données de l’Insee révèlent que plus une région est peuplée, plus il y a de chances que les travaux soient menés à bien, et inversement. De même, il apparaît que plus une région compte d’artisans, plus il est aisé de faire réaliser des travaux. Pourtant, la France entière est concernée par des problématiques d’efficacité énergétique des habitations. En effet, selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique, 17% des logements français, soit 5,2 millions, ont un DPE F ou G, et seraient des passoires énergétiques. À ceux-là s’ajoutent 2 millions de résidences secondaires et de logements vacants dont le diagnostic thermique n’est guère meilleur.
Rénover son logement pour se prémunir des îlots de chaleur
Or, l’évolution du dérèglement climatique, impose de devoir rendre les habitations plus résilientes et moins énergivores. Dans le premier volet de son sixième rapport sorti à l’été 2021, le Giec indiquait que « de nombreux changements dans le système climatique s’amplifient [et] comprennent des augmentations de la fréquence et de l’intensité des températures extrêmes ». Ensuite, les scientifiques à l’origine du rapport ajoutent que « chaque 0,5 °C supplémentaire de réchauffement climatique provoque des augmentations clairement perceptibles de l’intensité et de la fréquence des températures extrêmes, y compris les vagues de chaleur ».
De plus, la multiplication de ces épisodes aura un impact direct sur la chaleur ressentie en ville. Dans le deuxième volet de son rapport consacré à l’adaptation au changement climatique, le Giec affirme que « l’urbanisation continue et les vagues de chaleur de plus en plus sévères liées au changement climatique vont amplifier encore davantage l’effet des îlots de chaleur urbains (ICU) ». Le géographe-climatologue Olivier Cantat désigne l’ICU comme étant une « sorte de dôme d’air plus chaud couvrant la ville », conséquence des activités humaines dans les villes.
À venir en France, des vagues de chaleur interminables
Afin d’évaluer plus précisément l’impact de la hausse des températures sur le climat hexagonal, un consortium de chercheurs venus du CNRS, de Météo-France et du Cerfacs a adapté les projections du Giec à la France. Ainsi, ces derniers ont établi que le réchauffement climatique au cours du XXIème siècle dans notre pays pourrait être 50% plus intense que prévu.
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Réalisé en 2014 sous la direction du climatologue Jean Jouzel, le rapport « Le climat de la France au XXIème siècle » indique la hausse des températures entre 2071 et 2100 pourrait être associée à une forte augmentation des vagues de chaleur estivales. Celles-ci pourraient même « dépasser les 20 jours ». À titre de comparaison, en 2022, la France a connu un record de 33 jours de chaleur intense, scindés en trois épisodes distincts. Durant le dernier tiers du siècle, les périodes de sécheresse devraient également durer plus longtemps. Cela arrivera en particulier dans une large partie sud du pays.
Peinture innovante et fenêtre pleine d’eau pour rénover son logement
Dans ce contexte, plusieurs acteurs du secteur du bâtiment s’interrogent sur l’avenir de l’habitat. C’est pourquoi Nurra Barry, co-fondatrice de la start-up Carbon Saver estime qu’il est « essentiel de repenser la construction en tenant compte les évolutions climatiques. Par exemple, il n’est peut-être pas pertinent d’exposer un logement plein sud sur la Côte d’Azur », explique-t-elle.
En fait, le BTP doit faire doit faire face à deux défis majeurs. Premièrement, les habitations doivent devenir plus résilientes face à la hausse des températures, sans avoir nécessairement recours à la climatisation. C’est dans ce cadre que des start-ups développement des peintures blanches innovantes destinées à limiter la chaleur sous les toits. Celles-ci ne contiennent plus de dioxyde de titane, qui absorbe les rayons UV, mais d’autres composés tels que la barytine. Selon le BRGM, cette substance, lorsqu’elle est pure, « n’a aucune toxicité pour l’homme ». Autre idée innovante : injecter de l’eau dans les fenêtres. Ce procédé insolite a été mis au point par une équipe de l’université de Loughborough (Royaume-Uni). Il permet de laisser entrer la lumière dans une pièce, mais pas les rayons infrarouges qui la réchauffent.
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Deuxièmement, les professionnels du BTP doivent parvenir à réduire l’empreinte carbone de leur secteur. Selon la Fédération française du bâtiment, les édifices résidentiels et tertiaires produisent 24% des émissions de CO2 annuelles. Ces mêmes bâtis consomment 44% de l’énergie utilisée sur le territoire. Or, la loi de transition énergétique prévoit que d’ici 2030, le secteur du BTP réduise sa consommation d’énergie de 20% par rapport à 2012 et ses émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à 1990.