Début Juin, nous vous parlions de l’invention de Boyan Slat pour nettoyer les océans des macro-déchets en plastique. Depuis, le Gouvernement a décidé d’interdire tous les sacs plastique à usage unique, gratuits ou payants, dès 2016. Mais cela ne suffira pas pour nettoyer les océans: le navigateur Patrick Deixonne de l’expédition « 7e continent » nous livre son analyse.
Début Juin, nous vous avons présenté le projet fortement médiatisé « The Ocean Cleanup » porté par Boyan Slat, un jeune néerlandais. Il convient de rappeler que sa solution s’attaquera aux macro-déchets flottant en surface des océans. Elle ne résoudra pas les problèmes liés aux micro-fragments de plastiques flottants et aux macro-déchets qui ont coulé au fond des océans. Le problème n’est donc pas entièrement résolu.
Patrick Deixonne, navigateur de l’expédition 7e continent montre son scepticisme ouvertement à propos de ces barrières flottantes autonomes. « Des dépressions traversent les zones océaniques avec une extrême violence. Nous l’avons observé lors de notre séjour au milieu de l’Atlantique, des trombes d’eau, des orages, des tempêtes, rien n’est simple dans cet environnement. L’océan est indomptable et très peu de matériels lui résistent. Laisser une machine autonome des années dans le milieu marin paraît utopique. Tous les marins vous le diront, la mer est destructrice, rien ne lui résiste, pas même les plateformes pétrolières qui sont sous surveillance 24h/24h et entretenues d’une façon permanente« , analyse-t-il. Si l’équipe de l’expédition 7e continent est sceptique sur l’efficacité de ce type de projet, elle n’encourage pas moins la démarche et invite la communauté scientifique internationale à se mobiliser sur le sujet pour avancer sur la question.
L’analyse de cette pollution n’en est effectivement qu’à ses prémisses. « A ce jour, toutes les données de concentration de macro-déchets et de micro-déchets sur différentes profondeurs sont inconnues de tous. Nous y travaillons, nous n’en sommes qu’au début de la recherche scientifique« , rappelle Patrick Deixonne. En de telles circonstances, il est donc difficile d’évaluer le succès d’un tel nettoyage de surface ne s’attaquant qu’aux macro-déchets.
La pollution invisible, véritable bombe à retardement
La pollution la plus sournoise est celle formée par les micro-fragments de plastique. C’est justement celle qui ne pourra pas être nettoyée par le projet de Boyan Slat. « Ces micro-particules constituent le problème principal de cette pollution, parfois plus petites que du plancton, invisibles à l’oeil nu, avalées par les poissons, c’est le cœur du problème lié à cette pollution. Chaque morceau de plastique flottant est une véritable plateforme de vie, la méthode de séparation du plastique avec la vie ne sera pas sans conséquences » note Patrick Deixonne.
Les déchets qui finissent en mer viennent de plusieurs horizons: décharges à ciel ouvert, bâteaux, déchets sauvages, tsunamis, tempêtes, etc. Pour résoudre l’étendue de cette polution, « les solutions devront être plus globales que celles de ramasser les déchets dans les océans ou d’interdire l’utilisation des sacs plastique« , explique Patrick Deixonne.
Il ne faut donc pas croire que le combat est déjà gagné. La question est complexe et demande de changer nos comportements. « Ces idées risquent de retenir l’attention des médias et du public qui éluderont la cause même de cette pollution en pensant qu’une solution est trouvée« , craint Patrick Deixonne.
Depuis quelques années, plusieurs équipes commencent à étudier la pollution des mers et océans par les micro-fragments de plastique. L’expédition 7e continent s’est rendue dans le Pacifique Nord en 2013 et en Atlantique Nord en 2014. Jusqu’à la fin de l’année, l’expédition Tara Méditerranée s’attaque de son côté à la pollution plastique dans la mer Méditerranée.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
c’est en effet pas la bonne méthode hélas
Ce n’est certainement pas la méthode miracle mais si on ne fait rien en amont, les micros particules seront toujours plus nombreuses. Nettoyer (ou essayer) est donc une partie de la solution.