Alors que la France commencera bientôt la construction de ses premiers parcs éolien offshore, les raccordements au réseau électrique des parcs éoliens situés en Mer du Nord commencent à se succéder malgré certains retards. Plusieurs problèmes techniques sont à dénombrer : l’Office franco-allemand pour les énergies renouvelables nous résume la situation.
Les premiers parcs éoliens offshore ont été construits en Grande-Bretagne et au Danemark, relativement près des côtes. En Allemagne, la situation est différente et les parcs peuvent être situés très au large. « Il faut prendre en considération que l’installation de parcs éoliens en mer situés à 30 et 40 km et plus de la côte est une nouvelle réalité à laquelle sont confrontés tous les acteurs », analyse Sarah Florence Gaebler, chargée de mission à l’Office franco-allemand pour les énergies renouvelables (OFAEnR).
En plus de la complexité technique et logistique de la mise en œuvre des éoliennes à de telles distances, s’ajoute la complexité du raccordement. Les retards observés au niveau du raccordement au réseau électrique des parcs éoliens en mer en mer du Nord sont notamment dus « à des travaux de « nettoyage » des fonds de mer, en partie parsemés de munitions issues de la Seconde Guerre Mondiale, et non imputables à des investissements qui n’auraient pas été réalisés », précise Florence Gaebler. Une fois les éoliennes et les plate-formes de transformation installées, une phase d’essai préalable est réalisée en amont du raccordement au réseau.
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Trois parcs éoliens offshore construits en mer du Nord
Les 60 MW du parc Alpha Ventus ont été les premiers à être raccordés au réseau en avril 2010 et sont depuis en exploitation. De leur côté, les 400 MW du parc Bard 1 ont été raccordés en septembre 2013, une première tranche de 200 MW étant raccordée depuis mars 2013. Mais, l’exploitation du parc a dû être arrêtée immédiatement en raison de problèmes techniques. En mars 2014, un nouveau raccordement a été testé, mais un court-circuit a grillé les filtres d’un transformateur électrique au large après juste quelques heures. Depuis, le parc n’est malheureusement toujours pas en exploitation. Le projet a maintenant pris plus d’un an de retard et le magazine Spiegel estime que le manque à gagner en énergie non produite pourrait atteindre 340 millions d’euros.
Un dernier parc de 108 MW est raccordé depuis février 2014.Il s’agit du parc Riffgat. « Le parc Riffgat aurait dû être raccordé dès 2013, mais les travaux d’évacuation de plusieurs tonnes de munition sur le fond de la mer, que TenneT a été obligé de réaliser, a retardé l’installation du raccordement », rappelle Florence Gaebler. Malgré des retards dus à la complexité des installations, les experts ont su rebondir et les raccordements s’enchaînent désormais.
Trois parcs éoliens offshore en cours de raccordement
En plus du parc Bard 1, trois autres parcs éoliens sont entièrement installés, mais pas encore en exploitation commerciale, pour différentes raisons. Il s’agit des parcs Trianel Borkum, Global Tech I et Dan Tysk.
Concernant les 200 MW du parc Trianel Borkum, les travaux d’installation des éoliennes ont été finalisés début juin 2014. « Un raccordement entre deux postes de transformation en mer étant actuellement défaillant, la phase d’essai sur le raccordement était prévue pour fin 2014 », précise la chargée de mission. Une période d’essai d’environ trois mois est prévue avant la mise en exploitation définitive du parc.
Pour les 400 MW du parc Global Tech I, les travaux d’installation des éoliennes ont été finalisés fin août 2014. « Le raccordement du poste de transformation en mer est actuellement à l’essai, la phase d’essai pour le raccordement final du parc à terre et avec la mise en service de toutes les éoliennes étai prévu pour fin 2014, puis la phase d’exploitation commerciale régulière à partir de début 2015 », prévient Florence Gaebler.
Enfin, les travaux d’installation des 288 MW d’éoliennes du parc Dan Tysk ont été finalisés fin août 2014, la phase d’essai pour le raccordement était prévue pour novembre 2014.
« L’éolien offshore en Allemagne est en train de passer d’une phase pionnière à une phase industrielle », reconnaît Florence Gaebler. En revanche, « plus l’on installera de parcs, plus les connaissances seront poussées et plus les réponses et solutions seront rapides à trouver », prévient-elle. Le secteur s’enrichit des expériences passées pour les prochaines constructions.
Et il est important de retenir les leçons de ces premières installations. Sans présenter en détail l’ensemble des projets, rappelons simplement que d’autres parcs sont déjà en construction début 2015 : Butendiek (288 MW), Amrumbank West (288 MW), Nordsee Ost (295 MW), Meerwind Süd/Ost (288 MW), Borkum Riffgrund (1 277MW). La construction de deux autres parcs devrait commencer dans le courant de l’année : Gode Wind 1 (330 MW) et Gode Wind 2 (252 MW). La construction de 17 nouveaux parcs devrait commencer en 2016. La production totale des projets autorisés (construits ou en cours de construction) en mer du Nord s’élève à 7 800 MW et à 1200 MW en Mer Baltique. Des retards similaires aux premières constructions seraient catastrophiques pour la filière.
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Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com