Grêle, sécheresse, tempêtes… Les événements météorologiques violents sont de plus en plus fréquents et intenses à cause du dérèglement climatique. Face à ce constat, l’agéa, le syndicat représentatif des agents généraux d’assurance, présente son livre blanc sur les enjeux assurantiels liés au climat.
Inondations, murs fissurés, vitres brisées… Les dégâts causés par les catastrophes naturelles se multiplient en raison du dérèglement climatique. Dans ce contexte, l’agéa, le syndicat représentatif des agents généraux d’assurance, a créé, en octobre 2022, son groupe de travail sur le climat. Celui-ci avait pour objectif d’étudier les enjeux assurantiels liés au risque climatique. L’agéa a publié les résultats de ce groupe de travail dans son livre blanc dédié aux enjeux assurantiels liés au climat. “Dans un contexte de hausse préoccupante de la sinistralité d’origine naturelle, nous devons relever le défi de la transition écologique. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines ! Mais des solutions existent”, assure Pascal Chapelon, président d’agéa, en ouverture de celui-ci.
Publié en janvier 2024, ce rapport présente 17 propositions pour adapter le monde de l’assurance au dérèglement climatique. “La philosophie de ce projet est de maintenir une assurabilité sur tous les zones et tous les territoires français”, a expliqué Pascal Chapelon lors d’une présentation du livre blanc, organisée par l’association des journalistes de l’environnement (AJE) ce 20 février. Ainsi, la fédération propose le maintien d’une “offre assurantielle en multirisque habitation (MRH) et en multirisque professionnelle (MRP) sur tout le territoire pour bénéficier du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles”. Cependant, l’agéa précise que “ces mesures devront être adaptées dans les territoires ultramarins, en raison de leur situation spécifique”.
Nécessité de mobiliser de nouveaux financements
Face à la hausse de la sinistralité en France, il faudra mobiliser de nouveaux financements. Selon l’agéa, aujourd’hui, la moitié des dommages sont liés au dérèglement climatique. Ce chiffre devrait encore augmenter et représenter une part d’environ 75% d’ici à 2050. D’après le livre blanc de la fédération, “les dégâts cumulés causés par les aléas naturels atteindraient 143 milliards d’euros sur la période 2020-2050, contre 74,1 milliards d’euros sur la période 1989-2019, soit une hausse de 93 %. La croissance serait plus forte pour la sécheresse (+ 215 %) que pour les inondations (+ 87 %) et les tempêtes (+ 46 %)”.
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Actuellement, c’est le « fonds Barnier », ou fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) qui soutient des mesures de prévention ou de protection des personnes et des biens exposés aux risques naturels majeurs. Celui-ci « peut être mobilisé pour des dépenses d’investissement des collectivités territoriales afin de réaliser des études, des travaux ou des équipements de prévention ou de protection contre les risques naturels. Il peut également financer les actions d’information préventive sur les risques majeurs, qui contribuent à développer la conscience du risque« , précise le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Mais tel qu’il fonctionne actuellement, ce fonds risque de ne plus être suffisant dans les prochaines années. L’agéa prévoit ainsi sa revalorisation, et l’inclusion des risques liés à l’érosion dans son périmètre de compétences.
Diagnostiquer et mieux définir les risques
L’agéa préconise également de “créer, pour chaque bien immobilier et foncier, un diagnostic de vulnérabilité aux risques naturels”. Celui-ci fonctionnerait “sur le même modèle que celui sur la performance énergétique”. Le score obtenu pourrait alors influer sur les conditions d’accès aux contrats d’assurances pour les particuliers et les professionnels.
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L’agéa défend enfin la création d’un “observatoire sur l’assurabilité des risques climatiques, afin de centraliser les données sur la sinistralité et l’offre assurantielle sur le territoire national ». En effet, selon Pascal Chapelon, il n’existe pas encore de définitions unanimes des zones à risques. En somme, un assureur peut déclarer une zone comme étant à risque d’inondations, lorsqu’un autre ne la déclarera pas inondable. Un observatoire général permettrait donc d’unifier ces messages.
Un système assurantiel à adapter
Avec ces propositions, l’agéa souhaite combler les faiblesses du système assurantiel français. Par exemple, il encadre encore mal le phénomène de retrait-gonflement des argiles, les forêts et le recul du trait de côte. De plus, l’agéa note un manque de solutions d’assurance pour plusieurs secteurs industriels. Par exemple, le photovoltaïque ou encore les nouveaux matériaux de construction et les matériaux recyclés.
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La préservation du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles (Cat Nat) est une autre priorité pour l’agéa. Selon la fédération, celui-ci est globalement satisfaisant depuis 1982. D’après le gouvernement, le régime Cat Nat « permet aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités d’être indemnisés en cas de situation déclarée « catastrophe naturelle’. Toutefois, “le régime Cat Nat n’est plus adapté à la hausse de la sinistralité naturelle dans les prochaines années”, précise l’agéa. En effet, tout comme pour le fonds Barnier, le régime Cat Nat deviendra insuffisant face aux changements à venir. “Selon la Caisse centrale de réassurance, le régime ‘Cat Nat’ ne dégagera plus assez de réserves pour couvrir les seuls épisodes de sécheresse à l’horizon 2040”, détaille le livre blanc.
Le gouvernement planche déjà sur la nécessaire évolution du secteur assurantiel. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, ont notamment lancé une mission sur l’assurabilité des risques climatiques en mai 2023. D’après l’agéa, “France Stratégie table sur 66 milliards d’euros d’investissements par an jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015, dont la moitié serait portée par les finances publiques. Pour le reste, le secteur de l’assurance doit se mobiliser pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain. La hausse des primes d’assurance et la mobilisation de l’argent public ne pourront pas être les seules réponses”.