Fin 2016, l’Agence bio estime que le marché bio dépasse les 7 milliards d’euros, contre 5,76 milliards fin 2015. Une dynamique historique poussée par une hausse des surfaces cultivées, des conversions, des entreprises et de la consommation. Malgré cela, les agriculteurs sont dans la tourmente : ils n’ont pas reçu leurs aides depuis 2015 !
Le marché des produits bio a gagné plus de 20% en 1 an, selon les nouveaux chiffres de l’Agence bio. Notamment, les magasins spécialisés connaissent une hausse de leurs ventes, de l’ordre de 25%. En période de crise agricole, les consommateurs se tournent vers des produits qu’ils jugent meilleurs pour leur santé et plus respectueux de l’environnement.
Résultat, les surfaces agricoles conduites en bio décollent. Fin 2016, elles atteignent 1,54 million d’hectares. Soit une hausse de 16%. Sur ce total, près d’un tiers sont en conversion, dont au moins 250.000 en première année de conversion. Cela témoigne de la forte dynamique de développement du secteur. Désormais, 5,7% de la surface agricole utile française connait des pratiques bio, contre encore 4,9% fin 2015 et 2% fin 2007.
Lire aussi : Consommateur bio: que recherche-t-il?
Des filières bio en plein développement
Tous les indicateurs sont au vert. Les fermes bio représentent désormais 7,3% des fermes françaises et 10 % des emplois agricoles. En parallèle le nombre d’entreprises se développe. A la fin de l’année, le secteur bio regroupe 32.226 fermes et 14.859 transformateurs, distributeurs, importateurs et exportateurs. Soit des hausses respectives de 12% et 10% par rapport à 2015. Trois régions regroupent plus de 50% des producteurs : l’Occitanie (22%), l’Auvergne-Rhôle-Alpes (15%) et la Nouvelle-Aquitaine (15%).
Toutes les filières sont concernées par la dynamique de conversions en 2016. Notamment, face à la crise laitière et la chute du prix du lait, l’élevage bovin laitier bio connait un essor sans précédent. 720 nouveaux éleveurs laitiers sont en conversion vers le bio. Soit une augmentation du cheptel d’environ 30%. Même son de cloche en raison de la chute du prix de la viande. Ainsi, plus de 500 producteurs spécialisés dans l’élevage de bovins allaitants se sont engagés sur l’année. 25.000 vaches allaitantes sont ainsi en conversion. « La dynamique de conversion semble se maintenir en ce début d’année », se félicite l’Agence bio.
Lire aussi : Le vin bio en pleine expansion!
Malgré tout, des producteurs bio dans la tourmente?
Malgré ce fort engouement, les agriculteurs bio sont dans la tourmente. La fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) pose la question « Qui veut casser la dynamique de l’agriculture bio française? » dans un communiqué du 16 février. Elle explique que les aides à la conversion et au maintien, les deux subventions majeures du secteur, n’ont pas été intégralement versées pour 2015 et 2016. Même constat pour certaines mesures agro-environnementales, versées au titre de la Politique agricole commune (PAC).
Problème : le plan Ambition bio 2017 est doté d’une enveloppe de 160 millions d’euros par an. Mais les conversions ont été beaucoup plus importantes que prévu et les fonds manquent. Par ailleurs, les aides pour mesures agro-environnementales, versées au titre de la PAC, sont gérées par les Régions depuis 2015. Et les aides n’arrivent pas.
Faute de liquidités, les agriculteurs bio doivent s’endetter. La FNAB demande donc au Gouvernement « le paiement immédiat des aides 2015 et 2016 et la prise en charge par l’Etat et les régions des intérêts sur les prêts contractés par les paysans bio pour faire face aux retards ». Le ministre de l’agriulture Stéphane Le Foll pourrait profiter du Salon de l’agriculture, du 25 février au 5 mars, pour répondre à cette situation « intenable ».
Auteur : Matthieu Combe, journaliste du webzine Natura-sciences.com