Avec la crise agricole, les ventes de tracteurs neufs ou d’occasion dévissent. Et avec elles, celles du machinisme agricole dans son ensemble. De quoi retarder l’adoption de l’agriculture de précision, à savoir le numérique et la robotique, faute d’investissements.
Le Syndicat national des Entreprises de Service et Distribution du Machinisme Agricole des Espaces Verts et des Métiers spécialisés (SEDIMA) dresse un triste constat. « Sans conteste, 2017 est une année noire pour l’agriculture française », estime son Président Pierre PRIM. Excepté pour quelques produits de niche, la plupart des distributeurs de machines agricoles font face à des marchés tendus.
Dans des circonstances déjà difficiles, les distributeurs doivent aussi faire face à la transformation du marché des pièces détachées avec la concurrence d’internet. Car quand les revenus des agriculteurs baissent, ils préfèrent forcément réparer leurs outils, plutôt que d’en acheter des neufs. Et quoi de plus rapide que de les choisir sur internet.
Les ventes de tracteurs neufs chutent
Entre août 2016 et juillet 2017, les ventes de tracteurs neufs ont baissé de 21,3% au niveau national. Sur ces douze mois, il s’est vendu 20.086 tracteurs. Contre 30.000 à 35.000 les belles années, rapporte L’Union.fr. Les baissent sont particulièrement importantes dans certaines régions : -69% en Guyane, -38% en Ile-de-France, dont -76% dans l’Essonne et -36% en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
La tendance n’est pas prêt de s’inverser. Sur les sept premiers mois de l’année 2017, la baisse reste forte, à 20,7%, toutes régions confondues. Seules les régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et la Réunion restent à croissance positive, respectivement à + 3,8% et +4,5%. Les autres régions oscillent entre -5,8% (Bretagne) et -60% (Guyane). En revanche, sur le premier trimestre 2017, les prestations à l’atelier augmentent de 3% et les ventes de pièces de 2,4% par rapport au 1er trimestre 2016.
L’agriculture de précision, mythe ou réalité?
Cette baisse des ventes de tracteurs est révélatrice d’investissements qui baissent dans le machinisme agricole. Dans ces circonstances, les solutions les plus modernes liées à l’agriculture de précision peinent également à s’imposer. Une agriculture qui serait plus compétitive, plus respectueuse de l’environnement et facilitant le travail agricole. Une agriculture qui adopte le numérique et la robotique. Le numérique pour mieux gérer les fermes et des capteurs intelligents pour optimiser les traitements grâce à une meilleure connaissance des besoins du sol et des plantes. La robotique pour désherber, pulvériser les produits phytosanitaires, transporter du matériel ou des récoltes.
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Force est de constater que malgré une communication rondement menée de la part des distributeurs, cette agriculture de précision reste anecdotique. Ainsi, seulement 8.000 agriculteurs ont fait appel aux services du drone Airinov depuis son lancement. L’agriculture de précision en est à ses prémisses : Naïo Technologies est la start-up qui robotise le désherbage. Après avoir fait briller son robot Oz au Salon de l’agriculture 2016 et 2017, elle a ancé son robot Dino pour les maraîchers plus importants. Elle lancera deux nouveaux robots pour désherber les vignes en 2018. Mais le robot autonome Oz équipe pour le moment à peine plus de 50 maraîchers.
Un contexte morose donc. Par manque de revenus, les agriculteurs baissent leurs investissements consacrés à la maintenance et à la modernisation de leurs machines. Et moins ils investissent, plus ils perdent en compétitivité. Et plus leurs revenus baissent. Le serpent se mort la queue. Les distributeurs attendent néanmoins de pied ferme l’avènement massif de l’agriculture de précision. Le développement d’outils connectés et numériques imposera en effet forcément l’achat de nouveau matériel.