Le monde gaspillerait 30% de la nourriture produite chaque année. C’est en tout cas ce qu’affirmait l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) suite à leur étude de 2011. Où en est le gaspillage alimentaire en 2024, presque quatre ans après la mise en place de la loi anti-gaspillage ? On fait le point.
“À l’échelle mondiale, un tiers de la nourriture produite pour la consommation humaine est perdue ou gaspillée”. C’est à cette conclusion qu’arrivait l’étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2011. Selon l’Ademe, le “gaspillage alimentaire est défini comme étant toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée”. En France, depuis 2013 et le lancement du pacte de lutte contre le gaspillage alimentaire, plusieurs mesures visent à limiter le gaspillage alimentaire.
La mesure la plus importante est la loi Agec, ou loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, promulguée en février 2020. Celle-ci a pour objectif de lutter contre les gâchis et la surconsommation inutile. Elle a notamment entraîné la création du label national anti-gaspillage alimentaire et prévoit de réduire de 50% les déchets alimentaires d’ici à 2025 ou 2030. Cette date limite varie selon les secteurs et la réduction se mesure par rapport aux niveaux de 2015. Si les résultats de la loi AGEC ne sont pas encore mesurables, pour suivre les avancées, encore faut-il avoir des données comparables…
Entre 2016 et 2021, de nouvelles données sur le gaspillage
En 2016, l’Ademe a publié une étude pour en savoir plus sur l’ampleur du gaspillage alimentaire en France et décortiquer le contenu de nos poubelles. Ainsi, chaque année ce sont “10 millions de tonnes de produits perdus et gaspillés pour l’alimentation humaine”, estime l’agence. En d’autres mots, un habitant-type jetait 150 kg de déchets alimentaires par an. Selon l’étude, l’impact carbone de ces pertes et gaspillages correspondait à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2 (Mteq).
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L’Ademe n’a pas actualisé ces chiffres depuis, mais d’autres obligations arrivent de l’échelon européen. « Une directive européenne datant de 2019 impose aux États membres de publier des chiffres actualisés sur le gaspillage alimentaire à compter de 2022, partage Laurence Gouthière, ingénieure en charge de la lutte contre le gaspillage alimentaire à l’Ademe. En France, c’est le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire qui s’est chargé de ce premier exercice de rapportage des données.
Publiés en 2022 sur le portail Eurostat, les résultats se basent sur les données de l’année 2020. D’après le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, cette année-là en France, le gaspillage alimentaire s’élevait à plus de 8,7 millions de tonnes. Cependant, il n’est pas possible de comparer les données de l’Ademe et du ministère. “Les données de 2016 et 2020 ne sont pas comparables, car les périmètres et les méthodes de calcul sont différents”, précise Laurence Gouthière. “En revanche, ces données seront dorénavant suivies dans le temps”, souligne-t-elle. En effet, en octobre 2023, le ministère a publié les chiffres de l’année 2021. Résultat ? Le gaspillage alimentaire est resté au même niveau qu’en 2020. Ces données permettront de suivre l’évolution du gaspillage alimentaire en France dans les prochaines années.
Près de la moitié du gaspillage alimentaire se fait au niveau des ménages
Selon l’étude du ministère de l’agriculture parue en 2022, les ménages seraient à l’origine de près de la moitié (46%) des déchets alimentaires. Viennent ensuite les industries agroalimentaires (20%), la production primaire (14%), la restauration (13%) et enfin la distribution (7%).
Pour limiter le gaspillage alimentaire au niveau des ménages, les opérations de sensibilisation et d’éducation ont pourtant montré leur efficacité. Cela a notamment été le cas de la Zéro Gâchis Académie, une opération nationale menée par l’Ademe et trois associations de consommateurs (CSF, CLCV, Familles Rurales) en 2019. Cette initiative a accompagné 243 foyers pendant trois mois. Cela leur a permis de prendre conscience de l’ampleur du gaspillage alimentaire et de mettre en place certains gestes anti-gaspi dans leur quotidien.
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Les résultats sont sans appel. D’après le compte rendu de l’Ademe, les foyers ayant participé à l’opération ont réduit leur gaspillage alimentaire de 59%. “Les foyers passent en moyenne de 25,5 à 10,4 kg gaspillés par an et par personne, soit 30 repas économisés”, explique l’agence. Et ce n’est pas tout, le changement amené par la Zéro Gâchis Académie semble durable. En effet, “3 mois après l’opération, les foyers continuent d’appliquer les bons gestes”, témoigne l’Ademe.