L’Afrique est actuellement en proie à l’insécurité alimentaire. Avec une population sub-saharienne appelée à presque doubler d’ici 2050 selon l’ONU, il est d’autant plus urgent de développer et pérenniser les ressources alimentaires et l’agriculture.
“Près de 43 millions de personnes font face à l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest en 2023, un quadruplement depuis dix ans”, calcule l’Agence Française de Développement (AFD). Malgré cette sentence, l’Afrique est le continent qui devrait présenter la plus grande croissance démographique ces prochaines années. Si près de 1,2 milliards de personnes vivaient en Afrique sub-saharienne en 2022, selon les perspectives démographiques mondiales de l’ONU, cette population devrait atteindre les 2,1 milliards en 2050.
Une telle croissance démographique entraîne nécessairement une augmentation des besoins alimentaires. Pour faire face à cette demande future, de nombreuses initiatives se mettent en place dès aujourd’hui. Leur point commun : développer une agriculture la moins polluante possible et locale. Tour d’horizons de quatre exemples remarquables.
Jardins d’Afrique : le développement local pour l’avenir des jeunes sénégalais
Au Sénégal, l’association Jardins d’Afrique a pour objectif de “favoriser le développement local et les entreprises agricoles familiales en zone sub-saharienne”. Pour lutter contre la pauvreté des campagnes sénégalaises et pour aider les jeunes à y construire un avenir, Jardins d’Afrique “mène des actions de formation et de diffusion des pratiques agro-écologiques qui visent à faciliter l’installation et l’autonomie des entrepreneurs fermiers”.
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Par exemple, au travers de la ferme école agro-écologique de Kaydara, l’association a pour objectif de former les jeunes de la région à “une agriculture économe, autonome, performante, maîtrisable et respectueuse de l’environnement et de la nature”. Au bout de 9 mois de formation pratique et théorique, les jeunes reçoivent une attestation de formation et s’engagent “à mettre en application les leçons apprises en vue de promouvoir l’agro-écologie dans leur village”.
Solidagro : soutenir le droit à l’alimentation pour tous
Implantée entre autres au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso, l’association Solidagro vise à renforcer le mouvement agro-écologique « en tant que modèle pour l’agriculture et la société durable”. “Sur les 870 millions de personnes qui souffrent de la faim, les deux tiers sont des agriculteurs”, explique l’association. Solidagro se bat pour le droit à l’alimentation pour tous et toutes et “soutient le droit des peuples et des États de déterminer de manière autonome leur propre politique agricole et alimentaire”.
Pour cela, l’association s’allie aux agriculteurs afin de déployer des solutions concrètes. Celles-ci prennent la forme d’initiatives pratiques pour améliorer directement l’activité des agriculteurs. Par exemple avec “la construction de potagers, de puits, de l’irrigation, de banques de semences, l’introduction de cultures adaptées”, explique Solidagro. L’association encourage également les créations de coopératives et d’organisations d’agriculteurs. Celles-ci permettent, entre autres, de travailler pour la sécurité alimentaire, imposer des changements politiques ou acheter du matériel commun. Enfin, Solidagro propose diverses formations, des techniques de fertilisation durables à l’exploitation commerciale.
Association 4A : fertiliser les sols pour l’autonomie alimentaire africaine
Créée en 2015, l’association 4A “agit pour soutenir et impulser les filières agricoles en Afrique dans une démarche de développement durable”. Au travers de ses actions, 4A revendique des impacts écologiques, sociaux, coopératifs et économiques. L’association met notamment en avant sa méthode de fertilisation des sols grâce à l’humus issu de légumineuses. Selon 4A, ces “techniques optimisent le processus de stockage et d’assimilation de carbone, permettant agriculture et reforestation”.
Pour améliorer l’autonomie alimentaire africaine, l’association 4A se concentre sur quatre actions principales. En premier lieu : l’amélioration de la résilience des sols. Puis, le développement des filières de productions agricoles biologiques avec valorisation des produits locaux. Ensuite, la lutte contre la déscolarisation, par la création et l’approvisionnement de cantines. Enfin, l’indépendance économique des femmes africaines, notamment via la gestion d’activités agricoles durables.
OCOP : « un pays, un produit prioritaire »
L’initiative « un pays, un produit prioritaire » (ou OCOP pour One Country One Priority Product) a été lancée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Elle vise à construire une chaîne alimentaire plus durable. L’une de ses mesures phare est de déterminer les produits agricoles locaux les plus importants et les plus adaptés pour chaque pays. D’après la FAO, “avec l’engagement des gouvernements, les pays africains peuvent devenir des contributeurs clés aux marchés régionaux et internationaux pour leurs produits agricoles, et favoriser les progrès vers les objectifs de développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté et de la faim et la réduction des inégalités”.
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Cette initiative, dévoilée en mars 2022, a été chaleureusement accueillie. “Je suis convaincu que les agriculteurs d’aujourd’hui et de demain, en particulier en Afrique centrale, sortiront gagnants”, déclarait alors H.E. Désiré M’Zinga Birihanze, ministre de l’Agriculture de la République démocratique du Congo. Masia Johane, secrétaire principale adjointe du ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire du Lesotho, a appuyé ces propos. “L’OCOP est considéré par le gouvernement du Lesotho comme un catalyseur de la transformation rurale”. La FAO compte offrir ses services et réseaux pour promouvoir les produits des participants à l’initiative dans le monde entier.