Face à la menace des PFAS, ces « polluants éternels » qui s’invitent dans notre environnement, les filtres aux charbons actifs s’imposent de plus en plus. Une solution efficace qui doit être bien maîtrisée.
Rumilly, ville située à mi-chemin entre Annecy et Aix-les-Bains (Savoie), est « la capitale mondiale de la poêle ». Son usine Tefal est le premier employeur revendiqué du département. Mais le revers de la médaille est une pollution aux PFAS découverte à l’automne 2022 sur deux des trois captages d’eau potable alimentant la ville. Nocifs pour la santé et très persistants dans l’environnement, cette famille de composés chimiques entre notamment dans la composition de poêles antiadhésives, avec des revêtements en téflon ou PTFE (polytétrafluoroéthylène).
La Communauté de Communes de Rumilly Terre de Savoie a donc fait installer une unité de traitement d’eau potable, incluant des filtres aux charbons actifs, sur le captage connu sous le nom de « Madrid ». Le 18 mars 2024, le groupe SEB annonçait que son usine Tefal de Rumilly proposait de prendre en charge les frais de fonctionnement de l’unité de traitement des eaux mise en œuvre dans la commune pour juguler la pollution aux PFAS.
L’unité en question a réussi à juguler cette pollution aux conséquences potentiellement désastreuses. Le coût de l’investissement ? Près d’1,1 million d’euros hors taxes, pris en charge à 53 % par le Département, 27 % par l’État et 20 % par la Communauté de Communes de Rumilly Terre de Savoie. Mais il fallait prévoir en plus un surcoût de 360.000 € pour changer régulièrement les charbons actifs. Cette facture, initialement destinée à être répercutée sur les citoyens, pourrait ainsi être prise en charge par le groupe industriel.
Au-delà de Rumilly : l’exemple valentinois
Valence, autre épicentre rhônalpin touché par la contamination des eaux potables aux PFAS, est un second exemple qui prouve l’efficacité des filtres aux charbons actifs. Trois mois après l’installation d' »entre 80 et 90 centimètres de charbons actifs » , la régie « Valence Romans eau » annonçait à France 3 régions des résultats particulièrement encourageants avec un taux de PFAS réduits de 107 nanogrammes par litre à zéro, lorsque la norme européenne est fixée à 100. Une nouvelle enthousiasmante quand on sait que plus de 100 sites en Auvergne-Rhône-Alpes sont contaminés par ces polluants, menaçant directement l’eau potable de 166.000 habitants.
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La station de Mauboule dans la banlieue de Valence, dotée de ces fameux filtres aux charbons actifs, illustre que le procédé devient un allié pour les pouvoirs publics qui cherchent à endiguer cette pollution. Désormais, la régie envisage même de généraliser cette solution à l’ensemble des captages du territoire de Valence et cela même en l’absence de contamination avérée.
Des filtres à charbon à retraiter
L’efficacité des filtres à charbon actif repose sur un principe d’adsorption et non d’absorption. Les molécules nocives se fixent à la surface poreuse du charbon plutôt que de s’incorporer dans la totalité de son volume. Cette méthode permettrait d’éliminer entre 70 et 80% des PFAS, réduisant ainsi significativement leur présence dans l’eau traitée.
Dans les unités de traitement des eaux, le charbon chargé de PFAS est recyclé et remplacé tous les cinq ans. Traité à très haute température, les composés nocifs sont alors éliminés et le charbon peut même être réutilisé. Cette approche assure non seulement la purification de l’eau, mais contribue aussi à un cycle de traitement plus écologique, en évitant le renvoi des PFAS dans l’environnement.
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Petit bémol toutefois : depuis quelques années, de nombreuses solutions de purification de l’eau « à domicile », proposent des filtres à charbon actif, certains étant même intégrés aux carafes. Un succès commercial à la hauteur des craintes des consommateurs à l’égard de la qualité de leurs eaux minérales. Si ces solutions permettent de réduire certains contaminants, le filtre doit régulièrement être changé. Et il est la plupart du temps jeté dans la poubelle ménagère. Dans ce cas, les substances toxiques peuvent être libérées lors de l’incinération des filtres ou de leur mise en décharge. Il est donc important de rapporter vos filtres en points d’apports volontaires, si votre fournisseur propose cette solution.