Fabriquer un cuir artificiel, écologique et végan. Tel est le pari fou que se sont lancés deux jeunes entrepreneurs néerlandais. Leur recette : des fruits invendus.
Allier mode, véganisme et économie circulaire, c’est possible. L’entreprise néerlandaise Fruitleather va prochainement commercialiser un faux cuir innovant, fabriqué à partir de fruits invendus. Pour l’instant, les clients potentiels peuvent acheter un pack d’échantillons, pour la coquette somme de 50 euros. « En achetant cet échantillon, vous contribuez à la croissance et au développement de notre société », écrivent les deux fondateurs, Koen Meerkerk (24 ans) et Hugo de Boon (25 ans). La boîte contient quatre faux cuirs, format A5, de différentes couleurs et textures.
Le procédé de fabrication se divise en cinq étapes. D’abord, enlever les graines. Mixer les fruits puis faire bouillir la substance, pour éliminer les bactéries. Étaler cette « soupe » de fruits sur une surface dédiée pour la faire sécher. Découper et travailler ce faux cuir. « Afin d’obtenir une apparence de cuir, une finition finale est appliquée », explique l’entreprise sur son site. Les fondateurs tiennent en revanche les détails du procédé secrets.
Du faux cuir pour rendre utile l’inutile
Ce projet est né en 2015, alors que Hugo de Boon et Koen Meerkerk étaient étudiants à l’école d’art Willem de Kooning Academy, à Rotterdam. « Nous voulons montrer, explique le premier dans une vidéo, que vous pouvez faire plus avec des choses étiquetées ‘’inutiles’’. Sans utiliser de nouvelles ressources. »
Les deux entrepreneurs vendront ce faux cuir à des entreprises et designers, notamment. La matière servira à fabriquer des sacs, des chaussures ou encore du mobilier. « Nos produits pourraient remplacer le cuir animal. C’est du moins notre grand objectif », affirme Hugo de Boon, dans la même vidéo. Ces startuppers apprécient particulièrement travailler la mangue. En effet, certains fruits sont difficilement transformables en faux cuir. « Nous avons été assez bêtes, par le passé, pour utiliser de la pastèque. Or, ce fruit est composé à 95 % d’eau », ajoute-t-il. Des tentatives infructueuses ont également été menées avec des légumes, tels que des pois.
La filière cuir traditionnelle critique le faux cuir
Pour rappel, le terme « cuir » est protégé par un décret du 8 janvier 2010. « Est considéré comme du cuir le produit obtenu de la peau animale au moyen d’un tannage ou d’une imprégnation conservant la structure naturelle des fibres de la peau et ayant conservé tout ou partie de sa fleur », définit le texte. En France, un faux cuir végétal ne peut donc pas être baptisé « cuir ».
Selon le Conseil national du cuir, l’appellation « cuir végan » constitue une concurrence déloyale. La filière se confronte actuellement à la montée en puissance des faux cuirs (dits simili cuirs), synthétiques ou végétaux. Il existe déjà des faux cuirs à base de champignons, chanvre, lin, liège, hévéa ou eucalyptus. S’ajoutent le faux cuir de feuilles d’ananas et de fibres de kombucha (boisson fermentée à base de thé).
Auteur : Cyrielle Chazal, journaliste environnement
@Cyrielle_chazal